La vie est comme un long circuit de dominos. Enlevez un morceau, ou altérez simplement l’angle d’une pièce, et vous risquez de modifier à jamais la trajectoire du parcours.

Michel Therrien aurait-il obtenu une deuxième chance à la tête de l’équipe qui trône aujourd’hui en tête du classement de l’Association Est si son chemin n’avait pas un jour croisé celui du premier homme à l’avoir congédié au niveau professionnel?

André Savard n’en est pas convaincu et c’est pourquoi il refuse de porter l’odieux de cette décision qui a été la sienne. De passage dans l’Antichambre mercredi soir, Savard a offert d’intéressantes révélations sur la relation professionnelle qu’il a développée avec Therrien lorsque les deux sont arrivés dans l’organisation du Canadien.

Therrien a remplacé Alain Vigneault en novembre 2000. Savard prétend que c’est un an plus tard, à Boston, qu’il a « probablement sauvé » le job de son entraîneur.

« Michel écoulait la dernière année de son contrat. On vient de se faire déclasser par les Bruins et par hasard, je me retrouve dans le même ascenseur que les joueurs après la partie. Je ne sens aucune amertume. Ils ne sont pas fâchés, ils ne font même pas semblant d’être de mauvaise humeur », se rappelle Savard.

« C’est là que j’ai pris ma décision : je ne le laisserai pas tomber, poursuit-il. Quand on est arrivé à Montréal, j’ai appelé Michel et je lui ai demandé de venir me voir dans mon bureau. Il était inquiet, mais je lui ai annoncé que je prolongeais son contrat. Je lui ai dit de coacher à sa façon et d’aller à la guerre. C’est là, je pense, une des meilleures décisions que j’ai prises. Il fallait que je lui donne des outils, sinon il ne passait pas à travers et il n’aurait peut-être pas la carrière qu’il a aujourd’hui. » 

« Alors avant de se rendre au congédiement, je l’ai supporté, je l’ai aidé, je lui ai donné deux contrats, s’est défendu Savard. Et Michel l’a reconnu. C’est pour ça d’ailleurs qu’on s’est rejoint à Pittsburgh. Il m’a retourné l’ascenseur. »