Au lieu d’être sur les épaules de Shea Weber qui a inscrit le but gagnant, sur celles de Jesperi Kotkaniemi qui a marqué un beau but en plus d’ajouter une passe et d’obtenir la première étoile du match ou d’Artturi Lehkonen qui a obtenu deux mentions d’aide, la cape remise par les joueurs du Tricolore au guerrier le plus valeureux dans la victoire reposait bien sagement sur le crochet près de la porte de sortie du vestiaire lorsque les journalistes ont fait leur entrée.

 

Et c’était très bien ainsi.

 

Car cette cape auréolant la performance de celui qui venait d’avoir le plus gros impact sur la victoire de 5-2 du Tricolore aux dépens des Sénateurs venus d’Ottawa aurait dû se retrouver à l’autre bout de la patinoire, dans le vestiaire réservé aux officiels, sur les épaules de l’arbitre T.J. Luxmore.

 

Ne riez pas!

 

Vrai que Luxmore a refusé un but au Canadien. Un but qui était bon. Un but qui serait allé à la fiche de Phillip Danault qui en avait bien besoin puisqu’il en revendique deux seulement après 33 matchs cette saison. Un but qui aurait donné les devants 3-2 au Canadien qui se défendait alors à quatre contre cinq en début de troisième période n’eut été de la prétention de l’arbitre Luxmore qui a chassé Lehkonen pour avoir joué la comédie après qu’il eut été accroché par le défenseur Thomas Chabot.

 

La prétention était fausse. C’est du moins mon avis. Oui Lehkonen a chuté vers l’avant après avoir été accroché par Chabot à la ligne bleue des « Sens ». Mais Lehkonen n’a pas plongé. Du moins pas volontairement. Il a effectué cette chute alors qu’il tentait de décocher un tir malgré l’obstruction de Chabot.

 

Pourquoi alors auréoler l’arbitre qui a commis une erreur sur le jeu et qui a coûté un but au Canadien? Parce que loin d’avoir anéanti le Canadien, cette erreur les a plutôt réveillés. Fouettés même.

 

Parce qu’avant ce but refusé, le Canadien ne jouait pas bien. Vrai que le score était égal 2-2 et que le gardien Mike McKenna était en train de hanter le Tricolore, peut-être même en voie de donner une victoire ô combien inattendue aux Sénateurs.

 

Mais après cette décision erronée, le Canadien s’est mis à jouer du vrai bon hockey. Les tirs hors cible, les passes ratées, les revirements en zone défensive et les nombreuses poussées avortées qui entachaient la performance du Canadien jusque-là ont cédé toute la place à du jeu beaucoup plus inspiré.

 

« J’ai beaucoup aimé la manière dont les joueurs ont réagi après ce but refusé. Ils auraient pu perdre leur concentration. Mais ils ont tourné cette situation à notre avantage et c’est à partir de ce moment que nous avons joué notre meilleur hockey », a d’ailleurs commenté l’entraîneur-chef Claude Julien après la victoire.

 

Sa 600e en carrière dans la LNH en passant. Une simple étape aux yeux du principal intéressé qui a le goût de se rendre bien plus loin encore et qui vise, rien de moins, qu’une autre coupe Stanley. Mais cette simple étape confirme des qualités que plusieurs amateurs tendent à mettre de côté pour des raisons que je n’arrive pas à comprendre…

 

On y reviendra.

 

Même la foule réclamait vengeance

 

Cette réaction positive des joueurs a suivi une réaction très émotive des partisans qui, après avoir hué copieusement la décision de l’officiel – je ne me souviens pas de la dernière fois que la foule a autant hué au Centre Bell – se sont mis à encourager leur équipe. À les motiver. À les inciter à aller venger cette mauvaise décision. À un moment donné, on aurait dit que la foule s’était elle aussi fait voler un but. Qu’elle réclamait vengeance.

 

Il faut dire qu’elle avait déjà été échaudée un brin ou deux.

 

Et je ne parle pas ici de l’autre but refusé au Canadien. Un but que Brendan Gallagher a marqué en se transformant en botteur de précision au football ou en «striker» au soccer. L’élan que s’est donné Gallagher pour botter la rondelle derrière le gardien des Sénateurs a été tellement long que l’arbitre a pu prendre sa décision avant même que la lumière rouge ne s’allume.

 

Si le but de Gallagher était clairement illégal, je crois qu’il en était de même sur le premier des Sénateurs. Car Colin White a tout aussi clairement profité d’une chute de Carey Price pour le déjouer et niveler les chances 1-1 20 secondes après le deuxième but en deux matchs de Matthew Peca. Et cette chute semblait vraiment être le résultat d’une poussée derrière le patin gauche du gardien du Canadien gracieuseté de Brady Tkachuk.

 

Les arbitres ont accordé le but. La décision a été confirmée par les responsables des révisions à Toronto qui ont renversé la contestation de Claude Julien.

 

Loin de moi l’intention de remettre en cause le travail des responsables du «War Room» à Toronto, mais je peux facilement comprendre le désarroi, voire la colère, des partisans du Canadien à la suite de ce but accordé.

 

Surtout que sur la séquence, Carey Price a semblé se blessé au genou gauche. Il est resté au sol quelques secondes. Une fois debout, il est allé faire un tour dans le coin de la patinoire.

 

Il a ensuite effectué des arrêts rassurants. Mais la séquence n’était pas sans rappeler la blessure qui a mis un terme à sa saison il y a deux ans. Une blessure qui avait complètement anéanti le très bon début de saison du Canadien est-il besoin de le rappeler.

 

Pièges évités

 

Le geste de Tkachuk aux dépens de Price n’est pas passé inaperçu sur le banc du Canadien. Que non! Brendan Gallagher, Max Domi, Shea Weber et plusieurs autres ont eu Tkachuk dans leur mire le reste de la première période. Et même en deuxième.

 

Ils ne sont toutefois pas tombés dans une indiscipline qui aurait pu faire mal et même bousiller les chances de victoires.

 

En évitant le piège de passer le reste du match à vouloir s’en prendre à Tkachuk, tout en évitant le piège de sombrer dans la contestation tous azimuts après le but refusé à Phillip Danault, on doit l’admettre le Canadien a moussé ses chances de victoire.

 

Et il a finalement gagné.

 

Ça donne donc quatre victoires en cinq matchs au Canadien. Ça donne cinq gains en sept parties. Cinq gains qui font contrepoids à la séquence précédente de cinq matchs de suite sans victoire (0-3-2). Cinq gains qui gonflent à 17 le nombre de victoires après 33 matchs cette saison.

 

Dix-sept victoires et 39 points qui gardent le Canadien en séries, pour le moment, et donnent l’impression qu’il sera dans la course jusqu’à la fin de la saison.

 

 

En bref

 

  • Le but de Shea Weber est le résultat direct d’une attaque massive au cours de laquelle le Canadien a vraiment mis de la pression et fatigué les Sénateurs. Mais comme il a été marqué neuf secondes après la sortie de Drake Batherson du cachot, le quatrième but de la saison de Shea Weber n’a pas freiné la triste séquence d’insuccès du Tricolore en avantage numérique. Blanchi en quatre occasions samedi, le Canadien a fait chou blanc à ses 22 dernières supériorités numériques. Il n’a qu’un but à ses 27 dernières attaques à cinq. Que trois à ses 36 derniers « Power Play ». Ce n’est vraiment pas fort. Mais j’ai aimé les occasions générées lors des trois dernières attaques massives. Bien qu’elles aient été infructueuses, elles ont au moins permis au Canadien de mettre de la pression. J’ai particulièrement aimé le travail de Kotkaniemi avec Shaw et Byron. Une unité de réserve on va tous en convenir. Mais une unité qui pourrait bien mettre de la pression sur les joueurs de tête qui se sentent peutêtre trop à l’aise depuis le début de la saison. Il n’y a rien comme la crainte de perdre du temps de qualité en attaque à cinq pour mousser la conviction dans le jeu et ainsi les chances d’obtenir des résultats…

 

  • Que seraient les Sénateurs sans Mark Stone et Thomas Chabot? Bien hâte de voir la hauteur du pont d’or que le propriétaire Eugene Melnyk offrira à Stone pour éviter qu’il profite du marché des joueurs autonomes l’été prochain. Je ne peux croire – mais avec lui on doit être prêt à tout – que le proprio des Sens fera un autre pied de nez aux partisans de l’équipe en laissant partir Stone. Mais bon! Rien ne dit que Stone voudra vraiment demeurer à Ottawa non plus…

 

  • Le Canadien a été très mauvais en zone défensive lors des deux premières périodes. Jeff Petry, au cours de sa seule première présence du match, s’est rendu coupable de trois revirements qui ont donné le ton à sa soirée de travail. Jordie Benn a connu une soirée très difficile. Tout comme Noah Juulsen qui, en plus de perdre bien trop souvent la rondelle dans sa zone – il a aidé Mark Stone à orchestrer le deuxième but des Sens, mais on peut lui pardonner quelques rondelles égarées en raison du fait qu’il joue avec une grille – a perdu des adversaires au terme de batailles à un contre un qu’il a… perdues! Et ça, c’est plus difficile à pardonner…

 

  • Le Canadien complètera son séjour à domicile lundi avec la visite des Bruins de Boston. Les Bruins sont bons. Ils gagnent en dépit des blessures à leurs joueurs vedettes. Mais les Bruins croiseront le Canadien 24 heures après le duel qui les attend dimanche à Buffalo.
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