MONTRÉAL - En l’encadrant avec Brendan Gallagher et Joel Armia comme il l’a fait mardi, à Toronto, et comme il devrait le faire à nouveau jeudi soir, alors que le Canadien disputera son dernier match préparatoire face aux Sénateurs, au Centre Bell, Dominique Ducharme confirme que lui et l’état-major ont identifié Jake Evans comme le troisième centre de l’organisation.

 

Evans peut-il chausser ces patins? Ces patins qui auraient normalement dû être chaussés par Phillip Danault s’il avait accepté ce rôle et le contrat qui venait avec, au lieu de mettre le cap sur Los Angeles?

 

La réponse viendra assez vite.

 

Mais ce qui est clair, du moins il me semble, c’est qu’en lui offrant une prolongation de contrat de trois ans – salaire moyen de 1,7 million – la direction de l’équipe compte sur lui pour remplacer Danault alors qu’elle compte sur Dvorak pour faire oublier Jesperi Kotkaniemi.

 

Vous êtes sceptiques? Je le suis un brin moi aussi. Rien contre Evans qui est un bon petit joueur de hockey. Qui travaille fort. Qui travaille bien.
 

D’ailleurs, à Toronto, mardi soir, Evans a pris les moyens pour convaincre les sceptiques qu’il est en mesure de chausser ces patins. Ou qu’il mérite la chance de prouver qu’il peut y arriver.

 

En 23 présences totalisant 15 min 38 s de temps d’utilisation, Evans a très bien fait. Surtout au premier tiers. Il n’a pas récolté de point. Il a décoché deux tirs, dont un a atteint la cible, il a asséné trois mises en échec, il a volé une rondelle, il a bloqué deux tirs et il a gagné neuf des 13 mises en jeu qu’il a disputées.

 

Au-delà ces statistiques favorables, Evans a aussi et surtout démontré une efficacité à lire le jeu, à comprendre ce que l’adversaire se prépare à faire et à s’interposer pour compliquer son travail. Des qualités essentielles pour un centre qui pourrait hériter, avec ses compagnons de trio, du mandat de contenir, ou de tenter de le faire, les meilleurs éléments offensifs des clubs adverses.

 

« J’ai aimé le match de Jake », a d’ailleurs reconnu l’entraîneur-chef Dominique Ducharme.

 

Ducharme avait raison de lancer des fleurs à son jeune centre qui a été – avec le gardien Samuel Montembeault – le meilleur joueur du Tricolore.

 

Ducharme avait tout aussi raison d’ajouter dès la phrase suivante : « pour le reste, ça été assez ordinaire ».

 

Il est là le problème avec le match de mardi soir à Toronto. Ce match préparatoire qui devait servir à préparer la saison, à faire des tests, à confirmer les doutes qui subsistent n’a finalement servi à rien, ou presque, tant que les joueurs du Canadien ont mal joué.

 

Vous direz que dans certains cas, des contre-performances comme celles qui se sont multipliées dans le camp du Tricolore devraient au contraire servir de messages clairs.

 

Mais non!

 

Pourquoi autant de patience envers Poehling?

 

Bien qu’il ait été une fois encore dangereusement mauvais particulièrement dans sa zone où il a multiplié les mauvaises lectures, les mauvais déplacements et les batailles perdues, Ryan Poehling aura une autre chance de prouver qu’il peut commencer la saison à Montréal.

 

Est-ce que Poehling mérite cette chance? Est-ce qu’il mérite autant de patience?

 

Pas le moindrement! Du moins, à mes yeux.

 

Mais dans le cas de Poehling et peut-être un peu aussi dans le cas d’Evans, le Canadien n’a pas vraiment le choix.

 

On sait depuis les départs de Danault vers la Californie et de KK vers la Caroline que le Canadien est un brin ou deux fragile au centre. Que derrière Nick Suzuki et Christian Dvorak, ça tombe vite et ça tombe bas.

 

Evans est combatif. Il a du talent. Peut-être prouvera-t-il – surtout si on l’encadre de Gallagher et Armia comme c’est le cas en ce moment – qu’il peut assumer sa place au sein du top-9.

 

Dans le cas de Poehling, ce sont les blessures qui obligent le Canadien à afficher autant d’optimisme à l’endroit de son choix de première ronde (25e sélection) au repêchage de 2017.

 

Cédric Paquette est blessé. Mathieu Perreault pourrait prendre la relève. Il évoluait d’ailleurs au centre mardi à Toronto. Mais c’est vraiment un rôle de soutien qui semble attendre le vétéran québécois. D’où la possibilité que Poehling soit au centre du quatrième trio en début de saison.

 

J’ai déjà écrit, et je crois que je l’écrirai souvent, que Jonathan Drouin représente à mes yeux une meilleure option que Jake Evans comme troisième centre du top-9. Une présence qui reléguerait Evans au centre du quatrième trio. Mais pour l’instant, en raison de l’absence de Mike Hoffman qui est blessé, Drouin doit demeurer à l’aile.

 

Ça pourrait donner les trios suivants lors du match d’ouverture. En misant sur le fait que Hoffman et Byron bien sûr seront les seuls attaquants incapables de prendre part au match d’ouverture – le 13 octobre – à Toronto :

 

Toffoli – Suzuki – Caufield

Drouin – Dvorak – Anderson

Armia – Evans – Gallagher

Perrault – Paquette – Lehkonen

 

Si Paquette ne peut amorcer la saison, Poehling hériterait sans doute de son poste. À moins qu’il soit aussi brouillon, jeudi, qu’il l’a été mardi et lors de la majorité des matchs préparatoires qu’il a disputés jusqu’ici cet automne. Ce qui forcerait peut-être l’état-major de l’envoyer là où il devrait commencer la saison : c’est-à-dire à Laval dans la Ligue américaine.

 

Mais s’il demeure avec le grand club et qu’en plus Dominique Ducharme doit l’insérer au sein de sa formation, ce sera loin d’être rassurant pour le Canadien et ses partisans.

 

Romanov : performances inquiétantes

 

À la ligne bleue, Chris Wideman est à la défensive du Tricolore ce que Ryan Poehling est à l’attaque : une source d’inquiétudes. À Toronto, mardi, il a lui aussi multiplié les erreurs qui ont donné aux Leafs des occasions en or de mettre Samuel Montenbeault à l’épreuve.

 

Mais comme Poehling, Wideman semble profiter des faveurs de l’état-major. Le discours à l’endroit du défenseur qui revient de la KHL est positif. Dominique Ducharme accorde plus d’importance dans ses commentaires livrés aux journalistes – et donc aux partisans – aux tirs que Wideman décoche et à ses aptitudes offensives qu’à ses grandes lacunes défensives.

 

Wideman, comme Poehling, semble pouvoir compter sur la patience de l’état-major. Une prime sur laquelle Brett Kulak, qui est pourtant beaucoup moins dangereux que Wideman, semble ne jamais pouvoir compter.

 

Mais bon!

 

Aussi périlleux puisse-t-il être en défensive, Chris Wideman n’est pas le défenseur qui m’inquiète le plus chez le Canadien.

 

Que non!

 

Cette palme d’or revient à Alexander Romanov.

 

Mardi à Toronto, Romanov a été le pire défenseur du Canadien. Ok! Gianni Fairbrother, avec qui le Russe était jumelé, a connu un match atroce. J’en conviens. Avec des décisions, disons surprenantes en zone défensive, il a quelques fois placé son partenaire et le reste de ses coéquipiers – le visage de Gallagher qui a tenté, en vain, de rejoindre Nick Ritchie oublié devant le filet de Montembeault alors que les deux défenseurs étaient plus près de la ligne bleue que de leur gardien en disait long – dans la vase jusqu’au cou.

 

Mais quand même! Romanov ressemble à une toupie dans son territoire. Il tourne en rond comme s’il cherchait le trouble au lieu de simplement chercher le joueur dont il a la responsabilité.

 

En point de presse après le match de mardi, Dominique Ducharme a parlé de Romanov comme d’un vétéran. J’ai failli m’étouffer avec mon Coke. Romanov n’a pas encore une saison complète d’expérience dans la LNH dans le corps.

 

Non seulement a-t-il disputé 54 matchs seulement, mais Ducharme l’a écarté de la formation en début des séries parce qu’il multipliait les erreurs, les mauvaises décisions avec et sans la rondelle et qu’il étirait tellement ses présences qu’elles finissaient par lui sauter au visage.

 

Et là, il est un vétéran?

 

Romanov joue du hockey inquiétant tant il ressemble trop souvent à une girouette dans sa zone. Ce qui est plus inquiétant encore, c’est qu’en raison de l’incertitude entourant l’étant de santé de Joel Edmundson – le vétéran ne s’est pas encore entraîné avec ses coéquipiers – le Canadien pourrait être forcé de donner un rôle important à Romanov alors qu’en ce moment, il mériterait le même sort que Poehling : c’est-à-dire un début de saison en Ligue américaine.

 

Mais faute de meilleurs arrières, Romanov est à Montréal pour y rester...

 

Montembeault ne fera-t-il que passer?

 

Ceux et celles qui n’ont pas vu le match et qui verront que Samuel Montembeault a accordé six buts aux Leafs concluront tout de go qu’il a connu un très vilain premier match devant la cage du Canadien.

 

La vérité est toute autre :

 

Abandonné par ses défenseurs, Montembeault a fait face à un barrage de 44 tirs – le double du total du CH – dont 24 au cours de la seule première période alors que le Tricolore n’a tiré que sept fois su Petr Mrazek.

 

Montembeault a accordé six buts j’en conviens.

 

Mais plusieurs de ses 38 arrêts ont permis de confirmer que le Canadien sera bien mieux nanti avec le Québécois comme adjoint à Jake Allen si Carey Price ne peut amorcer la saison, qu’avec Cayden Primeau qui est beaucoup moins près de la LNH et prêt à y faire le saut.

 

Le Canadien a eu la main heureuse en sélectionnant Montembeault au ballottage. D’ailleurs, je suis surpris que des clubs qui pouvaient le faire avant Montréal ne l’aient pas sélectionné.

 

Ce qui pourrait arriver plus tard cela dit.

 

Car si Montembeault joue à la hauteur de son talent et qu’il dispute quelques matchs solides en début de saison en raison d’une éventuelle absence de Price, il devra ensuite être soumis au ballottage lorsque le Canadien devra le céder à son club-école une fois son gardien étoile prêt à jouer.

 

Et là, d’autres clubs se réveilleront sans doute.

 

Mais bon, qu’il soit réclamé ou non à ce moment ou que Marc Bergevin puisse conclure une transaction pour ne pas le perdre pour rien, Montembeault représente une police d’assurance dont le Tricolore a bien besoin en ce moment.

 

Entre les lignes

  • Kaiden Guhle a démontré qu’en dépit toutes ses belles qualités il a grandement besoin d’une autre année dans les rangs juniors et qu’une saison dans la Ligue américaine pourrait également être bénéfique.
  • Comme plusieurs de ses coéquipiers, Alex Belzile a été moins efficace mardi à Toronto que lors des autres matchs préparatoires qu’il a disputés. Il s’est fait prendre à contrepied à quelques occasions et malgré le but qu’il a marqué – en attaque massive – il a terminé le match avec un différentiel de moins-2...
     
  • Rafaël Harvey-Pinard passera sans doute la saison dans la Ligue américaine, mais mardi à Toronto, malgré le match difficile du Canadien, le Québécois a démontré des aptitudes qui lui permettront d’atteindre la LNH, j’en suis convaincu…
  • Plusieurs vétérans ont brillé par leur absence à Toronto. Mais dans leurs cas, on va attendre les matchs significatifs avant de commencer à s’en faire...