Le Canadien de Montréal a répondu à une décevante défaite survenue à domicile lors de la première partie par deux performances très inspirées. Il a dominé les Rangers 87 à 59 quant aux lancers, les écrasant 58 à 31 au chapitre des chances de marquer. Il s’agit d’une domination en soi, mais en analysant les chances de marquer à haut risque, il s’avère que le Canadien a dominé les Rangers 28 à 10 lors des deuxième et troisième parties.

L’une des principales raisons de la grande domination du Canadien quant aux chances de marquer à haut risque est la qualité du jeu de ses quatre meilleurs défenseurs. Shea Weber mène ce quatuor, jouant beaucoup mieux que Ryan McDonagh.

Ce face-à-face en lui-même n’est pas si important lorsque ces deux joueurs sont sur la glace simultanément. Cependant, ces deux joueurs doivent remplir la même mission dans cette série : contrer les meilleurs joueurs adverses, tout en générant un peu d’attaque.

Weber est avantagé, comme la deuxième paire défensive du Canadien est extrêmement solide avec Jeff Petry et Jordie Benn, luxe que McDonagh n’a pas. Concentrons-nous sur le meilleur défenseur de chaque équipe.

McDonagh et Weber sont des joueurs assez similaires à bien des égards. Leur jeu défensif jouit d’une grande réputation d’excellence, ils jouent contre les meilleurs joueurs adverses et lors des minutes les plus importantes, tout en contribuant offensivement.

Ces deux joueurs accomplissent toutefois les choses de manière très différente. McDonagh est un peu plus rapide et créatif, alors que Weber est plus physique et dynamique en attaque via son lancer.

Pour le reste de cette série, si le Canadien remporte cette confrontation, en plus de compter sur davantage de profondeur à la ligne bleue, ce sera probablement ce qui fera basculer la série à leur avantage. Ainsi, observons les performances de chacun de ces deux joueurs cette saison et comment cela se traduit lors des séries éliminatoires.

Tableau Weber-McDonaghLes taux de revirements sont inversés dans ce graphique, de façon à ce que le positif soit bien et que le négatif soit mauvais. En saison régulière, McDonagh a été un peu meilleur que Weber lorsque la rondelle se trouvait sur sa palette, mais Weber a généré davantage de possession de rondelle. Les amateurs des Rangers et les analystes feront remarquer que McDonagh était jumelé à Dan Giradi, ce qui explique ses mauvais chiffres quant à la possession de la rondelle. Il ne faut cependant pas oublier que Weber a été jumelé pour près de 80 % de la saison avec Alexei Emelin, un joueur notoirement mauvais quant à la possession de la rondelle.

Depuis le début des séries, Weber a significativement élevé son jeu et il est plus agressif, ce qui fait en sorte qu’il commet davantage de revirements en zone défensive. Cependant, comme la structure défensive du Canadien a été extrêmement solide, il n’y a pas eu de conséquence négative imputable à cette agressivité.

Au-delà des pourcentages, analysons les jeux effectués individuellement par ces deux joueurs et comparons ceux-ci avec les données de la saison régulière.

Tableau Weber-McDonaghIl faut noter que Weber est normalement un joueur extrêmement conservateur à forces égales, préférant garder sa position que de partir courir après les rondelles libres. Quand il veut récupérer le disque, il est en mesure de le faire, mais son style de jeu est d’abord d’être bien positionné défensivement. McDonagh effectue plus d’actions, ce qui se traduit par ses statistiques cumulées en saison régulière, comme vous pouvez le constater.

Depuis le début des séries, cet écart s’est rétréci. Weber est plus créatif offensivement que McDonagh à égalité numérique, faisant circuler la rondelle plus efficacement. Cette agressivité ajoutée au jeu de Weber a résulté en de nombreuses bonnes séquences offensives en territoire des Rangers, créant des ravages en attaque, menant à un but amorcé de toutes pièces par Alex Galchenyuk lors de la troisième partie, permettant également à Weber de mettre la table pour Torrey Mitchell pour ce qui fut le seul but marqué par le Canadien lors de la quatrième rencontre.

Une donnée détonnant quelque peu est le plus faible nombre de jeux défensifs effectués par Weber comparativement à McDonagh. La raison expliquant cet écart n’est pas une quelconque inefficacité défensive de Weber, c’est plutôt que le Canadien a rarement eu à se défendre lorsqu’il était sur la glace. C’est exactement ce que vous voulez voir de vos meilleurs joueurs en séries.

Il est impossible de savoir à quel point ces tendances se poursuivront à long terme, mais à l’heure actuelle, le Canadien remporte cette confrontation, ce qui pourrait faire la différence dans cette série.