Dépisteur depuis maintenant huit ans avec le Canadien, Donald Audette se tient occupé malgré la pandémie. Même si la date du repêchage est encore méconnue, ses collègues du Tricolore et lui sont prêts.

« On a vu assez de hockey durant la saison pour être capable de faire nos listes. On les tient à jour depuis le début de la saison. On a vu tous les espoirs, on sait où on s’en va. C’est sûr qu’on aimerait avoir une date pour le repêchage, mais ce n’est pas si grave que ça. On regarde encore les matchs sur vidéo, on vérifie nos notes et on tue le temps de ce côté-là », de préciser l’ancien attaquant du Canadien.

Les dépisteurs aiment évaluer les joueurs sur tous les aspects. Puisque les jeunes ne disputeront pas de séries et pas de Coupe Memorial, est-ce que cela peut fausser les données sur leur évaluation? Audette croit que non.

« C’est sûr que tu vas manquer un peu d’information de ce côté, mais on regarde alors leur évaluation sur une plus longue période. Un bon joueur va rester un bon joueur. Il faut être capable de juger avec ce qu’on a. Côté caractère, c’est sûr que c’est l’fun de les voir en séries, de voir comment ils réagissent, de voir aussi comment ils se comportent sous pression, mais c’est la même chose pour les 32 équipes. D’où l’importance d’avoir un bon bilan des années précédentes. Ces jeunes-là, je les vois depuis leurs années Bantam, Midget et Junior. Je les connais pas mal. »

Donald Audette croit que la cuvée québécoise sera bonne au prochain repêchage.

« Je pense que c’en est une très bonne, il y a des bons joueurs partout. Il y aura des surprises. C’est toutefois difficile de prévoir combien on sera en mesure d’en repêcher et à quel rang », dévoile-t-il sans mentionner de noms potentiels.

Audette ouvre la porte toute grande à ma prochaine question. Repêcher des Québécois, est-ce une priorité pour le Canadien?

« Oui !», affirme haut et fort le dépisteur section Québec et Maritimes.

« Tout le temps, tout le temps, ça toujours été comme ça. Il y a beaucoup d’impondérables dans un repêchage. On aime beaucoup de joueurs de chez nous Parfois, tu veux en repêcher un en particulier et il est passé... ou il est trop tôt pour le faire. Ce sont des décisions qui arrivent sur le champ. Nous devons nous ajuster rapidement. »

Ce qui m’amène à lui parler de Trevor Timmins qui voit son travail sévèrement critiqué ces dernières années. Audette vient rapidement à sa défense.

« Il fait un bon job. Les gens sont durs à son égard. C’est comme un vieux meuble. Quand tu l’achètes, il est utile, tu l’aimes beaucoup, puis les années passent et tu le remarques moins », compare-t-il en riant.

« Trevor, ça fait 17 ans qu’il est avec le Canadien. J’ai beaucoup de respect pour lui. C’est un grand connaisseur de hockey. Ce n’est pas toujours facile son métier. Oui on en veut des Québécois, on veut les meilleurs, on veut gagner la coupe Stanley mais, encore une fois, il y a tellement d’impondérables dans un repêchage. Tu repêches tôt, mais ce n’est souvent que cinq ans plus tard que tu vas savoir si c’était le bon choix. Il a sorti beaucoup de bons joueurs pour le Canadien. Les gens parlent des mauvais choix, mais on oublie souvent les joueurs qui ont fait une différence. »

Le dépisteur Québécois voit d’ailleurs un bel avenir aux jeunes de l’organisation. Il a même un préféré parmi ces joueurs.

« On a bien repêché ces dernières années. La cuvée des jeunes qu’on a présentement est excellente. Moi, j’ai un penchant vers le p’tit Caufield. Je le regarde jouer et je me vois en lui. Ce n’est pas seulement un marqueur, il est capable de faire des jeux. Dans un match, tu ne le vois pas et boom il arrive et marque un gros but. C’est un "game breaker", il n’y en a pas beaucoup des joueurs comme ça.  Il a aussi beaucoup de détermination. À cette grandeur-là pour jouer au hockey, il faut que tu aies plus que du talent, tu dois avoir de la détermination », de préciser Audette qui, à 5 pieds 8 pouces, a connu une très belle carrière dans la LNH avec une production de 509 points en 735 matchs.

Ce sont des beaux compliments pour l’ailier droit des Badgers du Wisconsin. L’avenir nous dira si Caufield sera en mesure de connaître autant de succès que l’attaquant québécois qui a connu six saisons de 24 buts ou plus dans la Ligue nationale. Rappelons que Donald Audette n’a pas été un choix de première ronde au repêchage de 1989. Les Sabres l’avaient sélectionné en 9e ronde!

Le Canadien et les Nordiques avaient levé le nez sur le Lavallois. Montréal, qui repêchait 13e, avait préféré Lindsay Vallis, Patrice Brisebois, Steve Larouche, Pierre Sévigny, André Racicot, Marc Deschamps, Craig Ferguson et Patrick Lebeau alors que Québec, qui repêchait au premier rang, avait choisi Mats Sundin, Adam Foote, Stéphane Morin, Niklas Andersson, Kevin Kaiser, Dan Lambert, Sergei Mylnikov, Paul Krake et Viatcheslav Bykov.

Comme quoi le rang de sélection d’un joueur n’indique pas nécessairement l’excellence et la longévité d’une carrière et que les formations de la LNH font des erreurs au repêchage depuis toujours!