LAVAL – Malgré son tempérament terre à terre et mature, Noah Juulsen n’a eu besoin que de trois matchs dans l’uniforme du Canadien pour faire rêver plusieurs partisans.

 

Habile patineur, en contrôle dans son territoire défensif, calme dans ses décisions avec la rondelle et même plus impliqué offensivement qu’on l’anticipait, Juulsen a apaisé partiellement la frustration des dirigeants du Tricolore depuis son rappel du Rocket de Laval.

 

Certes, le défenseur de 20 ans s’était bien débrouillé à sa première année professionnelle avec le club-école, mais son échantillon de 31 matchs ne laissait pas présager une adaptation aussi concluante et rapide.

 

À Laval, où le Rocket traverse une saison en deçà des attentes en raison de plusieurs facteurs – dont les nombreux rappels –, les prestations de Juulsen arrivent comme un baume sur une plaie.

 

« C’est vraiment génial à voir. Oui, on parle d’un choix de première ronde, mais il a tout fait pour grimper au prochain niveau et voilà pourquoi ça rapporte présentement. Tout le monde est content pour lui, on le suit de près et on espère qu’il restera dans la LNH pour toujours », a avoué Thomas Ebbing, son meilleur ami au sein du Rocket.

 

Sylvain Lefebvre apprécie également les premiers pas de Juulsen dans la LNH. Lui, Donald Dufresne et Francis Bouillon sont parmi les entraîneurs qui ont essayé de propulser son jeu à un autre niveau dans les derniers mois.

 

« C’est le fun de le voir jouer avec autant de confiance et qu’il obtienne autant de minutes. Il amène un peu de jeu physique aussi.  Il est patient avec la rondelle et ça l’aide à réussir de bons jeux », a évalué l’entraîneur-chef.

 

Jusqu’ici, Juulsen semble appartenir aux athlètes qui parviennent à élever leur jeu d’un cran rapidement quand ils sont entourés de meilleurs joueurs.

 

« Son sens du hockey est assez élevé pour qu’il puisse s’ajuster, ça se voit d’ailleurs avec l’écart qu’il laisse entre lui et les attaquants adverses », a relevé Lefebvre pour démontrer que Juulsen n’est pas trop prudent dans sa couverture défensive.

 

Même s’il le connaît que depuis quelques mois, Ebbing était persuadé que Juulsen pouvait s’ajuster de cette manière.

 

« Il mérite de jouer à ce niveau, c’est un professionnel dans l’âme. En plus de travailler fort, il aime étudier le hockey. Il regarde plusieurs matchs en soirée pour apprendre. Il est jeune, mais ça ne paraît pas en le regardant et il devient meilleur avec des partenaires de ce calibre », a décrit Ebbing.

 

Depuis sa sélection au 26e rang en 2015, les dirigeants du Canadien ont toujours cru bon d’ajouter un bémol sur son style. Ils voulaient d’abord le présenter comme un défenseur fiable et solide défensivement.

 

Auteur de 52 points (9 buts et 43 aides) à sa meilleure saison offensive au niveau junior, Juulsen a pourtant affiché des qualités très intéressantes avec la rondelle avec le Canadien. Il n’a pas hésité à s’aventurer avec la rondelle en zone ennemie et ses montées étaient concluantes.

 

« C’est relié à sa confiance. Il l’a fait ici cette année. On l’a utilisé sur le jeu de puissance et c’était lui qui transportait la rondelle, ça lui a donné la confiance de le faire un peu plus. Ça lui a permis de découvrir certaines choses », a indiqué Lefebvre.

 

« Je ne suis pas surpris, il l’a fait avec nous. Il a certainement réalisé qu’il pouvait encore le faire à un haut niveau. Il possède une très bonne tête de hockey et il est intelligent avec la rondelle. Les gens ont tendance à penser qu’il est uniquement un joueur défensif, mais il a bien plus à offrir et les partisans commencent à le découvrir », a corroboré Ebbing.

 

D’après Lefebvre, sa progression la plus significative cette saison se situe ailleurs.

 

« C’est sur le plan physique, il est plus fort dans le haut du corps et ça facilite son travail dans ses batailles dans le coin ou devant le filet. Il est métamorphosé au niveau de sa carrure. Il a encore de la maturité à prendre dans le bas du corps, mais il est encore jeune et il n’a pas pu s’entraîner autant avec sa blessure », a déclaré l’entraîneur.

 

Avec un tempérament aussi sérieux, on imagine mal que Juulsen puisse s’emporter trop vite après un départ de la sorte. Le défenseur né en Colombie-Britannique semble beaucoup trop calme pour tomber dans ce piège à moins que ce ne soit qu’une impression.  

 

« Non, c’est vrai qu’il est très calme et il est plus réservé que la moyenne. Son leadership ne s’exprime pas seulement avec des mots. Il a une belle personnalité, il suffit de réussir à faire tomber le petit mur », a dévoilé Ebbing à propos de Juulsen qui est fidèle à ce portrait avec les médias.

 

Question de faire honneur à son caractère, il ne faudrait donc pas s'emballer hâtivement.