On sent un changement naturel et normal chez le Canadien lorsque s'opère un changement d'entraîneur. Je ne tiendrai pas compte du premier match de Claude Julien derrière le banc pour faire mon analyse.

Avant la partie contre les Rangers de New York, les joueurs ont eu deux séances d'entraînement. On peut imaginer que les gars vont chercher à impressionner le nouveau patron. Pour plusieurs, c'est une page blanche, particulièrement pour ceux qui estimaient ne pas avoir le bon rôle sous les ordres de Michel Therrien. Sans me tromper, je peux dire que le niveau de compétition a augmenté depuis une semaine chez le Canadien.

Il faut maintenant garder ce degré d'intensité et y greffer des changements plus techniques, tactiques et stratégiques. Je ne connais pas les intentions de Claude Julien en ce qui concerne son système de jeu. Il ne reste qu'une vingtaine de parties à la saison. Souvent, les entraîneurs aiment implanter un nouveau système lorsque commencent les camps d'entraînement. Dans ce cas-ci, j'imagine qu'il ne cherchera pas à chambouler tout le système. Bien sûr, il va vouloir apporter des petits changements, mais rien de majeur, compte tenu d'où nous en sommes dans la saison. Je dirais que d'ici deux semaines, les joueurs devraient avoir assez bien saisi ce que demande l'entraîneur.

La défensive est la priorité de l'instructeur. En séries éliminatoires, toutes les équipes s'entêtent avant tout à bien jouer défensivement parce que les opportunités de marquer sont nettement moins nombreuses. Le Canadien ne peut pas se fier uniquement à Carey Price parce qu'il ne pourra pas toujours livrer une performance comme celle contre les Rangers mardi.

Il va falloir trouver une façon de resserrer le jeu en zone défensive. J'ai remarqué un changement important depuis le début de la saison et il se situe en zone neutre. C'est vraiment incroyable comment les équipes adverses arrivent à accélérer entre les deux lignes bleues. L'adversaire profite du fait que certains arrières du Candien ne sont pas très mobiles. On a vu contre les Rangers comment Alexei Emelin a été contourné. Andrei Markov a vieilli et il n'est plus le patineur qu'il était. Shea Weber est très bon, mais il n'est pas un marchand de vitesse. Il faut donc trouver un moyen de ralentir les autres clubs avec un échec avant.

Claude Julien a encore quelques jours devant lui pour faire ses recommandations à Marc Bergevin d'ici à la date limite des transactions le premier mars. Il va essayer d'identifier ceux qui correspondent ou adhèrent le mieux à sa philosophie. Je ne sais pas si le DG va être capable de satisfaire son entraîneur toutefois.

Je crois que de trouver un vrai joueur de centre est la priorité sur la liste d'épicerie de Bergevin car je suis persuadé qu'Alex Galchenyuk n'est pas ce centre numéro un dont le Canadien a besoin. Le 27 devra donc être muté à l'aile si le Tricolore obtient ce qu'il recherche. Qui sait, Galchenyuk est peut-être en vitrine actuellement. D'ici la fin de la campagne, Galchenyuk ne sera pas en mesure de s'imposer comme le premier centre. Il manquera aussi de temps pour apprendre à mieux jouer en défensive et apprendre à jouer contre le gros trio de l'adversaire. Je le vois plus comme un ailier et si le Canadien se considère comme un prétendant à la coupe Stanley, il n'aura pas le choix d'aller chercher le joueur tant recherché.

Les joueurs du Canadien doivent avoir un peu l'impression de recommencer un camp avec l'arrivée d'un nouvel entraîneur. Les gars repartent à neuf et ils doivent refaire leur place. C'est sûr qu'avec le congédiement de Therrien, certains ont perdu leurs repères. Ils ne connaissent pas encore les attentes et la routine du nouvel homme derrière le banc. Dans les premiers temps, il y a beaucoup d'incertitudes dans l'air quand arrive un changement majeur comme celui-là.

Il arrive à un certain moment où l'on doit changer de messager parce que les messages ne passent plus. Même chez les meilleurs entraîneurs y passent. Je pense qu'on était rendu à ce moment chez les joueurs, qui avaient besoin d'entendre une nouvelle voix. Pour les athlètes, c'est emballant au début d'avoir un nouvel entraîneur et de voir les opportunités qui peuvent s'ouvrir à eux.

*propos recueillis par Robert Latendresse