Une victoire nécessaire pour le Canadien!
Le Canadien a été tout sauf convaincant. Mais après avoir gaspillé deux points dimanche, à Anaheim, et à quelques heures d'un match qui s'annonce très difficile, à Los Angeles, où les Kings les attendent après trois jours de repos, la victoire à San Jose comptait bien plus que la manière de gagner.
Elle était ô combien nécessaire ne serait-ce que pour maintenir une dose d'espoir du côté des partisans qui s'accrochent à l'idée de revoir leurs favoris au plus fort de la course pour une place en séries.
Ou à tout le moins un retour dans le « mix »!
C'est sans doute pourquoi Trevor Letowski s'est permis un large sourire lorsqu'il s'est tourné vers Martin St-Louis et Stéphane Robibas avant de quitter le banc pour retraiter vers le vestiaire.
L'entraîneur-chef qui venait pourtant de signer sa 100e victoire à titre d'entraîneur-chef du Tricolore et l'adjoint responsable de la gestion des défenseurs étaient toutefois loin de sourire.
Même que St-Louis, un brin dubitatif, hochait la tête en marchant sur la patinoire après la courte victoire de 4-3 de son équipe.
« C'était loin d'être parfait, mais les deux points c'est exactement ce dont on avait besoin », que l'entraîneur-chef a reconnu lors de sa première réponse aux collègues qui l'attendaient à sa sortie du vestiaire.
Eh oui! Une fois devant les journalistes, le coach avait, un peu, retrouvé le sourire...
St-Louis a insisté, avec raison, sur le fait que son club avait été meilleur que dimanche à Anaheim. Bon! Il aurait été difficile de faire pire alors que des cafouillages défensifs ont fait couler le Canadien à pic après qu'il eut pris les devants 2-0 aux dépens des Ducks.
Beaucoup plus incisif que dimanche, le Canadien a été fort efficace en échec avant. On doit d'ailleurs décerner une très bonne note à Owen Beck qui a très bien fait même si ce joueur de centre évoluait à l'aile au sein du trio piloté par Christian Dvorak et complété par Brendan Gallagher.
À son quatrième match en carrière dans la LNH, son meilleur et de loin, le choix de deuxième ronde – 33e sélection – au repêchage de 2022 a été impliqué. Il a été efficace. Il semble vraiment à sa place.
Beck s'est fait remarquer pour les bonnes raisons. Tout comme Josh Anderson qui, envoyé en relève à Patrick Laine au sein du deuxième trio, a donné du souffle à Kirby Dach et Alex Newhook.
Newhook a d'ailleurs permis au Canadien de finalement stopper à 193 minutes 50 secondes son interminable séquence sans but marquer à cinq contre cinq.
Il était temps!
Le duo Jake Evans – Joel Armia a maintenu sa grande qualité en infériorité numérique alors que le Finlandais a marqué son troisième de la saison à court d'un homme. Le même nombre que son partenaire de travail. Armia a inscrit le septième but du Tricolore en désavantage numérique. Sept buts qui placent le Canadien à égalité au quatrième rang de la LNH derrière Floride (11), Tampa (9), Ottawa et New York (Rangers) avec huit chacun.
L'attaque à cinq a inscrit les deux autres buts. Le premier est venu de la lame du bâton de Cole Caufield qui a inscrit son 26e but de la saison, son deuxième à ses 10 derniers matchs. C'était aussi son huitième en supériorité numérique. Un premier depuis la victoire de 4-3 signé à Columbus le 27 novembre dernier.
Brendan Gallagher a inscrit l'autre.
Le Canadien a aussi fait résonner les poteaux à quatre reprises. Armia, Newhook, Nick Suzuki et Beck sont donc passés très proches de marquer. Mais passer proche, c'est juste bon aux fers et à la pétanque...
Celebrini : un but, une passe, un vol
Pourquoi insister sur le fait que le Canadien est loin d'avoir été convaincant après une telle liste d'aspects positifs relevés dans la victoire arrachée à San Jose?
Parce que plus encore que les points positifs défilés plus haut, ce sont les arrêts importants, je devrais plutôt écrire cruciaux, réalisés par Samuel Montembeault qui ont fait la différence dans le match.
Je sais : les gardiens font partie de l'équipe. Mais quand le Canadien trouvait des façons de gagner en décembre et janvier, c'était très souvent dans le cadre de matchs au cours desquels Montembeault et Jakub Dobes ne faisaient pas que donner une chance de gagner à leurs coéquipiers. Non! Ils excellaient. Ils ont même volé quelques-unes de ces victoires.
Il serait peut-être exagéré de scander haut et fort que Montembeault a réalisé un autre vol mardi soir aux dépens des Sharks.
Mais il est loin d'être exagéré de scander plus haut et plus fort qu'il a volé Macklin Celebrini à deux reprises sur la même séquence en fin de rencontre. Deux arrêts qui ont privé la jeune sensation de donner les devants aux siens en fin de rencontre, avant qu'Armia inscrive le but victorieux.
Celibrini, qui est au plus fort de la course au titre de recrue de l'année avec le gardien des Flames Dustin Wolf et le défenseur du Canadien Lane Hutson – son ancien coéquipier à Boston University – s'est pris la tête à deux mains après que Montembeault eût perpétré son larcin en gobant la rondelle avec sa mitaine.
Le jeune centre de 18 ans, tout premier choix de la dernière sélection en juin à Las Vegas, avait toutefois inscrit le premier but de la rencontre à l'aide d'un puissant et précis tir des poignets. Il a aussi ajouté une passe. Il a surtout été au centre de la grande majorité des actions positives orchestrées par les Sharks en zone du Tricolore.
Celebrini a disputé un match à la hauteur de sa réputation et des analyses positives selon lesquels il est déjà en avance sur les deux derniers tout premier joueur sélectionné au repêchage de la LNH : Connor Bedard par les Blackhawks en 2023 et Juraj Slafkovsky l'année précédente par le Canadien.
Montembeault éclipse Georgiev
Mais revenons à Montembeault : il a non seulement été bon. Il a été, et de loin, le meilleur joueur de son équipe.
Il a éclipsé son vis-à-vis Alexandar Georgiev. Le gardien des Sharks a passé la majeure partie du match sur les talons. Très souvent en déséquilibre, très souvent mal placé devant sa cage, très souvent surpris par des tirs, Georgiev a été loin d'aider la cause de son club.
Il a accordé quatre buts sur 20 tirs. Et si le Canadien avait été juste un brin plus précis dans ses assauts en direction de la cage des Sharks, il aurait pu profiter bien plus souvent des lacunes du gardien russe.
Mais le Canadien est loin d'avoir été précis.
Sur les 63 tirs décochés par le Canadien au cours des 60 minutes de jeu, mardi, 20 seulement ont atteint la cible. Sept sur 25 au premier tiers; six sur 22 au deuxième; sept sur 16 en troisième période.
Et le pire dans tout ça, c'est que plusieurs de ces tirs ont été décochés de l'enclave alors que les joueurs du Tricolore n'étaient pas même dérangés par les Sharks qui comptent sur la pire défensive de la Ligue avec leur moyenne de 3,67 buts accordés par match. Ils sont les seuls à avoir fracassé la barrière des 200 buts (202) accordés depuis le début de l'année.
Ce manque d'opportunisme a contribué à compliquer de beaucoup la tâche du Canadien qui aurait normalement dû venir à bout des misérables Sharks bien plus facilement.
Des Sharks qui, dans deux ou trois ans, s'ils s'assurent de bien développer leurs jeunes, de bien les entourer et d'obtenir de Yaroslav Askarov des arrêts que leurs gardiens ne réalisent plus depuis quelques années, redeviendront bien difficiles à battre.
Mais bon!
Ce qui comptait plus que tout pour le Canadien, mardi soir, à San Jose c'était de gagner.
Il l'a fait.
Mais il devra être bien meilleur s'il veut convaincre tout le monde que sa brillante séquence de 13 victoires en 17 matchs (13-3-0-1) était bel et bien un prélude aux jours meilleurs promis par l'état-major.