MONTRÉAL - Max Domi fait partie des joueurs dont le travail et l’implication physique, qu’elle soit offensive ou défensive, ne suffisent pas pour évaluer leur contribution.

 

Il doit marquer et récolter des points pour justifier le temps d’utilisation qu’il réclame et surtout le genre de contrat qu’il réclamera dans le cadre des négociations qui opposeront son agent Pat Brisson et le directeur général du Canadien Marc Bergevin.

 

Limité à 13 buts après 63 matchs, limité à un petit filet à ses 23 dernières parties, Domi a marqué deux fois samedi à Ottawa. Il a propulsé le Canadien vers une victoire sans appel de 3-0 en marquant dès la 73e seconde de la rencontre; en doublant l’avance des siens moins de 10 minutes plus tard.

 

Flanqué de Paul Byron qui a semblé offrir un survoltage ô combien nécessaire au joueur de centre qui se cherchait depuis trop longtemps sur la patinoire et d’Ilya Kovalchuk qui a bien discrètement récolté une passe, Domi a piloté le trio le plus impliqué du Canadien samedi. Les trois buts, les cinq points récoltés, le différentiel combiné de plus 9 le confirment en auréolant des présences incisives qui ont souvent poussé les Sénateurs à l’erreur.

 

Bon! Certains diront que les Sénateurs n’ont pas besoin de grand-chose pour être poussés à l’erreur. Ce qui n’est pas faux.

 

Mais même s’il croisait un adversaire qui en arrache sans bon sens sur la patinoire, le Canadien, mené par le trio de Domi, ne lui a pas donné la chance de se relever après qu’il eut pris les devants. Oui Carey Price s’est distingué à quelques occasions. Mais le Canadien a donné le ton dès la mise en jeu initiale et l’a maintenu jusqu’à la toute fin.

 

Le vrai ou le faux?

 

Le Max Domi qui a donné le ton samedi à Ottawa ressemblait au Max Domi qui a donné le ton très souvent l’an dernier au fil d’une première saison qui lui a permis de s’imposer avec le Tricolore. Une saison au terme de laquelle, les partisans étaient prêts à lui donner la lune et des millions $ par dizaines afin de garantir sa présence pour les six, sept, voire huit prochaines années.

 

Parce qu’il n’a pas été à la hauteur des attentes qu’il s’est lui-même permis de fixer avec ses performances de l’an dernier, le Max Domi qui s’est distingué samedi a mis en évidence à quel point son manque à gagner en matière de production a fait contrepoids aux résultats accumulés il y a un an seulement.

 

Plusieurs amateurs ont même utilisé la très souvent très mesquine plate-forme Twitter pour indiquer que le Canadien devrait se servir d’une soirée comme celle de samedi pour mettre Domi sur le marché et en tirer le maximum avant que le couperet ne tombe sur la période des transactions : à 15 h lundi.

 

C’est sévère. Très!

 

Mais parce qu’il est difficile de déterminer qui du Max Domi de samedi et de la saison dernière ou du Max Domi des grands pans de la majorité des matchs qu’il a disputés cette année est le vrai ou le faux, il est vrai que l’état-major devra sérieusement analyser l’ensemble de l’œuvre avant de décider si le Canadien veut vraiment bâtir son avenir autour de lui.

 

Parce que la réponse est loin d’être évidente et qu’elle ne doit certainement pas encore avoir été prise, ce n’est pas d’ici lundi que se jouera l’avenir de Domi à Montréal. Mais bien une fois la saison terminée.

 

À moins bien sûr qu’une équipe offre la lune au Canadien pour obtenir les services de ce joueur qui semble avoir tant à offrir, mais qui ne le fait pas assez souvent. Du moins cette année.

 

Les Leafs si près et si loin...

 

Mené par Max Domi et ses compagnons de trio, le Canadien a donc fait samedi ce qu’il n’a pas fait assez souvent cette saison en se rendant coupable de relâchements qui lui ont grandement compliqué la vie et qui lui ont surtout coûté plusieurs points au classement. Des points qui lui manquent pour vraiment confirmer sa place dans la course aux séries. Des points qui lui manqueront encore cette année pour accéder aux séries.

 

Je sais : avec le «drame» qui est en train de se produire à Toronto où les Leafs inventent des manières de perdre et n’ont plus qu’une avance de six points, les séries semblent pourtant à la portée du Canadien.

 

Elles seraient à portée du Tricolore si la course n’impliquait que le Canadien et les Leafs qui ont un match en mains.

 

Mais avant de rejoindre et de dépasser Toronto, le Canadien devra d’abord rejoindre les Panthers de la Floride. Des Panthers qui ont perdu samedi à Las Vegas, qui ont quatre points d’avance et deux matchs en mains. Il devra aussi composer aussi avec les Sabres de Buffalo qui ont battu les Penguins de Pittsburgh samedi et qui, même s’ils accusent un recul de deux points derrière le Tricolore, ont trois matchs de plus à disputer.

 

Encore faut-il les gagner ces matchs. C’est un fait!

 

Mais après une semaine «facile», le Canadien croisera des adversaires pas mal plus solides la semaine prochaine alors que les Canucks, les Rangers et les Hurricanes se succéderont au Centre Bell. Trois équipes qui sont au plus fort de la course aux séries et qui ne peuvent se permettre de gaspiller des points.

 

Parlant de gaspillage, le mot n’est pas assez fort pour qualifier la performance des Maple Leafs samedi à Toronto. L’une des attaques les plus dévastatrices de la LNH a été incapable de générer assez de punch offensif pour battre un gardien de ligue de garage.

 

Après avoir perdu leurs gardiens James Reimer et Petr Mrazek, les Hurricanes se sont retrouvés avec le chauffeur de la «Zamboni» à l’aréna des Marlies – club-école des Leafs – devant leur filet. Âgé de 42 ans, David Ayres – dont les services sont parfois requis lors des entraînements optionnels de Leafs – a été victime de deux buts sur les trois premiers tirs qu’il a affrontés.

 

C’était prévisible.

 

Ce qui l’était moins, c’est qu’il a réussi à stopper les sept tirs qu’il a ensuite affrontés pour signer une victoire de 6-3. De fait, le plus surprenant dans tout ça, est que les Leafs n’ont généré que sept tirs à ses dépens.

 

Rien pour mousser l’image des Leafs qui sont loin de jouer à la hauteur des attentes de leurs partisans et des collègues de la Ville Reine.

 

Remarquez qu’il est peut-être là le plus gros problème des Leafs. Un peu tout le monde – à commencer par eux-mêmes – les voit peut-être bien meilleurs qu’ils ne le sont en réalité.

 

Comme quoi il n’y a pas qu’à Montréal où les choses tournent carré!

 

Que le Canadien gagne ou qu’il perde, les partisans tireront profit des deux scénarios. Car si le Canadien perd et glisse au classement, il améliorera ses chances à la loterie. Et s’il gagne, ça rendra la fin de la saison régulière plus intéressante, même si à mes yeux, cela représentera bien davantage un mirage qu’un réel reflet de la réalité de cette équipe qui est encore à deux ou trois saisons de vraiment se sortir du carré de sable dans lequel elle patine depuis trop longtemps.

 

Points positifs

  • Fort des 30 arrêts effectués, dont quelques-uns très solides de la mitaine, Carey Price a signé sa 26e victoire en 53 matchs cette saison (26-22-5), sa quatrième par jeu blanc...
     
  • Ce 48e blanchissage en carrière laisse Carey Price avec un recul de 10 derrière Jacques Plante (58) au deuxième rang chez le Canadien. George Hainsworth détient le record de 75. Un record qui sera très difficile, voire impossible à battre un jour...
     
  • Carey Price revendique maintenant 27 victoires – quatre par jeu blanc – en 44 rencontres de saison régulière disputées contre les Sénateurs d’Ottawa (27-9-6)...
     
  • Le Canadien s’est offert une avance de deux buts dans un 27e match samedi soir. Sa fiche est de 19-6-2 dans le cadre de ces parties...
     
  • Le Canadien présente aussi une fiche de 10-6-1 dans le cadre des matchs au cours desquels il s’est donné des avances de 2-0 et une fiche de 6-3-0 lorsque ces avances sont acquises en premières périodes...
     
  • Le Canadien a une fiche de 14-1-1 dans les 16 matchs au cours desquels il s’est offert des avances de trois buts dans un match et de 8-1-1 dans les matchs au cours desquels ces avances étaient de 3-0...
     
  • Avec sa victoire de samedi aux dépens des Sénateurs, le Canadien a moussé à 16-12-3 sa fiche sur la route jusqu’ici cette saison...
     
  • Bien qu’il ait été blanchi de la feuille de pointage, Phillip Danault a atteint le plateau des 300 matchs disputés dans l’uniforme du Canadien samedi à Ottawa. S’il n’a pas récolté de point, il s’est distingué en remportant 10 des 15 mises en jeu qu’il a disputées. Après 300 matchs avec le Tricolore, Danault revendique 48 buts et 116 passes (164 points) et affiche un différentiel de plus-35...
     
  • De retour avec le Canadien et dans la LNH pour la première fois depuis le 10 janvier 2019, Karl Alzner a disputé un match très honnête samedi à Ottawa. Rappelé de Laval, il a partagé le travail avec Christian Folin. Il a effectué 22 présences totalisant 16 :04 d’utilisation. Il a cadré deux des trois tirs qu’il a tentés, donné une mise en échec, bloqué un tir et s’est rendu coupable d’un revirement et a terminé le match avec un différentiel de plus-1...

Points négatifs

  • Jonathan Drouin a connu une autre partie bien (trop) tranquille samedi. Limité à 17 présences totalisant 13 :09 d’utilisation, Drouin a décoché deux tirs : un bloqué par le gardien Craig Anderson et un autre qui a raté la cible. Ce sont les seules statistiques officielles associées à son nom. En sept matchs depuis son retour au jeu – absence de 37 matchs en raison d’une fracture à un poignet – Drouin n’a pas encore récolté de point. Il a obtenu six tirs et affiche un différentiel de moins-9...
     
  • La fiche positive du Tricolore sur les patinoires adverses cette saison met davantage en évidence ses lacunes au Centre Bell où il a perdu 20 fois en 33 rencontres (13-15-5) jusqu’à maintenant cette saison...
     
  • Ce que David Ayres a vécu samedi à Toronto est sensationnel. Rien de moins. Son entrée en scène et sa victoire seront associées pour toujours à la date du 700e but en carrière d’Alexander Ovechkin et au miracle sur glace réalisé il y a 40 ans alors que des universitaires américains ont battu la grosse machine rouge de l’Union soviétique en demi-finale du tournoi de hockey qu’ils ont gagné deux jours plus tard. Mais bien honnêtement, comment la LNH peut-elle offrir un gardien de 42 ans, visiblement en forme physique approximative, doté d’aptitudes tout aussi approximatives, dans une région où elle devrait être en mesure de piger dans un bassin comptant des dizaines, voire des vingtaines, peut-être même quelques centaines de gardiens, disons plus compétents. Je suis d’ailleurs convaincu que les événements de samedi, au-delà les félicitations d’usage à l’endroit du gardien qui a vécu un rêve, forceront la LNH à revoir les paramètres de sélection de ces gardiens de réserve. Même si David Ayres contre toute attente et au grand dam des Leafs et de leurs partisans, a gagné!