Après un exil de 13 ans, Patrick Roy a effectué son retour officiel dans la famille du Canadien par la grande porte, samedi soir au Centre Bell.

Quelques minutes avant de voir son numéro 33 soulevé à jamais dans les hauteurs du Centre Bell, Roy est entré dans le domicile qu'il avait quitté si brusquement en 1995 par l'entrée de la rue de la Gauchetière. Circulant parmi les partisans dans les corridors de l'amphithéâtre, il est ensuite descendu vers la patinoire, où il a rejoint les membres de sa famille après avoir donné l'accolade à Jean Béliveau sous les acclamations de la foule.

Quand Dick Irvin et Richard Garneau ont finalement réussi à reprendre la parole, ils ont invité Jean Perron, Pat Burns et Jacques Demers, trois entraîneurs qui ont dirigé Roy à Montréal, à s'avancer sur le tapis rouge pour s'adresser à la foule.

Pierre Lacroix, un complice de longue date de Roy, a ensuite pris le micro pour rendre hommage à son ami.

"J'ai rarement rencontré quelqu'un qui dévore la vie avec autant d'intensité. Jamais je n'ai vu autant d'énergie, de fougue et de passion concentrés dans une seule et même personne. Quelqu'un, dans le fond, qui vit chaque jour comme si c'était son dernier."

"Je me souviens entre autres d'un moment, durant les séries de 1994, quand, de son lit d'hôpital, alors qu'on devait l'opérer, Patrick m'a dit quelque chose qui résonne encore dans mes oreilles. ‘Arrange toi comme tu veux, mais sors moi d'ici, j'ai une game à gagner à soir'."

"Je l'ai regardé grandir et je salue maintenant l'homme et le mentor qu'il est devenu pour tous les jeunes joueurs de hockey. Je l'ai vu donner vie à son plus grand rêve et surtout, j'ai eu le privilège de croiser le regard du vainqueur", a conclu Lacroix.

Ce fut ensuite au tour de fêté de prononcer son discours.

"Chers amis, je revis ce soir la même fébrilité qu'en 1984, l'année où mon rêve a pris forme sous vos yeux. Le guerrier que j'allais devenir pouvait désormais revêtir la plus noble des armures, le chandail des Canadiens de Montréal."

"Encore adolescent, j'arrivais dans la LNH par la porte de son temple le plus prestigieux. Je me rappelle encore des photos sur les murs : Richard, Béliveau et Lafleur. Je me revois, à 20 ans, intimidé je l'avoue, mais animé d'une volonté inébranlable de gagner."

"Je me rappelle surtout cette immense fierté de jouer ici, devant vous, pour vous. Je vous entends encore hurler lorsqu'en 1986 et en 1993, nous nous sommes offerts le plus beau des trophées, la coupe Stanley."

Roy a ensuite remercié ses invités : ses parents, son frère et sa soeur. "Ils ont partagé mes espoirs, mes satisfactions, mes angoisses et mes déceptions sans jamais cesser de m'accorder leur soutien."

Pour avoir su le guider et le conseiller tout au long de sa carrière, ses agents Pierre Lacroix et Robert Sauvé. Pour lui avoir donné sa première chance à Montréal, Serge Savard et Jean Perron. Pour sa vision et son travail acharné « qui ont fait de moi l'architecte et l'ambassadeur du style papillon », François Allaire.

Roy a aussi fait un clin d'œil à ses entraîneurs, ses coéquipiers et ses adversaires, « qui m'ont constamment poussé au-delà de mes limites », et a remercié ses enfants Jeanna, Frédérick et Jonathan.

"Merci surtout à vous, partisans, a-t-il poursuivi. Merci d'être exigeants, de nous demander de jouer chaque match comme si c'était le dernier. Merci de voir en chaque victoire un morceau d'histoire. Ce soir, nous retirons une partie importante de mon armure, mais je serai toute ma vie habité de cette fierté « bleu-blanc-rouge."

"Je serai toute ma vie reconnaissant de votre accueil et de votre soutien. Bien sûr, je me souviendrai de ce jour où j'ai dû partir un peu trop vite sans vous dire au revoir comme je l'aurais souhaité. Mais je me rappellerai davantage ce moment où nous avons fait trembler le Forum et vibrer Montréal. Et alors que vos encouragements me vont droit au cœur, alors que vous me faites l'honneur de retirer mon chandail ici à Montréal, alors que vous m'accueillez comme au premier jour, mes amis, ce soir, je rentre chez moi."

Puis, alors qu'un groupe de jeunes gardiens de but arborant chacun le chandail d'un cerbère québécois ayant subi son influence, Roy s'est déplacé à l'extrémité de la patinoire où l'attendaient Saku Koivu, Carey Price et Jaroslav Halak. De là, il a vu le numéro 33 prendre sa place aux côtés des autres immortels de l'histoire du Canadien.