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« Come on Yan! Fais-le! » : le retour de Yanick Lehoux à 42 ans

Yanick Lehoux Yanick Lehoux - Jonathan L'Heureux/National de Québec
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Mise à jour

MONTRÉAL –  « Oublie ça! »

Instantanément, Yanick Lehoux a rejeté la proposition du National de Québec. 

Revenir jouer dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH), sept ans après y avoir joué pour la dernière fois? Huit ans après être rentré d'Europe et fait une croix sur le hockey professionnel à temps plein? 

À 42 ans en plus?

« Aucune chance, ça ne me tente pas pantoute, je ne suis pas en forme », se souvient d'avoir répondu l'ancienne gloire du Drakkar de Baie-Comeau à son ami Éric Lesage, envoyé en émissaire par le président du National, Jimmy Gagné.

« C'est resté de même. » 

Jusqu'à ce que Mike Tyson n'entre dans le portrait...

Lehoux, un ancien choix de 3e ronde des Kings de Los Angeles en 2000 ayant joué 10 matchs dans la LNH avec les Coyotes de l'Arizona, profitait de vacances en Floride avec son cousin et kinésiologue Gabriel Lehoux, quand « Iron Mike » est remonté sur un ring à 58 ans pour y affronter Jake Paul, le 15 novembre dernier.

« Quand on s'est mis à parler de Tyson, il me répétait que l'âge, ce n'est qu'un chiffre. C'est là que je lui ai dit : "Hey, justement, ils veulent que je recommence à jouer au hockey". Je lui disais ça un peu en jokant, mais là, il est devenu crinqué.

« Come on Yan! Fais-le! Je vais m'occuper de toi, je vais te faire ton programme. Tu vas voir, tu vas être vraiment en shape! » 

Lehoux s'est ainsi laissé convaincre, si bien qu'avant même de revenir au Québec, il était déjà dans un gym floridien à pousser de la fonte.

« Je te confirme que je partais de loin », relatait-il la semaine dernière au RDS.ca. « Ce n'était pas comme si je ne m'étais jamais entraîné de ma vie, mais dans une vidéo filmée par mon cousin, on voit qu'après deux squats pas trop pesants, je commençais déjà à cramper des cuisses. »

N'empêche, rien pour renoncer au projet. Le 7 décembre, le National annonçait officiellement le retour au jeu prochain de l'ancien attaquant.

« Quand j'ai dit aux gars que je revenais, je voulais qu'ils me donnent un peu de temps parce que je voulais me remettre en forme. Je n'avais pas le goût de faire juste un acte de présence. Je voulais avoir un impact positif dans l'équipe. »

Patins lacés et bâton dans les mains, Lehoux ne doutait pas de sa capacité à la mettre encore dedans. 

Depuis la fin de sa carrière professionnelle passée majoritairement dans la Ligue américaine de hockey, le joueur de centre joue une fois par semaine à Québec dans une ligue récréative lancée par l'ancienne étoile de la LNH Simon Gagné. Sur une base régulière, il a l'occasion de se frotter à de jeunes retraités; David Desharnais, Pierre-Cédric Labrie et Francis Paré figurant notamment au nombre des « recrues ».

« Je savais que j'étais capable de jouer [dans la LNAH]. Si j'avais eu des doutes, que j'avais de la misère à shooter le puck, je ne serais pas revenu », confie le meilleur pointeur de l'histoire du Drakkar.

« Mais je savais que le défi serait quand même de taille, parce que la majorité des kids qui jouent dans la ligue sont dans la vingtaine. Il y a des gars qui jouent avec moi qui n'étaient même pas nés quand je jouais junior! C'est quand même particulier. »

« Ça frappe, ça patine. Il faut que tu sois sharp, que tu sois réveillé, ajoute Lehoux. Mon cousin était tellement convaincu que j'en étais capable, que j'ai dit let's go et je n'ai jamais regardé en arrière. »

Trois matchs, trois buts

C'est après deux mois d'entraînement – et avec 10 livres en moins – que Lehoux a finalement effectué son retour au jeu le 18 janvier contre l'Assurancia de Thetford, ne tardant pas à faire ce qu'il a toujours fait de mieux. Marquer.

Isolé dans le cercle de mise en jeu gauche sur le jeu puissance au deuxième vingt, le quarantenaire n'attendait qu'une feinte de lancer suivie d'une passe transversale de Francis Paré, un autre nouveau-venu chez le National, pour enfoncer la rondelle dans une cage quasi déserte.

Sur son chemin le menant au banc des siens pour les célébrations d'usage, Lehoux a pointé en direction de Nathaniel et Léandre, ses fils de 10 et 14 ans assis tout juste à côté du banc du National.

« On a gagné, j'ai eu la chance de scorer, et mes gars étaient là pour voir ça. Ils étaient bien fiers de leur père. »

Ils le sont sans doute toujours. Dans les deux autres matchs que Lehoux a joués depuis, il a inscrit un but dans chacun de ceux-ci et affiche aujourd'hui une récolte totale de cinq points.

« Jusqu'à date, sur la glace, ce n'est pas trop pire [...] Force est d'admettre que la méthode Gabriel Lehoux, ça marche quand même. »

Lehoux affirme avoir encore un gros mois d'entraînement devant lui pour compléter son programme et se préparer pour les séries. Il continuera de fréquenter le gym environ quatre fois par semaine, tout en essayant de patiner une à deux fois, notamment aux côtés des amis « retraités » de sa Ligue de garage.

Et ce tout en parcourant les routes du Québec pour exercer sa profession de représentant pour Zimmer Biomet, un fournisseur d'équipement médical en orthopédie.

« C'est comme n'importe quoi dans la vie, quand tu es en forme et que tu te sens bien, c'est l'fun. Il s'agit juste de trouver le temps », relativisait Lehoux, alors qu'il venait justement de quitter Baie-Comeau pour se rendre à Alma. « Ça fait partie des choses que je dois faire pour être prêt pour les matchs. »

Car Lehoux a à cœur la cause du National. Tout comme les Francis Paré, Pierre-Cédric Labrie, Alexandre Picard et Mikaël Tam, d'anciens pros qui se sont récemment amenés en renfort pour aider le club d'expansion à se défaire de sa dernière place au classement général avant les séries.

« C'est un beau défi qu'on s'est lancé d'essayer de faire virer la saison de bord. [...] Pendant un petit bout de temps, ça a été plus difficile d'avoir une constance au niveau de l'alignement parce qu'on avait tous des engagements ailleurs. Mais plus la saison avance, plus on est là, et en séries, on sera assurément tous présents. Ça devrait être le fun. »

Au point de prolonger le plaisir l'an prochain?

Pour l'instant, « à moins d'une bad luck », le deuxième joueur le plus âgé de la LNAH – Alexandre Tremblay des Marquis de Jonquière est le doyen à 45 ans – promet de jouer chacun des matchs du National jusqu'à la fin de la campagne. 

« Donner un coup pour la fin de l'année, c'est une chose. Mais jouer deux matchs par semaine avec mon travail, les enfants, les activités... S'engager à jouer tous les matchs, probablement pas, mais on va voir comment l'année va aller.

« Peut-être que ce sera oui pour l'année prochaine aussi. On verra. »