Beaucoup de gens ont été consultés dans le dossier Sidney Crosby. On commence à mieux connaître le phénomène de la commotion cérébrale, mais jusqu'à un certain point, c'est encore de l'inconnu. Dans ce dossier, on sait que certains symptômes sont associés à une commotion, mais il y en a peut-être d'autres que l'on ne connaît pas. Dans le cas de Crosby, une fracture à une vertèbre semble amener des symptômes similaires à une commotion. Ça veut dire qu'il fallait faire un détour pour découvrir cette autre blessure.

Selon toute vraisemblance, les symptômes ressentis étaient ceux d'une commotion, il n'y avait donc pas lieu de se questionner sur les vertèbres. D'un autre côté, comme il s'agit du meilleur joueur de hockey de la planète, il aurait peut-être été préférable d'être plus prudent pour éliminer toutes les possibilités. Toutefois, il est difficile pour un médecin d'assumer qu'il y a une fracture au cou quand les symptômes ne sont que des maux de tête.

Durant ma carrière, je dois avoir subi au moins une demi-douzaine de commotions qui ont été diagnostiquées. J'ai connu maints épisodes de blackout et d'étourdissements et jamais on ne m'a demandé d'aller subir une radiographie pour mon cou. On se préoccupait que des maux de tête. J'ai l'impression que le cas Crosby est un dossier isolé, car à moins que le 87 se soit plaint de douleurs ou de raideurs au cou, il n'y avait pas de raison pour qu'il subisse une radiographie.

C'est difficile de penser qu'on n'a pas été plus loin parce qu'il s'agit du meilleur joueur, mais de mon côté, je n'ai jamais vu personne subir une radiographie au cou à la suite d'une commotion.

La leçon de cette histoire est qu'il ne faut jamais fermer la porte en ce qui concerne la sécurité des joueurs. On constate qu'il faut envisager toutes les options quand on parle de blessure à la tête. Sans être quelque chose d'automatique, il faudrait être plus vigilant avec tout ce qui concerne les blessures de ce genre.

Le match des étoiles

J'étais derrière le banc des Voltigeurs de Drummondville lors de la présentation du match des étoiles à Ottawa dimanche. J'ai vu des séquences en reprise et on peut dire une fois de plus que l'événement a été un festival offensif et une fête pour les amateurs. Même si la partie en tant que telle n'est pas très excitante, tout ce qu'il y avait autour de la partie me semblait extraordinaire. Je n'y étais pas, mais on m'a dit que l'événement était bien organisé et avec beaucoup de classe.

Le repêchage des joueurs par Zdeno Chara et Daniel Alfredsson jeudi a été le moment le plus intéressant à mes yeux. Cette façon de composer les équipes est quelque chose de brillant par la LNH. J'aime voir le côté plus humain des joueurs et cet exercice le permet justement. On parle souvent des athlètes pour les mises en échec ou pour les commotions cérébrales, mais cette fois on en parle pour autre chose. C'est plaisant.

Avec ce repêchage, on voit que le hockey demeure un jeu et que les gars s'amusent comme des gamins. On a pu voir des choses amusantes et que certaines rivalités étaient bien vivantes. Tout le monde a bien vu que les joueurs des Maple Leafs étaient sur un côté alors que ceux des Sénateurs étaient de l'autre. En plus, les spectateurs n'ont pas hésité à huer des joueurs qui n'étaient pas de leur allégeance. On a vu que les joueurs ont joué le jeu et qu'ils retrouvaient le plaisir de jouer au hockey plutôt que de jouer pour un enjeu.

Je suis convaincu que si j'avais été dans la position des joueurs, j'aurais retrouvé mon âme d'enfant. Je pense que les gars s'amusaient. On a pu le voir avec leurs sourires. Scott Hartnell filmait ce qu'il vivait avec sa caméra lors de la période de réchauffement. Tous ceux qui étaient sur place n'y sont pas allés à reculons.

Je n'avais pas d'attente par rapport au repêchage. Je me doutais que Chara et son adjoint Jeffrey Lupul ne viendraient pas chercher des joueurs des Sénateurs parce qu'ils se faisaient huer par la foule. J'ai aimé comment les choses se sont faites. On sentait la rivalité. Chara n'a pas choisi un seul joueur de Vancouver. On a pu constater aussi que ce n'était pas l'amour entre Toronto et Ottawa, mais il n'y avait pas d'intensité entre les joueurs. Il n'y avait rien de personnel. Les temps ont changé et les joueurs font la distinction entre ce qui se joue sur la patinoire et ce qui se passe à l'extérieur. À l'époque, comme le disait Michel Bergeron à l'Antichambre, les gars transportaient leur haine à la maison et ceux qui se détestaient sur la glace, se détestaient aussi à l'extérieur.

On a vu Carey Price qui n'a pas serré la pince à Chara après sa sélection. Je sais que les choses ont mal paru, mais de mon côté, je vois cela comme un simple malentendu, mais les médias ont décidé d'embarquer dans le bateau. J'ai vu la reprise et je suis convaincu que ce n'était pas volontaire de la part de Price d'éviter son capitaine.

Pour améliorer le spectacle, il faut se renouveler parce que le match des étoiles, comme on le voit, est un peu routinier. Ce serait bien de revoir la formule. Comme le suggérait François Gagnon, ce serait bien d'avoir une rotation dans la formule. On pourrait élaborer trois formules qui seraient disputées en alternance pour faire changement. Comme formule possible, il pourrait y avoir une partie normale, un match à l'extérieur ou un match avec un enjeu. Il faut trouver une solution pour chasser la monotonie. Juste le repêchage est quelque chose de rafraîchissant et les gens ne sont pas tannés.

Il y aurait peut-être lieu de revoir le concours d'habiletés pour chasser les temps morts. Je pense néanmoins qu'un match des étoiles a sa place, et ce, dans n'importe quel sport parce que les amateurs veulent voir les meilleurs jouer ensemble.

De minces espoirs pour le CH

Même s'il accuse huit points de retard sur le huitième rang, le Canadien ne doit pas démontrer qu'il abandonne. Pierre Gauthier doit chercher à améliorer son équipe et ce, qu'importent les résultats sur la glace. Il reste encore quelques semaines avant la date limite des transactions dans la LNH. Les choses seront plus claires pour le Canadien à ce moment-là.

Même si je pense que ce sera excessivement difficile pour le Tricolore de participer aux séries, la bonne nouvelle pour l'équipe est qu'il reste plus de 30 parties à la saison et qu'il est possible de changer les choses. L'équipe peut connaître une bonne séquence et en quelque sorte, elle a son destin entre les mains. Ce ne sera pas facile, mais il n'y a rien d'encore perdu. Si le Canadien peut signer une vingtaine de victoires et atteindre les 92 ou 94 points au classement, il se donnera une chance de participer aux éliminatoires. On veut voir des joueurs qui se battent à Montréal, alors on ne peut pas demander au directeur général de cesser de se battre maintenant.

Si le Canadien gagne ses matchs, il se donne une chance, mais les hommes de Randy Cunneyworth auront besoin de l'aide des autres formations.

Les probabilités sont minces, mais les possibilités demeurent.

*propos recueillis par Robert Latendresse