Ne ratez pas le troisième et dernier match entre le Canada et l'URSS à la Coupe Canada 1987 dès 20 h, samedi sur RDS et RDS Direct.

Quand on demande à Normand Rochefort quelle importance il accorde au tournoi de la Coupe Canada 1987 dans l’histoire du hockey, l’ancien défenseur québécois n’hésite pas une seconde.

«Non seulement c’est le hockey le plus relevé que j’ai eu la chance de jouer au cours de ma carrière et auquel les amateurs ont eu la chance d’assister, mais le hockey disputé dans ce tournoi est à mes yeux l’ancêtre du hockey d’aujourd’hui alors que tout est axé sur la vitesse et sur le talent. Dans le temps, il y avait beaucoup d’accrochages. Les meilleurs joueurs étaient souvent victimes d’intimidation. Mais «Canada Cup 87» c’était du hockey à l’état pur. Je crois vraiment que c’est ce que la LNH cherchait à retrouver lorsque les dirigeants ont modifié les règles pour mener au hockey qu’on joue maintenant», défile le défenseur originaire de Trois-Rivières.

RDS présentera d’ailleurs samedi à 20 h la troisième et dernière partie de la grande finale de ce tournoi. Une finale opposant le Canada à l’ancienne Union Soviétique.

Derrière Wayne Gretzky et Mario Lemieux, les fers de lance de l’attaque, derrière Raymond Bourque, Larry Murphy et Paul Coffey, les assises de la brigade défensive, Normand Rochefort a fait discrètement sa place. Plus de 30 ans après les faits, il faut avoir des cheveux gris et une bonne mémoire pour se rappeler de la présence de l’ancien défenseur des Nordiques au sein d’une brigade complétée par Craig Hartsburg, Doug Crossman et James Patrick.

Dans cette équipe débordante de joueurs vedettes, Normand Rochefort était à l’image de sa personnalité : il était discret. Presque effacé. Mais quand il posait les patins sur la patinoire il redevenait vite le défenseur solide – son surnom était d’ailleurs le Roc – qui savait s’imposer dans toutes les situations afin de justifier sa présence au sein de ce club de rêve. Peut-être le meilleur jamais formé pour défendre les couleurs du Canada.

Wayne Gretzky (3 buts, 21 points) et Mario Lemieux (9 buts, 20 points) ont guidé le Canada vers une victoire dramatique de 6-5 lors du troisième et décisif match de la grande finale disputée contre l’Union soviétique et le fabuleux trio KLM : Krutov, Makarov, Larionov. Une finale qui avait vu l’URSS remporter le premier match 6-5 en prolongation avant de voir le Canada niveler les chances avec un gain de 6-5 en deuxième période de prolongation. Cette deuxième rencontre est considérée par plusieurs comme l’un des plus grands matchs de l’histoire du hockey.

«Comme des frères»

Malgré une discrétion frisant la timidité, malgré la surprise que pouvait représenter aux yeux de certains sa sélection, malgré la gloire qui rayonnait sur les principales vedettes de cette équipe, Normand Rochefort assure ne jamais avoir senti autant d’esprit de corps au sein d’une équipe.

«On est comme des frères. Il n’y a pas d’autre façon de t’expliquer ça. Les Russes étaient réunis depuis six ou sept mois. On a eu trois semaines pour nous préparer. Mais dès les premiers jours, on sentait que quelque chose de spécial était en train de se passer. Qu’on était sur le point de vivre quelque chose d’exceptionnel ! Quelque chose qu’on ne revivrait jamais plus. En tout cas, je n’ai jamais revécu ça je peux te l’assurer. On était tout le temps ensemble. On pratiquait, on s’entraînait hors glace, on mangeait tous ensemble. Il n’y avait pas de sous-groupes. Il n’y avait qu’un gang de joueurs très unis. Une équipe», se souvient Rochefort.

Aujourd’hui âgé de 59 ans, Normand Rocherfort assure que les liens tissés entre les coéquipiers d’Équipe Canada en 1987 étaient tellement serrés qu’ils ne se sont jamais relâchés depuis.

«Quand tu as la chance de profiter d’une expérience comme celle-là, tu restes marqué à vie. Et je ne parle pas juste de moi. J’ai eu l’occasion de recroiser des gars au fil des ans. Et même si ça fait déjà très longtemps, on replonge instantanément dans ce qu’on a vécu ensemble. Wayne Gretzky m’a déjà dit que c’était le plus beau hockey qu’il avait joué dans sa vie. Glen Anderson m’a dit qu’il n’a jamais eu de sensations aussi fortes dans la victoire que lors de «Canada Cup 87». Penses-y deux minutes. Ces gars-là ont vécu les grandes années des Oilers d’Edmonton. Ils ont gagné des coupes Stanley. Mais c’est pendant ces quelques semaines en 1987 qu’ils ont vécu leurs meilleurs moments. C’était vraiment intense. C’était fantastique.»

«Dans un autre monde»

Choix de deuxième ronde des Nordiques de Québec au repêchage de 1980, Normand Rochefort avait tendance à connaître des passages à vide en saison régulière.

«J’ai toujours trouvé les saisons trop longues. Il m’arrivait de m’endormir et j’avais besoin d’être fouetté de temps en temps. Mais plus les défis étaient imposants, plus je me réveillais. J’étais comme ça depuis toujours. J’ai joué mon meilleur hockey chez les pee-wee quand je suis arrivé dans un Colisée rempli à Québec lors du tournoi du Carnaval. Je suis mes meilleurs matchs quand les défis étaient gros en saison, et plus gros en séries. J’étais fait de même», confesse le Roc.

À la Coupe Canada 1987, Rochefort est loin de s’être endormi. Surtout jumelé à Paul Coffey et Doug Crossman, le défenseur a disputé les neuf matchs du Canada. Il a inscrit un but, récolté deux passes et maintenu un différentiel de plus trois.

«En 1987, je me sentais dans un autre monde. Je me suis servi de toute l’énergie positive qui se dégageait de notre équipe, et il y en avait beaucoup, pour monter mon jeu. Pour monter ma confiance. Je me suis senti passer à un autre niveau comme joueur de hockey. Je ne me sentais pas juste à ma place. Je sentais que j’étais dû pour être là. Que c’était ma destinée. Ce tournoi a donné beaucoup d’envergure à ma carrière. Je suis un gars positif dans la vie. C’est ma personnalité. J’ai toujours vu le bon côté des choses. Et il n’y avait que du positif à tirer de cette expérience», insiste Rochefort.

Toujours actif

C’est dans la région de Tampa Bay en Floride que Normand Rochefort a partagé ses souvenirs de la Coupe Canada 1987 avec RDS.ca.

Ce gars «bien ordinaire» comme il se qualifie fièrement est toujours aussi actif hors de la patinoire qu’il l’était au cours de sa carrière de 14 saisons dans la LNH. Une carrière qu’il a ensuite prolongée en sautant d’une ligue mineure à une autre – il a d’ailleurs joué à Saint-Georges et Rivières du Loup dans la Ligue sénior au Québec – entre 1993 et 2005 lorsqu’il a finalement pris sa retraite.

«Je dois bouger tout le temps. Je m’entraîne, je travaille fort et j’ai encore le même poids que j’avais lorsque je jouais», lance fièrement l’ancien défenseur.

Son secret?

«Je me suis lancé en affaires. J’ai fondé une compagnie d’entretien de grosses propriétés – Normand’s Services – dans le coin ici. Je fais tout ce qui touche l’entretien extérieur de ces grandes maisons. Je suis toujours dehors. Ma femme et moi sommes très occupés. Ça tient en forme et ça permet de bien vivre», affirme Rochefort qui n’a pas subi trop de contrecoups associés à la COVID-19 dans le Nord de la Floride.

Le «Roc» se promet même de rechausser les patins dans un avenir rapproché. Pas question de songer à un retour, mais quand même…

«Ma fille Sally Yan travaille pour le Lightning. Elle est coordonnatrice des activités au Amalie Arena. Elle a joué au hockey pendant des années et joue avec les autres membres du personnel assez régulièrement. Le directeur général Julien Brisebois va sur la glace assez souvent avec les employés. J’aimerais ça aller les rejoindre de temps en temps. S’il me donne la permission…»

Même si plus de 30 ans se sont écoulés depuis la victoire historique du Canada aux dépens de l’Union Soviétique, il est difficile de fermer la porte au nez d’un ancien membre d’Équipe Canada 1987.

En fait non! C’est impossible…