TORONTO - Équipe Europe n’avait pas de passé lorsque ses joueurs ont convergé sur Québec pour amorcer leur camp d’entraînement.

Équipe Europe n’a peut-être pas d’avenir non plus.

Mais son présent est brillant alors que cette courtepointe de joueurs représentants huit des plus petits pays de la planète hockey a surpris la Suède avec une victoire de 3-2 arrachée en prolongation en demi-finale de la Coupe du monde 2016.

Tomas Tatar a enfilé deux filets, dont le but gagnant en tout début de prolongation. Marian Gaborik a été l’autre marqueur de l’Europe. Nicklas Backstrom a donné les devants à la Suède en début de période médiane et Erik Karlsson a nivelé les chances en milieu de troisième pour pousser le match en prolongation.

Une prolongation qui n’a pas souri à la Suède qui, comme les Américains, s’est fait prendre par cette équipe regardée de haut il y a trois semaines à peine, mais qui se réveille en grande finale de la Coupe du monde face au géant que représente le Canada.

S’il ne fait aucun doute que l’équipe regroupant les jeunes surdoués de l’Amérique du Nord est la grande vedette du tournoi, Équipe Europe est la grande surprise.

Hachés menus par les jeunes qui les dominaient 9-1 après les quatre premières périodes opposant les deux clubs au début du calendrier préparatoire, les joueurs de l’Europe donnaient d’ailleurs raison à ceux qui remettaient en cause leur présence dans le tournoi.

De fait, ils n’y croyaient pas vraiment non plus a reconnu le défenseur Roman Josi après la rencontre de dimanche. Une rencontre au cours de laquelle il a effectué 34 présences totalisant 29 minutes de temps d’utilisation; soit 5 min 30 s de plus que son coéquipier Dennis Seidenberg, deuxième joueur le plus utilisé des deux formations.

Assis dans un vestiaire du Centre Bell, ces joueurs regroupés autour d’une idée et d’un logo au lieu d’être regroupés autour d’un drapeau et d’une histoire se sont alors parlé. « On s’est demandé si nous voulions vraiment prendre part à ce tournoi, si nous voulions vraiment croire en nos chances. »

C’est là que le déclic s’est fait. À partir de ce moment, le grand architecte qu’est Ralph Krueger a pu transformer ce groupe de joueurs en vrai club de hockey.

Dans une entrevue diffusée avant le match sur l’écran géant surplombant la patinoire du Air Canada Centre, l’entraîneur-chef d’Équipe Europe a indiqué que son message de motivation était le même depuis le début de l’aventure. « J’explique à mes joueurs que l’Équipe Europe leur donne la chance de rivaliser avec les meilleures formations du hockey alors qu’ils n’auraient jamais cette chance avec leur club national respectif. Ils sont fiers. Ils veulent gagner. Et ils ont le talent et les aptitudes nécessaires pour gagner. Il suffit d’y croire », a mentionné Krueger.

Et ses joueurs y croient vraiment. Ils y croient au point de déjouer toutes les projections associées à leurs performances lancées avant le tournoi.

Une revanche alors que de faire mentir toutes ces projections?

« Une revanche non », a répondu le Slovène Anze Kopitar dont le plus gros exploit en tournoi impliquant les meilleurs joueurs au monde est une présence en quart de finale aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014.

Sans être une revanche, c’est une très belle récompense. Une récompense qui mérite d’être savourée.

« J’admets que nous apprécions chaque instant de ce tournoi. On ne nous accordera pas la moindre chance de battre le Canada et on tentera encore une fois de faire mentir les prédictions », a poursuivi le capitaine d’Équipe Europe.

Battre le Canada : est-ce possible?

« Ce sera certainement difficile, on en conviendra tous. Mais oui c’est possible. On peut battre n’importe qui. On l’a prouvé. On sait donc qu’on peut le faire encore. Mais pour battre le Canada – surtout que la finale est une ronde deux de trois – il faudra jouer du hockey sans faille, du hockey inspiré. On a un défi énorme devant nous et il faudra être prêt à le relever », a indiqué Anze Kopitar.

« Nous ne formons peut-être pas la meilleure équipe du tournoi, mais nous sommes certainement l’équipe la plus intelligente sur la patinoire », a d’ailleurs souligné le Danois Frans Nielsen après la partie. Une partie au cours de laquelle les Européens ont limité au minimum les chances accordées à leurs adversaires de la Suède. Un match au cours duquel l’Europe a su maximiser ses occasions.

Avec les résultats qu’on connaît.

L’Europe en finale? Vraiment?

À l’aube du tournoi, on plaçait aisément les noms des USA et de la Suède comme prétendants les plus logiques à un duel contre le Canada en grande finale. Certains croyaient aux chances de la Russie. Une grande majorité souhaitait la présence des jeunes surdoués.

Mais l’Europe?

Ralph Krueger et ses joueurs ont encore prouvé à ceux qui devraient pourtant avoir appris la leçon depuis longtemps que dans le sport, tout est possible.

Même une victoire de l’Europe aux dépens du Canada en grand finale?

Il ne faudrait quand même pas exagérer!

C’est exactement ce que les Américains se sont dit avant de disputer le premier match d’une Coupe du monde qu’ils ont gaspillée en perdant contre ce «petit club».

C’est aussi ce que se sont dit les Suédois à la vielle d’un match qu’ils auraient eux aussi normalement dû gagner.

Mais je ne peux pas croire que le Canada puisse tomber bêtement dans le même piège.

De fait, si l’Europe étire la finale jusqu’à son maximum de trois parties, ce sera une autre très grande victoire pour cette équipe sans passé, sans avenir, mais avec un présent scintillant.

Une vague de partisans suédois!