PITTSBURGH - « On s’est fait ouvrir les yeux », a convenu Connor McDavid après le revers de 3-2 encaissé par l’équipe des moins de 24 ans aux mains de la Tchéquie.

« On a maintenant une meilleure idée de l’opposition qui nous attend à Toronto. On ne gagnera pas tous nos matchs par de gros pointages. Il faudra jouer beaucoup mieux que nous l’avons fait ce soir. » Cette analyse du capitaine de l’Équipe nord-américaine illustre parfaitement l’allure de ce revers dans le cadre du troisième et dernier match préparatoire des deux formations.

Après deux victoires un brin faciles contre l’équipe Europe, McDavid et les jeunes surdoués de l’Amérique du Nord ont fait face à une bien meilleure opposition mercredi après-midi à Pittsburgh. Plus rapides que les joueurs d’Équipe Europe, plus talentueux aussi, mais aussi beaucoup plus organisés dans tous les aspects du jeu, les Tchèques ont rappelé les moins de 24 ans à l’ordre.

Quelques mises en échec solides ont été distribuées le long des rampes. L’état-major et les partisans des Oilers d’Edmonton ont eu la frousse en deuxième période lorsque le défenseur des Maple Leafs Roman Polak a frappé McDavid par derrière le long de la bande. La sensation des Oilers a croulé sur la glace avant de se relever sans problème.

« C’était une mise en échec solide, mais légale », a plaidé Polak qui a reçu la visite de son futur coéquipier avec les Leafs, Auston Matthews venu venger McDavid. «C’est la beauté du hockey : on peut être ennemi un jour et coéquipier le lendemain», philosophait Polak.

Si plusieurs amateurs considéraient dangereuse la mise en échec du vétéran défenseur aux dépens du capitaine de l’équipe nord-américaine, le principal intéressé a répondu «pas du tout», lorsqu’on lui a demandé si le coup de Polak était dangereux.

Drouin confiant

Jonathan Drouin n’était pas découragé outre mesure par la première défaite de son équipe. Il considérait même que le rappel à l’ordre aurait des répercussions positives sur son équipe.

« On a le talent, on a la vitesse, on a confiance en nos moyens. On est jeunes, mais on a quand même tous de l’expérience de la LNH. Ce n’est pas notre manque d’expérience qui entrera en cause lors du tournoi, mais bien l’importance de respecter des structures. On vient de le voir cet après-midi. On a eu nos chances, de bonnes chances à plusieurs reprises, mais nous n’avons pas été en mesure de toutes les concrétiser. Inversement, nos erreurs nous ont coûté cher. On sait qu’on a un bon club. Mais un bon club ce n’est pas assez pour avoir du succès dans ce genre de tournoi. Il faudra aussi jouer du bon hockey », a ajouté le Québécois Jonathan Drouin.

Si les jeunes ne pouvaient pas grand-chose sur le premier but de la rencontre – le tir d’Ondrej Palat a dévié sur le défenseur Morgan Reilly avant de déjouer Matt Murray – les deux vedettes Connor McDavid et Nathan MacKinnon ont très mal paru sur le deuxième filet oubliant Radek Faksa dans l’enclave. Rejoint par David Pastrnak qui lui a refilé une passe parfaite, le premier choix des Stars de Dallas (13e sélection de la première ronde en 2012) Faksa a marqué sa difficulté.

Tirant de l’arrière 0-2 après deux périodes malgré une domination de 32-17 au chapitre des tirs au but, les jeunes ont nivelé les chances en troisième. Sean Gostisbehere avec un puissant tir frappé et Auston Matthews ont ramené les deux clubs à la case départ.

Encore Plekanec

Moins d’une minute plus tard, Tomas Plekanec campé à la gauche du gardien Connor Hellebuyck – il a disputé la troisième en relève au gardien des Penguins Matt Murray – Plekanec a marqué d’un angle très fermé en redirigeant, du revers, une passe d’Ales Hemsky.

« C’est lui qui a fait tout le jeu », a commenté Plekanec après la deuxième victoire en trois matchs de son équipe.

Auteur de trois buts – il a marqué dans chacun des matchs des siens – Plekanec refusait de surfer sur cette production offensive intéressante. « Quand on regarde ça de plus près, deux des trois buts sont le résultat de tirs qui ont dévié sur moi. L’un sur mon bâton, l’autre sur mon pantalon. Ce qui compte le plus c’est la façon dont nous jouons et nous jouons du bon hockey », a lancé le capitaine de l’équipe de la Tchéquie.

À l’image de son capitaine, l’équipe tchèque patine sous le radar à l’aube de la Coupe du monde. Derrière le Canada et les États-Unis, considérés comme les puissances du tournoi, derrière aussi les jeunes surdoués qui attirent beaucoup l’attention, les Tchèques pourraient causer une certaine surprise et se faufiler jusqu’au podium.

« On est bien conscient de la force du Canada et des USA. Tout en respectant la puissance de ces deux équipes, on sait que nous pouvons rivaliser en jouant le genre de hockey efficace qui nous caractérise. À cinq contre cinq nous pouvons rivaliser avec tout le monde. Notre système est bon. Il faudra être patients et disciplinés. On a du talent, de la vitesse et on a nous aussi de très bons jeunes. Mais c’est la qualité de notre jeu d’ensemble qui moussera nos chances. Tout comme nos gardiens qui sont aussi bons que ceux des autres équipes et qui peuvent nous donner des chances de gagner à chaque partie. On a encore des choses à peaufiner, mais à quelques jours du tournoi, j’aime ce que nous avons accompli depuis le début de l’entraînement », a indiqué Plekanec qui est le capitaine de la Tchéquie pour la quatrième fois de sa carrière : une fois à Sotchi lors des Jeux olympiques de 2014 et deux fois en Championnat du monde.

Contre les jeunes surdoués de l’Amérique du Nord, les gardiens Michal Neuvirth et Petr Mrazek ont réalisé plusieurs arrêts solides – de très beaux aux dépens, entre autres, d’Auston Matthews, Johnny Gaudreau et Mark Scheifele – pour jouer un rôle de premier plan dans la victoire de leur pays.

De fait, si les jeunes ont remporté 44-29 la bataille des tirs au but, ils ont finalement perdu la guerre.