André Tourigny est attristé de ce qui se passe à cause de la pandémie de COVID-19, mais il est quand même capable de mettre les choses en perspective pendant qu’il digère les évènements qui ont déferlé ce mois-ci.

L’entraîneur-chef des 67’s d’Ottawa s’apprêtait à se lancer dans la quête d’un championnat. Son équipe avait récolté 50 victoires, égalant un record d’organisation, avant que la saison de la Ligue de l’Ontario soit suspendue six matchs plus tôt en raison du coronavirus. Cette occasion de laisser sa marque en battant le record s’est effacée, mais au moins, il restait la possibilité de venger l’élimination de l’an passé en séries. Puis, lundi, ce rêve-là aussi s’est éteint, alors que la Ligue canadienne de hockey a annoncé l’annulation complète des séries et, pour la première fois, de la Coupe Memorial.

«C'est crève-cœur, a déclaré Tourigny à TSN. Je suis de tout cœur avec nos vétérans qui ont joué leur dernier match dans cet uniforme. Nous comptons sur un bon groupe de personnes qui ont travaillé fort pendant des années pour bâtir un bon programme. Je sympathise avec ceux pour qui c’était le dernier tour de piste. C’est difficile. »

Pendant la période de restriction due à la pandémie, Tourigny aura tout le temps du monde pour jouer au jeu de « et si... et si... ».

« Je suppose que c’est la même chose pour tout le monde, dit le Québécois. Ma femme travaille beaucoup, mais pour mes fils, ma fille et moi-même, on reste à la maison et on fait beaucoup de lecture, de Netflix et de jeux vidéo, alors il ne se passe pas grand-chose, mais c’est la chose à faire en ce moment. »

Tourigny comprend bien l’importance des mesures de distanciation puisque sa femme est infirmière dans un hôpital de Gatineau.

« Elle est très courageuse, son travail la place sur la ligne de front, souligne-t-il. On est derrière elle, ce n’est pas facile de travailler autant d’heures. »

De son côté, Tourigny a pris le temps de se remémorer les faits saillants d’une saison magique qui s’est terminée abruptement. Lundi, l’organisation des 67’s a fait une vidéoconférence avec les joueurs. Elle aura été brève, mais contenait un message important.

« On est vraiment chanceux parce que les propriétaires ont dit qu’ils veulent ramener tout le monde à Ottawa quand ce sera possible afin de célébrer notre saison, alors c’est un soulagement pour les joueurs. Ils auront la chance de se revoir. En même temps, ce n’est pas l’idéal, mais c’est le mieux qu’on puisse faire dans les circonstances. Aussi, je leur ai dit à quel point je me sens mal de ce qui arrive et à quel point j’ai été fier d’eux toute la saison. »

Tourigny comptait en ses rangs deux espoirs qui sont admissibles au prochain repêchage de la LNH en Marco Rossi et Jack Quinn, dont il a vanté le développement. En une saison, Quinn a fait passer son total de buts de 12 à 52. Il a fini deuxième dans la OHL à ce chapitre.

« Il a toujours eu le talent et la vision, mais son jeu est devenu plus complet. Il était déjà talentueux et intelligent sur la glace, mais maintenant il est talentueux, vraiment intelligent et il se salit les mains. C’est là-dessus qu’il a le plus cheminé. »

Comme l’expérience des séries est une importante vitrine pour un joueur, Tourigny n’est pas certain comment ça affectera l’évaluation des effectifs, notamment pour le prochain Mondial junior. Cela risque de mettre encore plus d’emphase sur le début de la prochaine campagne.

« On ne saura jamais si un joueur A aurait marqué 25 buts pendant les séries, et ça aurait certainement amélioré sa valeur comparativement à un joueur B avec aucun but qui n’a pas fait le boulot et qui en aurait peut-être perdu. Disons que ça met un peu tout le monde sur le même pied d’égalité. Il faudra se baser sur ce qu’on sait déjà. Ça aurait été une expérience incroyable pour un joueur d’apprendre en vivant un match no 7 ou bien un long parcours en séries ou une victoire avant d’arriver aux Mondiaux, quand le match est sur la ligne. C’est très important. »