Jérémy Grégoire en action

BROSSARD - Pour retrouver ses lettres de noblesse, Équipe Canada Junior s’est donné le mandat de composer la formation idéale pour empêcher les médailles d’or de quitter le pays à la suite du prochain Championnat mondial qui sera présenté à Montréal et Toronto.

Dans cette optique, les dirigeants de Hockey Canada ont assemblé un échantillon intrigant et varié pour leur camp estival afin de trouver la combinaison recherchée.

À l’image de plusieurs éditions précédentes, les entraîneurs d’ÉCJ souhaitent miser sur quelques éléments aussi déterminés que dérangeants pour les adversaires. Sans être nécessairement de « petites pestes » sur la patinoire, ces attaquants viennent ajouter une dimension propre à l’identité canadienne. Le processus demeure trop précoce pour leur octroyer une place au sein de la formation, mais Jérémy Grégoire et Greg Chase pourraient contribuer à cette mission.

Le contraste frappe entre la réalité de ces deux athlètes inspirants par leur niveau de confiance. En effet, Grégoire, un choix de sixième ronde du Canadien, et Greg Chase, une sélection de septième tour des Oilers, se retrouvent en compétition avec plusieurs espoirs de premier plan incluant sept joueurs repêchés dans le top-10 en 2014.

Ce groupe élite est composé des Aaron Ekblad (1er choix par les Panthers), Sam Reinhart (2e choix par les Sabres), Sam Bennett (4e choix par les Flames), Michael Dal Colle (5e choix par les Islanders), Jake Virtanen qui est blessé (6e choix par les Canucks), Haydn Fleury (7e choix par les Hurricanes) et Nick Ritchie (10e choix par les Ducks). Bien sûr, il serait surprenant que le contingent complet soit présent pour l’édition 2015 du Championnat mondial junior, mais Grégoire et Chase veulent rappeler que le repêchage ne dicte pas l’avenir.

« Je ne me sens pas comme un choix de sixième ronde. Quand tu arrives ici, tu es sur un pied d’égalité avec les autres. Il y a de la place pour des joueurs qui ont mon style donc je vais tout faire pour me tailler un poste et c’est à moi de démontrer que je peux le faire », a assuré Grégoire qui a excellé lors du long parcours éliminatoire du Drakkar de Baie-Comeau.

« Si le repêchage avait lieu aujourd’hui, je ne crois pas que je serais choisi en sixième ronde. Mon seul but est de jouer dans la LNH et ce n’est pas un rang de sélection qui va me freiner », a affirmé Grégoire en visant juste.

Cette conviction se ressent également chez Chase, un produit des Hitmen de Calgary.

« Ça démontre que le repêchage ne veut pas tout dire. Chaque année, des joueurs repêchés plus haut ne parviennent pas à s’établir dans la LNH alors que ça dépend plus du développement », a rappelé Chase.

« Le rang n’importe pas pour tous les joueurs et je trouve que ce constat me correspond bien », a-t-il enchaîné.

Tout de même, ce n’est pas tous les jours qu’un choix de sixième ou septième ronde croit en ses chances de percer la formation d’ÉCJ.

« Non, je n’étais pas surpris (quand il a reçu l’invitation) parce que j’ai connu une excellente dernière saison et je crois que je corresponds à un style de joueur apprécié par Hockey Canada », a mentionné Grégoire.

Quant à Chase, il se dit même prêt à imiter Bobby Boucher, le célèbre personnage d’Adam Sandler dans le film The Waterboy.

« Je serais prêt à jouer n’importe quel rôle, je ferais même le waterboy! », a lancé celui qui possède définitivement assez de talent pour remplir un mandat crucial. « Bien sûr, je serais sans doute délégué pour procurer de l’énergie à l’équipe et je veux contribuer comme il faudra pour ramener une première médaille d’or depuis longtemps (2009). »

Le caractère pour évoluer à Montréal

L’an dernier, malgré une présence au Championnat mondial U18, Grégoire n’avait pas convaincu les dirigeants de Hockey Canada de l’inviter sur le programme U20. Cette fois, il leur a forcé la main en impressionnant jusqu'à l’élimination du Drakkar en finale de la LHJMQ le 13 mai.

Ce long parcours en séries n’a pas empêché Grégoire de se démener en gymnase surtout qu’on le considère parfois comme un « maniaque » de l’entraînement.

« Oui, on dit cela de moi et on me suggère de lever le pied à l’occasion, mais j’aime être dans le gymnase », a dévoilé celui qui a sué à grosse gouttes au centre d’entraînement de hockey fondé par son père Jean-François à Sherbrooke.

Il faut dire que la famille Grégoire est liée au hockey depuis fort longtemps puisque Jérémy a grandi en suivant son paternel sur la route du hockey professionnel dans des circuits inférieurs notamment au Texas et en Oklahoma.

L’association ne s’arrête pas ici car Thomas, le petit frère de Jérémy, devrait faire ses premiers pas dans la LHJMQ cette saison. Et il ne faudrait pas oublier le grand-père qui a été entraîneur au niveau junior majeur.

Avec un tel historique, ce n’est guère surprenant de constater que Grégoire se débrouille dans plusieurs aspects sur la patinoire.

« Je me décris comme un joueur intelligent qui voit bien le jeu et qui travaille à tous les instants. Je peux aussi me débrouiller autant offensivement que défensivement », a répondu Jérémy qui entend le prouver à tous les décideurs d’ÉCJ.

Si certains joueurs présents au camp estival apprennent à combattre leur timidité devant les journalistes, Grégoire affiche une assurance éclatante laissant croire qu’il pourra gravir les derniers échelons vers la LNH. Il y arrivera peut-être à temps pour côtoyer un joueur qu’il apprécie depuis longtemps, Jason Spezza.

« C’est un centre droitier et je jouais un peu comme lui quand j’étais plus jeune. Les Sénateurs avaient atteint la finale en 2007 (face aux Ducks) et c’est un peu à ce moment que j’ai vraiment accroché », a conclu Grégoire qui devrait bien cadrer dans la philosophie implantée par Marc Bergevin chez le Canadien.

Mardi soir à l’Aréna Ed Meagher de l’Université Concordia, le Canada disputera le premier de quatre matchs préparatoires en affrontant la République tchèque. Parmi les joueurs en uniforme, notons Zachary Fucale, Anthony Duclair, Frédérik Gauthier, Samuel Morin, Aaron Ekblad et Sam Reinhart.