La défense présente ses observations finales dans le procès
AVERTISSEMENT : LE TEXTE QUI SUIT CONTIENT DES ALLÉGATIONS D'AGRESSION SEXUELLE.
Une femme accusant cinq joueurs de hockey d'agression sexuelle a inventé un faux récit parce qu'elle refusait d'assumer la responsabilité de ses décisions ce soir-là, a soutenu l'avocat de la défense de l'un des joueurs, alors que les plaidoiries finales commençaient lundi.
David Humphrey, qui représente Michael McLeod, a soutenu que la plaignante avait présenté une version « totalement incroyable et peu fiable » des événements survenus dans la nuit du 18 juin jusqu'aux premières heures du 19 juin 2018, et a exhorté la juge à ignorer plusieurs aspects du témoignage de la femme, notamment celui selon lequel elle aurait agi par peur.
Il a soutenu que la femme n'était peut-être pas disposée à admettre, aux autres et à elle-même, qu'elle avait eu des « aventures sexuelles dans une chambre d'hôtel » avec plusieurs hommes qu'elle venait de rencontrer, et qu'elle avait créé un récit « dans lequel elle n'assume aucune responsabilité » pour sa participation à ces actes.
Elle était bouleversée d'avoir trompé son petit ami et estimait que McLeod et Alex Formenton, un autre joueur accusé et co-chambreur à l'hôtel, avaient été impolis avec elle au moment de son départ, a expliqué Me Humphrey.
Lorsque sa mère l'a trouvée dans la salle de bain, l'air contrarié, « elle a trouvé cela avantageux de se faire passer pour une victime », a soutenu l'avocat de la défense.
« Mais ce qui a commencé comme (…) un mensonge blanc compréhensible partagé en privé avec sa mère a dégénéré, hors de son contrôle, en une enquête criminelle. »
McLeod, Formenton, Dillon Dube, Carter Hart et Callan Foote ont plaidé non coupables d'agression sexuelle. McLeod a également plaidé non coupable d'une accusation supplémentaire de complicité d'agression sexuelle.
Les procureurs allèguent que McLeod, Hart et Dube ont obtenu des rapports sexuels oraux de la femme sans son consentement, et que Dube lui a giflé les fesses alors qu'elle était en train d'avoir des rapports sexuels avec une autre personne.
Foote est accusé d'avoir fait le grand écart sur le visage de la femme et d'y avoir « frôlé » ses parties génitales sans son consentement. Formenton aurait eu des relations sexuelles vaginales avec la plaignante dans la salle de bain sans son consentement.
Les cinq accusés étaient membres de l'équipe canadienne de hockey junior du championnat mondial de 2018, et se trouvaient à London, en Ontario, avec plusieurs de leurs coéquipiers pour une série d'événements soulignant leur médaille d'or au championnat de cette année-là, a appris le tribunal. La plupart des membres de l'équipe se sont retrouvés au Jack's, un bar du centre-ville, après un gala organisé par Hockey Canada, a appris le tribunal.
La plaignante, qui avait 20 ans à l'époque, était au bar avec des collègues et est finalement partie avec McLeod pour se rendre dans sa chambre d'hôtel, où ils ont eu des relations sexuelles. Cette rencontre ne fait pas partie du procès, qui se concentre plutôt sur ce qui s'est passé après l'entrée de plusieurs autres joueurs dans la pièce.
Elle était ivre, choquée et effrayée lorsque des hommes qu'elle ne connaissait pas sont entrés dans la pièce, a-t-elle déclaré au tribunal pendant plusieurs jours de témoignage, et se demandait comment ils réagiraient si elle n'acceptait pas leurs demandes. Elle a décrit avoir eu l'impression que son esprit s'était « éteint » et s'être livrée à des actes sexuels en « pilotage automatique ».
Dans ses observations, Me Humphrey a souligné qu'il n'incombait pas à son client ni aux autres accusés de prouver leur innocence ou de réfuter la thèse de la Couronne, et que le tribunal n'avait pas non plus pour tâche d'évaluer si les hommes « auraient pu se comporter mieux ou être plus respectueux ».
Le consentement de la plaignante remis en question
La question de savoir si la plaignante a subjectivement consenti à l'activité sexuelle est au cœur de l'affaire, et bien qu'elle seule puisse fournir une preuve directe de ce qu'elle avait en tête à ce moment-là, sa crédibilité est « centrale » en la matière, a-t-il soutenu.
Me Humphrey a suggéré que la femme avait avancé l'explication selon laquelle elle s'était livrée à des actes sexuels parce qu'elle avait peur lorsqu'elle s'est adressée aux tribunaux civils après la clôture de l'enquête policière initiale sans inculpation.
L'enquêteur chargé de l'affaire a expliqué à la femme qu'il n'y avait pas de motif pour porter des accusations, notamment parce qu'elle ne semblait pas en état d'ébriété sur les vidéos la montrant entrer et sortir de l'hôtel et parce qu'il semblait y avoir un « certain degré de consentement compte tenu de sa participation active », a appris le tribunal.
Le tribunal a entendu de la part de certains joueurs présents dans la chambre, dont Hart, que la femme avait à un moment demandé au groupe si quelqu'un accepterait d'avoir des relations sexuelles avec elle. Lorsque cette suggestion lui a été soumise lors du contre-interrogatoire, la femme a déclaré ne pas se souvenir de l'avoir dit, mais que si elle l'avait fait, c'était un signe qu'elle était complètement ivre.
Me Humphrey a déclaré que l'idée que quelqu'un invite des personnes à avoir des relations sexuelles pour se sortir d'une situation effrayante était « absurde ». Une personne terrifiée « ferait le minimum pour éviter tout préjudice », a-t-il soutenu.
Les avocats des autres joueurs auront également l'occasion de présenter leurs observations à la juge Maria Carroccia de la Cour supérieure de l'Ontario, puis aux procureurs. La juge devrait également fixer une date pour rendre sa décision.
Le procès a débuté fin avril et a entendu neuf témoins, dont la plaignante et l'un des accusés.