Même en 2020, le racisme perdure au hockey. Cette semaine, à TSN in Depth, l’attaquant des Sharks de San Jose Evander Kane et le jeune attaquant Myles Douglas des Rangers de New York (midget AAA) ont abordé en profondeur ce sujet en compagnie de Rick Westhead et de Mark Masters.

Voici un extrait de leur discussion.

Rick Westhead : Au cours d’une saison, combien de fois es-tu (Myles Douglas) la cible de racisme?

Myles Douglas : Je dirais que quelqu’un passe un commentaire un match sur deux. Plus souvent dans le coin de la patinoire, soit parce que je dérange un joueur, ou si je frappe quelqu’un et que ça le fâche, alors on va me traiter de noms. Je ne peux pas vraiment répliquer sinon je peux me faire sortir aussi.

Westhead : Quelle est ta réaction sur le moment?

Douglas : Je ne fais pas grand-chose. Je regarde le joueur et je dis : "wow, tu viens vraiment de dire ça?" Mais je n’en rajoute pas et je m’en vais. Je garde son numéro en mémoire et si je le vois dans le coin de la patinoire plus tard, je vais le frapper contre la bande et ça s’arrête là. »

Mark Masters : Qu’est-ce que les gars disent, si ça ne te dérange pas d’en parler?

Douglas : On utilise le N-word ou on me dit que je ne devrais pas être ici, ce genre de choses.

Westhead : Est-ce que les autres entendent autour?

Douglas : Personne ne l’entend vraiment et ils ne peuvent pas faire grand-chose s’ils ne l’entendent pas, alors ça ne me sert pas vraiment à rien d’avertir les arbitres.

Westhead : Est-ce que tu en parles à tes entraîneurs?

Douglas : Je ne pense pas qu’ils peuvent faire quoi que ce soit non plus. Ils vont dire aux arbitres d’être attentifs, c’est déjà arrivé, mais les joueurs vont simplement me parler quand les arbitres ont le dos tourné ou qu’ils ne peuvent rien entendre. Donc non, je n’en ai jamais vraiment parlé aux entraîneurs ou aux arbitres.

Westhead : Evander, qu’est-ce que tu penses de ce que tu viens d’entendre?

Evander Kane : Je ne suis pas surpris. Les gens ne veulent pas admettre que ça arrive encore aujourd’hui. Ils se ferment les yeux, font comme si ça n’existe pas. J’apprécie le fait qu’il soit capable de partager cette histoire à son âge et qu’il n’ait pas peur de parler haut et fort. Ce qui me déçoit quand j’écouter Myles, c’est qu’il a l’impression que ses propres entraîneurs ne peut vraiment agir même s’ils sont de son côté et qu’ils prennent probablement ça au sérieux, qu’ils aient entendu les commentaires ou non. On n’invente pas ça.

C’est décevant d’entendre qu’il a l’impression que rien ne peut être fait pour changer la situation. Je me sens pareil. Ça m’est arrivé en séries au Colorado. Un partisan me criait toutes sortes d’insultes et j’ai averti l’arbitre, mais rien n’a été fait. Je le comprends, j’ai déjà été la cible de racisme et je sais que beaucoup de joueurs qui me ressemblent le sont aussi. »