Si Pierre Gauthier a nommé Randy Cunneyworth, un unilingue anglophone, à la barre du Canadien, c'est parce que la succession était déjà prête. Je ne crois pas que Cunneyworth soit toutefois en poste l'an prochain alors le seul conseil que je puisse y donner est de se louer un appartement et de ne pas s'acheter une maison. Il est la solution en attendant.

Pour que Cunneyworth soit nommé à ce poste, il fallait vraiment que les choses ne fonctionnent pas bien avec Jacques Martin.

Le Canadien se doit de prouver qu'il est branché sur son milieu et doit embaucher un entraîneur qui peut s'adresser aux partisans et aux médias en français. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire que le gars soit parfaitement bilingue, mais il doit être capable de s'adresser aux gens comme le faisaient Bob Gainey ou Scotty Bowman par exemple. Leur niveau de français était acceptable et les gens comprenaient et l'acceptaient. Les amateurs apprécient qu'un anglophone tente sa chance avec la langue de Molière. Pour mettre les choses en perspective, croyez-vous qu'on accepterait à Toronto qu'un unilingue francophone dirige les Maple Leafs?

Que la langue de travail dans le vestiaire soit l'anglais, on comprend la situation, mais la conjoncture géographique du Québec fait en sorte que le pilote du Canadien doit être en mesure de s'adresser dans leur langue à 80% des partisans du club. Je vois la situation d'un mauvais oeil, à moins que la personne en question soit une supervedette dans son domaine et qu'il gagne des coupes Stanley à répétition. Selon moi, la seule façon que Cunneyworth peut garder son poste est s'il gagne la coupe.

Il ne faut pas que la direction du Canacien néglige cette facette qui est importante. Que le capitaine ne parle pas français, ça peut passer, mais derrière le banc, il faut un gars qui parle le langage de la majorité. C'est un peu comme si tu achètes un article et que les instructions sont uniquement en anglais. C'est juste une question de respect.

Le Canadien se doit de regarder dans sa cour pour embaucher un entraîneur ou un joueur. En plus de bien paraître, ça donne la chance aux gens de notre coin d'avoir l'opportunité de se faire valoir. Qui sait, peut-être qu'un jour Guy Boucher viendra diriger le Canadien après être allé faire ses classes ailleurs. Il ferait simplement le chemin contraire des gars comme Alain Vigneault, Michel Therrien ou Claude Julien ont pris au début de leur carrière dans la LNH.

La tête sur le billot

Pierre Gauthier se verra peut-être indiquer le chemin de la sortie à son tour à la fin de la saison. Je ne pense pas que Geoff Molson voulait payer un autre entraîneur immédiatement et l'imposer à un éventuel futur directeur général l'an prochain s'il décide que Gauthier n'est plus l'homme de la situation. Personnellement, je pense que monsieur Gauthier sera le prochain à passer dans le tordeur.

Gauthier a imposé Randy Cunneyworth et Randy Ladouceur à Jacques Martin l'automne dernier. En plus, Martin a vu son patron tasser son bon ami Perry Pearn il y a quelques semaines. Pearn est passé du poste de responsable des défenseurs à celui de responsable des avantages numériques. On l'a limogé parce que l'attaque massive était à 9,3%. Depuis, c'est Cunneyworth qui était responsable de cet aspect et le pourcentage a atteint maintenant un faramineux 11,4%.

Depuis le début de la saison que Gauthier a la tête sur le billot. C'est lui qui croyait en ses nouveaux entraîneurs et qui les a amenés à Montréal.

Sur la patinoire, Gauthier est allé chercher Tomas Kaberle pour donner un joueur d'expérience à Martin, qui ne cessait de dire qu'il perdait des matchs par manque d'expérience. En allant chercher ce vétéran défenseur, le directeur général du Canadien a enlevé des excuses à Martin. Cette bouée de sauvetage n'a pas été suffisante pour sauver le pilote du Canadien.

Au camp, j'avais l'impression qu'il y avait trop d'adjoints derrière banc du Tricolore et qu'on se pilait sur les pieds. Je ne pense pas que Cunneyworth s'est amené dans la LNH pour rester comme adjoint. Lui, il attendait sa chance dans la LNH. On lui avait sans doute fait des promesses. Étant donné qu'on lui avait imposé des adjoints, j'avais l'impression que Jacques Martin vivait sur temps emprunté.

Mes candidats

Comme bien des observateurs, le nom de Patrick Roy est celui qui vient en tête de liste comme futur entraîneur du Canadien. Roy est allé payer le prix pendant huit saisons dans la LHJMQ. Il a connu d'excellents résultats, il a gagné la coupe Memorial et il a dirigé ses fils. Il a accompli ce qu'il avait à accomplir dans les rangs juniors et il veut sans doute tester ses qualités au niveau de la LNH. Moi, je crois qu'il est prêt à faire le saut.

Si on rêve d'action à Montréal, je pense qu'on ne s'ennuierait pas avec Roy derrière le banc du CH.

Parmi les autres candidats, il ne faut pas écarter le nom de Bob Hartley, qui est actuellement en Suisse. Il est aussi un candidat logique, lui qui est francophone et qui a remporté la coupe Stanley.

Est-ce qu'on oserait donner une deuxième chance à un gars comme Michel Therrien? Ça me surprendrait qu'on fasse ce que les Hurricanes de la Caroline ont fait avec Paul Maurice. Je ne sais pas si Jacques Lemaire se laisserait convaincre de sortir de sa retraite.

Je ne suis pas convaincu que le Canadien voudra y aller avec un entraîneur recrue parce que j'aimerais bien Benoît Groulx ait sa chance. J'en doute aussi, mais il mériterait au moins de passer une entrevue. Il y a aussi le nom de Clément Jodoin qui est intéressant.

Ça risque de devenir un sujet inépuisable dans les prochains mois.

*propos recueillis par Robert Latendresse