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Hockey Canada : il était temps!

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Dans un monde idéal, le gros bon sens aurait eu raison il y a longtemps.

Les membres du conseil d'administration de Hockey-Canada, Scott Smith, le président-directeur général de l'organisme qui orchestre la gestion du hockey mineur au Canada et ses plus influents « coéquipiers » auraient dû perdre leurs emplois dès les premières révélations qui ont démontré l'affreuse gestion de toute cette équipe.

 

Le gros bon sens aurait dû avoir raison dès qu'on a su que l'organisme avait protégé l'identité de jeunes joueurs de son équipe junior d'élite visés par des allégations d'agressions sexuelles à l'endroit d'une jeune femme.

 

Le gros bon sens aurait dû avoir raison dès que les leaders du hockey mineur au Canada ont confirmé et défendu ensuite bec et ongle, le fait qu'il était plus important à leurs yeux de payer à coups de millions $ le rachat des actes criminels commis par leurs jeunes joueurs plutôt que de réclamer la tenue d'une enquête criminelle en bonne et due forme.

 

Le gros bon sens aurait dû prévaloir quand on a appris que plusieurs rachats du genre se sont succédé au fil des dernières années. Que ces rachats étaient effectués par le biais d'une petite caisse secrète remplie de millions $ détournés des fonds publics, des cotisations versés par les parents des jeunes garçons et filles qui jouent au hockey dans les dix provinces et les trois territoires et des sommes colossales versées annuellement par les gros et très gros commanditaires associés à Hockey-Canada.

 

Le gros bon sens aurait dû suffire, mais il a fallu plus.

 

Il a fallu plus que les doléances cinglantes du premier ministre Justin Trudeau et de sa ministre des sports Pascale St-Onge.

 

Il a fallu plus que la décision de Hockey-Québec et d'autres fédérations provinciales de cesser de verser les cotisations prélevées dans leur province respective.

 

Il a fallu le poids économique des retraits en série des commanditaires qui gonflaient les coffres de Hockey-Canada, les salaires et comptes de dépenses de ses plus importants joueurs. Dont Michael Smith qui touchait un salaire de plus d'un million $ annuellement.

 

Et ça, c'est seulement les montants connus.

 

Il est dommage que le gros bon sens et le travail exceptionnel de mon collègue Rick Westhead de TSN, de nos collègues du Globe and Mail et de tous les médias qui ont fait la lumière sur cette gestion déficiente et indigne d'un organisme aussi important sur le plan national n'aient pas suffi. Que le pouvoir de l'argent en commandites ait été nécessaire pour forcer les départs « en bloc » de tous les dirigeants de Hockey-Canada.

 

Mais ce qui prime par-dessus tout, c'est le résultat final qui permettra à Hockey-Canada de repartir sur des bases nouvelles et plus solides. Un résultat final qui donne une fois encore raison au grand principe selon lequel il n'est jamais trop tard pour bien faire.

 

Une place pour le Québec

 

Ce nouveau départ est essentiel.

 

Comme il serait sans doute essentiel de s'assurer d'avoir une meilleure représentation des provinces chez Hockey-Canada, un organisme qui a non seulement pignon sur rue à Calgary, mais qui est considéré depuis longtemps, depuis toujours diraient même certains, comme le « country club » des philosophies de l'Ouest.

 

Les candidatures sont ouvertes et les membres qui viennent de quitter assurent qu'ils ne poseront pas leur candidature. Le contraire aurait été absurde. Mais bon! On ne semble pas à une absurdité près à Hockey-Canada…

 

On ne peut que souhaiter que des candidatures fortes viennent du Québec et de l'Ontario. Les deux plus grosses fédérations canadiennes. Et il serait peut-être temps que le Québec obtienne une place plus importante à Hockey-Canada au lieu d'être une fois encore balayé du revers de la main ou confiné dans un rôle obscur comme c'est malheureusement le cas depuis trop longtemps.

 

Quels Québécoises ou Québécois pourraient donner une nouvelle direction à Hockey-Canada?

 

Marc Denis vient de présider un comité visant à revoir les structures du hockey mineur au Québec. Il a défendu les couleurs du Canada. Il est avantageusement connu et reconnu d'un océan à l'autre dans le monde du hockey et dans le monde médiatique.

 

Jocelyn Thibault est directeur général de Hockey-Québec. Il jouit lui aussi d'une réputation solide sur la patinoire et à l'extérieur.

 

Le nom de Stéphane Quintal me vient aussi en tête. Ancien défenseur du Canadien – des Bruins, des Rangers et des Blackhawks dans la LNH – il a été préfet de discipline dans la Ligue nationale, il est toujours très impliqué au bureau de gestion de sécurité des joueurs dans la LNH et il assure le lien entre la LNH et la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) dans des conditions internationales.

 

La candidature de Danièle Sauvageau devrait certainement être considérée elle aussi. Mme Sauvageau a conduit l'équipe féminine aux grands honneurs aux Jeux olympiques. Elle est une figure de proue dans le monde de hockey au pays. En plus, sa carrière dans le monde policier aiderait sans doute à redonner une forme de respect de l'ordre au sein de l'organisme.

 

Un autre nom puisqu'il est question d'entraîneur : Dany Dubé a dirigé Équipe-Canada aux Jeux olympiques de Calgary. Il a déjà de l'expérience avec Hockey-Canada. Lui aussi a une réputation enviable.

 

D'autres noms aussi valables méritent d'être ajoutés à cette liste de Québécois bien en vue. Et il est à souhaiter que des listes tout aussi étoffées soient dressées dans les autres provinces. Car il est important de trouver la et les meilleures personnes possible pour redresser Hockey-Canada. Cette ou ces personnes n'ont pas besoin nécessairement de venir du Québec. Mais le Québec doit avoir une place plus grande que celle qu'on lui réserve depuis trop longtemps.

 

Au-delà l'enquête Cromwell

 

Peu importe l'identité des prochains membres du conseil d'administration qui seront élus, le 17 décembre prochain, peu importe l'identité du prochain ou de la prochaine PDG et de ses principaux coéquipiers, il sera crucial de profiter des conclusions de l'ancien juge de la Cour suprême du Canada Thomas Cromwell à qui on a confié la révision de la gouvernance à Hockey-Canada.

 

Mais au-delà les analyses, les observations, les conseils et/ou recommandations que proposera l'honorable juge Cromwell, il sera tout aussi important de faire la lumière sur les origines de cette gestion fautive.

 

Andrea Skinner, la présidente par intérim du conseil d'administration qui a amorcé le mouvement de masse en démissionnant samedi, Michael Brind'Amour qu'elle a remplacé en août dernier, les autres membres du conseil d'administration et le PDG Scott Smith sont tous coupables d'avoir maintenu et défendu la politique de gestion qui était en place.

 

Ce qu'il est crucial de savoir maintenant est : qui donc a eu cette idée absurde de créer un ou des fonds secrets pour acheter le silence de victimes d'actes criminels, dont des agressions sexuelles, pour protéger l'identité des coupables et surtout l'image d'Hockey-Canada?

 

Car si les dirigeants qui démissionnent en bloc aujourd'hui sont coupables par association, ils ne sont pas les seuls à devoir essuyer les critiques normales et justifiées en marge de la gestion honteuse de fonds publics. Car ceux qui ont mis cette gestion en place «sévissent» peut-être ailleurs en ce moment. Et il serait important de prévenir d'autres formes de gestion honteuse de leur part.

 

Il serait bête de ne pas utiliser ce qui s'est passé à Hockey-Canada au fil des dernières années pour vérifier l'ensemble des autres organisations de sports amateurs au pays. Pour vérifier si d'autres formes de gestion honteuse ne sont pas installées ici et là au pays. Si quelque part au pays des fonds publics ne sont pas gaspillés pour acheter du silence au lieu d'être investis dans une forme ou une autre d'éducation, de prévention.

 

En terminant, et c'est ce qui prime sur tout, on ne peut que souhaiter que les changements qui s'amorcent chez Hockey-Canada avec les départs en bloc de l'ancienne garde redonneront confiance aux bénévoles qui se donnent corps et âme pour la cause du hockey mineur au pays.

 

Car contrairement aux prétentions lancées par Andrea Skinner la semaine dernière devant les membres d'un comité du patrimoine aux communes, les lumières ne s'éteindront pas en raison de son départ et de celui de membres de son ancienne équipe de direction. Mais ces lumières se fermeront et ne se rallumeront jamais sans la présence des jeunes garçons et filles sur les patinoires du pays et sans les bénévoles qui leur transmettent leur passion pour le sport. D'où l'importance de renouveler la confiance à l'endroit de l'organisme qui doit promouvoir le hockey au pays.

 

Et ce qui est vrai au hockey l'est dans tous les autres sports pratiqués au pays d'un océan à l'autre ou, comme on le dit dans le Rest of Canada : « from coast, to coast, to coast! »