Ann-Sophie Bettez ne se faisait pas trop d'illusions. Elle avait entendu dire que son nom circulait pour une possible sélection avec l'équipe nationale de Hockey Canada, mais à 31 ans, elle avait l'impression que ses chances étaient bien minces.

« Je me disais : " je vais y croire lorsque ça se produira'" », a confié l'athlète originaire de Sept-Îles.

Puis, est arrivé un courriel l'informant qu'elle avait été choisie pour porter les couleurs du Canada dans une série de trois matchs contre les États-Unis qui s'amorcera mardi à London, en Ontario.

Les deux autres duels seront présentés jeudi à Toronto et dimanche à Detroit.

« Parfois, lorsque vous ne vous y attendez pas, c'est encore meilleur », a déclaré Bettez à La Presse canadienne.

« Peu importe l'âge, c'est une belle surprise de se faire inviter pour devenir membre de l'équipe nationale. Quand ça se produit, ça fait chaud au coeur. »

Il faut remonter au tournant du siècle pour retrouver une recrue âgée dans la trentaine avec l'équipe du Canada.

La moyenne d'âge au sein de l'équipe canadienne a chuté en parallèle avec les avancées réalisées au hockey féminin et une importante hausse de la participation.

C'est l'une de ces avancées qui a ouvert la porte à Bettez, une joueuse qui s'est développée sur le tard et qui n'a pas arboré la feuille d'érable depuis les Jeux mondiaux universitaires de 2011, alors qu'elle fréquentait l'Université McGill.

La Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF) a ouvert ses portes à l'attaquante de cinq pieds, quatre pouces et 132 livres et lui a donné une chance de se faire valoir.

« Personnellement, j'ai eu une croissance tardive », affirme Bettez.

« Lorsque j'ai commencé à jouer dans la LCHF, avec ces joueuses de l'équipe nationale et aussi contre ces joueuses, c'est là que j'ai eu un indice que je pourrais avoir le potentiel d'évoluer avec l'équipe nationale. Je sais que lorsque j'étais plus jeune, je ne crois pas que j'avais la confiance pour jouer à ce niveau. »

À titre de porte-couleurs des formations de moins de 22 ans en 2009 et en 2010, Bettez a déjà fait partie du groupe d'espoirs de l'équipe nationale.

L'invitation à l'échelon suivant n'est jamais arrivée et Bettez s'est jointe à la formation de Montréal de la LCHF tout en menant une carrière à titre de conseillère financière.

Pendant ses sept saisons dans la LCHF, elle a maintenu une moyenne de 1,5 point par match, remporté le championnat des marqueuses ainsi que le trophée remis à la joueuse la plus utile en 2014, et gagné la Coupe Clarkson en 2017.

Brianne Jenner, une joueuse d'avant membre de l'équipe nationale depuis 2011, a patiné avec Bettez lors de la troisième période du match des étoiles de la LCHF le mois dernier à Toronto. Elle a été impressionnée par ce qu'elle a vu.

« Elle est une joueuse d'élite dans cette ligue depuis longtemps, a affirmé Jenner. Sa vitesse ... se classe probablement parmi le premier trois pour cent. »

La production continuelle de Bettez avec les Canadiennes de Montréal, même pendant que les vedettes Marie-Philip Poulin et Mélodie Daoust participaient aux Jeux olympiques l'an dernier, est ce qui a attiré l'attention de la nouvelle directrice générale du hockey féminin chez Hockey Canada.

« À mes yeux, avec ce qu'elle a accompli dans la LCHF et à quel point elle a dominé au chapitre des points, même avec ses coéquipières de trio qui prenaient part aux Jeux olympiques, ça allait de soi », a précisé Gina Kingsbury, qui a joué à l'avant avec l'équipe du Canada lors des Jeux olympiques de 2010.

« Elle avait une importante présence dans la LCHF, a ajouté Kingsbury. Si une athlète semble connaître du succès, même à un âge plus avancé, et que nous pensons qu'elle peut nous aider, il n'y a aucune raison de ne pas lui donner une chance. »

Le Canada a besoin de marquer des buts contre les rapides et créatives Américaines, qui remportent maintenant la majorité de leurs matchs contre leurs grandes rivales.

Alors que Daoust est au rancart par ce qui serait une blessure à un genou, le Canada a espoir que le tandem Bettez-Poulin puisse recréer la chimie qui existe entre elles avec les Canadiennes de Montréal, et ce sur la scène internationale.

« Elle est tellement rapide, a fait remarquer Poulin. Elle joue à une grande vitesse. C'est difficile de garder le rythme avec elle, mais ça me rend meilleure. Sa vision du jeu, sa façon de jouer, son éthique de travail font d'elle, selon moi, l'une des meilleures joueuses. »

Avec une chance, finalement, de jouer pour le Canada, et avec les Championnats du monde à venir en avril, Bettez voit sa carrière au hockey avec de nouvelles lentilles.

« Ça change les choses. Pendant les prochains mois et les prochaines années, je suis prête à investir les efforts pour devenir la meilleure joueuse possible, en m'entraînant de la meilleure façon, en prenant soin de mon corps et toutes ces choses. »

« C'est une opportunité pour mois de vivre mon rêve et de faire partie de l'équipe nationale. »