Il y a quatre ans, après huit saisons avec les Kings de Los Angeles, Ian Laperrière s'est retrouvé libre comme l'air.

Plusieurs amateurs avaient alors rêvé de voir le combatif attaquant québécois s'amener à Montréal et s'aligner avec le Canadien.

Toutefois, les offres ne sont jamais venues et vous connaissez le reste de l'histoire: « Lappy » s'est installé au Colorado où les partisans de l'Avalanche sont rapidement tombés en amour avec lui.

Coéquipier respecté et apprécié dans toutes les villes où il a joué, Laperrière s'est toujours défoncé au maximum pour son équipe.

Il a joué blessé, il s'est battu souvent, il n'a jamais ménagé son corps et il a encaissé des coups au nom de la victoire parce que c'est un gars d'équipe comme il ne s'en fait pratiquement plus.

Soir après soir, il s'est présenté à l'aréna pour se donner corps et âme en bloquant des lancers et bataillant sans relâche dans les coins de patinoire. À chaque match, il a placé les intérêts de son équipe avant les siens. Mais pour « Lappy », il n'y a aucun sacrifice dans tout cela car c'est la seule façon de faire qu'il connaît et c'est ce qui lui a permis de pouvoir atteindre le vénérable plateau des 1 000 matchs avant la fin de la saison.

L'attaquant québécois de 35 ans disputera ce fameux 1 000e match samedi après-midi. On s'est parlé au début de la semaine, mais il préférait attendre d'avoir joué le 999e question de ne pas précipiter les choses. C'est du pur Ian Laperrière. Un homme terre-à-terre qui ne veut pas sauter d'étapes. « C'est parce que j'essayais de ne pas trop y penser. On ne sait jamais ce qui peut arriver et je ne voulais pas vivre de déception », explique t-il.

Blessé il y a quelques semaines, il a été contraint de rater huit parties et à ce moment, il a commencé à regarder le calendrier. « Je voulais absolument vivre ce moment-là avec le chandail de l'Avalanche. Je serai joueur autonome le premier juillet et même si je veux rester ici et qu'on dit vouloir me garder, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Je ne m'imaginais pas arriver dans une autre organisation, jouer trois ou quatre parties puis atteindre ce plateau.

«Plusieurs personnes ne comprennent pas pourquoi je m'entraîne autant. C'est pour jouer longtemps et ça demeure probablement la chose dont je suis le plus fier quand je pense à ma carrière» explique celui qui malgré son âge a été employé pendant 19 et 17 minutes cette semaine.

Quel coup du destin

Il y a quelques jours, en regardant le calendrier, Ian a réalisé qu'il atteindrait le plateau des 1 000 matchs, samedi le 11 avril.

Habituellement, cette date lui rappelle un souvenir douloureux. Il y a six ans, le 11 avril 2003, son père Michel rendait l'âme à la suite d'un long combat contre le cancer. C'est comme si aujourd'hui, son paternel lui disait à sa manière qu'il n'est pas très loin et qu'il veille encore sur lui.

« D'habitude, c'est une journée triste et cette année ça va être différent » raconte t-il. Toutefois, sa mère Francine est arrivée au Colorado et ils pourront vivre ce week-end particulier ensemble. D'ailleurs toute la famille sera impliquée.

« Les gens de l'Avalanche m'ont proposé d'embarquer mes fils avec moi sur la patinoire avant le match. À chaque partie, pour l'hymne national, un jeune hockeyeur accompagne les joueurs, mais samedi il y en aura deux! Je me compte chanceux de pouvoir vivre ça avec Zachary qui a cinq ans et avec Tristan qui lui a sept ans » raconte « Lappy ».

Puis dimanche lors de la dernière partie de la saison régulière de l'Avalanche, toute la famille sera présentée au centre de la glace alors qu'on déroulera le tapis rouge pour lui remettre le traditionnel bâton d'argent. Ça ne ressemble en rien aux cérémonies bâclées pour souligner la réalisation de tels exploits à Montréal. Parlant de cérémonies, l'an passé, Ian a été nommée père de l'année à Denver.

It's all about Lappy

Quand les Kings de Los Angeles ont célébré leur 35e anniversaire d'existence, ils ont tenu un important sondage auprès de leurs fans afin de dévoiler les noms des dix joueurs le plus populaire de l'histoire de cette organisation. À travers les noms de grandes vedettes comme Wayne Gretzky, Marcel Dionne, Luc Robitalle, Rogation Vachon, Charlie Simmer ou Dave Taylor se retrouvait celui de Ian Laperrière.

Les partisans des Kings l'ont tellement aimé, qu'à son départ, une jeune enseignante de Los Angeles a fondé un site internet dédié à l'attaquant québécois. Karen Ellis sera à Denver ce week-end avec son époux pour assister au 1 000e match de son héros. Et elle ne sera pas la seule à avoir fait le voyage. « Vendredi matin, à notre site d'entraînement, j'ai été réellement touché de voir qu'il y avait autant de monde qui sont venus pour ça. Y'a un gars qui a fait le trajet du Nebraska pour venir à la partie. Heye, c'est presque dix heures de route ça » de raconter Ian pratiquement incrédule.

Je vous invite à visiter le site où l'on retrouve photos, anecdotes, biographies et l'on peut même acheter des t-shirts souvenirs. Les profits sont versés à la Fondation du Manoir Ronald McDonald. « Dernièrement, j'ai vu une personne avec un t-shirt à Nashville ou Atlanta. Honnêtement, je n'en reviens pas à chaque fois ».

L'adresse du site, c'est : www.itsallaboutlappy.com