MONTRÉAL – Dans les poignées de mains et les franches accolades que Marc-André Élément a partagées avec ses adjoints, dimanche soir, il y avait beaucoup plus que la simple satisfaction d’avoir traversé une ronde de séries.

Quand la sirène du vieux McConnell Arena a confirmé la victoire des siens dans le match décisif du premier tour éliminatoire de l’Ontario University Athletics (OUA), Élément est devenu le premier entraîneur-chef en 19 ans à mener les Stingers de Concordia à l’élimination de leurs rivaux de l’Université McGill.

Une victoire comme les autres? Personne ne l’aurait cru s’il avait tenté de jouer cette carte après pareille délivrance.

« Je vais être honnête, Concordia a mangé son pain noir pendant plusieurs années contre McGill, s’est ouvert le jeune entraîneur dans une entrevue avec RDS lundi. J’ai joué pendant cinq ans ici avant de coacher, j’ai aussi été entraîneur-adjoint... On a mangé notre pain noir et je ne dirai pas que c’est en train de virer de bord, mais on est beaucoup plus compétitif année après année. »

« Je suis vraiment content de ce qu’on a fait et c’est bon que le monde commence à parler de Concordia! C’est quelque chose qui me tracassait un peu et je suis vraiment content que le monde réalise qu’il n’y a pas juste McGill à Montréal. »

Avant d’être renversé à son domicile, dimanche, McGill avait éliminé Concordia lors des cinq derniers duels éliminatoires entre les deux voisins. Élément avait été au cœur de trois de ces déceptions. Comme joueur, il a vécu la raclée de 8-0 lors du match ultime de la première ronde en 2007. Il était entraîneur-chef par intérim en 2016 lorsque les Rouges avaient donné le ton à la série avec un gain de 9-2. Deux ans plus tard, en finale d’Association, ses Stingers avaient poussé la série à la limite avec une victoire en prolongation, mais s’étaient inclinés 6-2 dans le match décisif.

« Tu sais, qu’on le veuille ou non, durant l’été, tu t’en fais parler. T’as beau dire que tu as fait les séries, la question est toujours : « Avez-vous battu McGill? ». Et ça faisait plusieurs années que je devais dire qu’on avait perdu en première ronde, qu’on avait perdu contre McGill. Mais la tendance, elle commence à changer. »

« Cette année, on a gagné en prolongation, on a perdu en prolongation... C’est vraiment égal. C’est gros pour nous autres. On s’en va dans la bonne direction pis c’est le fun. »

Si deux décennies d’échecs avaient créé leur lot de complexes, les Stingers pouvaient aborder l’affrontement de cette année avec une confiance justifiée. Au classement final de la saison régulière, les hommes en bourgogne s’étaient positionnés au cinquième rang sur dix équipes, à seulement trois petits points de la quatrième place occupée par McGill.  

Pour Élément, il s’agissait déjà d’un petit exploit considérant toutes les malchances qui ont miné le parcours de son équipe. Le coach a perdu ses deux premiers gardiens avant la mi-saison et a éventuellement dû donner le filet à la recrue de 21 ans Kyle Jessiman. Son capitaine, Philippe Sanche, et sa meilleure recrue, Alexander Katerinakis, ont dû rater une dizaine de matchs en raison de blessures.  

Par conséquent, les Stingers ont frappé un mur en perdant six matchs sur sept avant la pause des Fêtes. Ils en ont aussi échappé quatre de suite dans les deux premières semaines de janvier. 

« Mais quand tous les pions ont recommencé à se placer, on a retrouvé notre vrai visage et j’ai l’impression qu’on a peaké au bon moment », estime Élément avec le recul.

Concordia a terminé son calendrier avec six victoires en sept matchs. Elle a ensuite perdu le premier match de sa série 2-de-3 contre McGill et perdait par deux buts dans le deuxième avant de renverser la vapeur et d’assurer sa survie grâce à un but d’Anthony Beauchamp en prolongation. Le lendemain, les négligés ont accordé le premier but, mais en ont immédiatement marqué deux en avantage numérique. Leur vieille bête noire n’a jamais pu s’en remettre.

« Le fait qu’on ait eu autant d’adversité cette année, ça a été vraiment bénéfique en séries », croit Élément, qui n’est pas au bout de ses peines. En deuxième ronde, son équipe affrontera les Ravens de l’Université Carleton, qui n’ont subi que quatre défaites en 28 matchs en saison régulière.

Concordia a perdu les quatre duels entre les deux équipes cette saison, dont deux par la marque de 2-0 et un en prolongation. Le face-à-face en apparence inégal devrait reprendre mercredi à Ottawa et se poursuivre samedi à l’aréna Ed Meagher, sur la rue Sherbrooke.

« C’est une équipe qui ressemble un peu à McGill dans sa manière de jouer. On va être prêt. On a vécu assez d’adversité cette année que ce n’est pas ça qui va nous déranger. On va faire nos affaires et on va laisser la game aller. »