MONTRÉAL – Au moment où plusieurs de ses anciens coéquipiers commencent à peine leur saison, Daniel Audette a l’impression d’avoir touché le gros lot en décidant d’aller poursuivre sa carrière en Finlande.

Ancien choix de cinquième tour du Canadien, Audette évolue présentement pour le Lukko de Rauma, la meilleure équipe du principal championnat finnois. Après 35 parties, Rauma possède une avance de 15 points en tête du classement général. Le club n’a subi que huit défaites et accordé un minuscule total de 59 buts. À ses 15 derniers matchs, il a signé six victoires par blanchissage.

« C’était une des affaires que mon agent m’avait dites, que c’était une équipe qui espérait être dans le top-3 de la Ligue cette année, alors je m’attendais un peu à ça, raconte Audette au lendemain d’une victoire de 2-0 contre les Pelicans de Lahti. On ne perd vraiment pas souvent. C’est une belle surprise quand même. »

Audette venait de finir sa quatrième saison dans la Ligue américaine, sa première loin du giron du Canadien, lorsque la possibilité d’aller jouer en Europe s’est présentée. La Ligue nationale était alors dans le néant quant à une possible reprise de ses activités. Ça ne regardait pas mieux pour les circuits affiliés qui en dépendent.

Plutôt que d’attendre des réponses, celui qui venait de fêter ses 24 ans a décidé de sauter dans le train avant qu’il ne quitte la gare. L’avenir lui a donné raison : l’été venu, pendant que ses amis au Québec tentaient de garder la forme avec les moyens du bord, il était à l’entraînement avec sa nouvelle équipe. Au mois d’août, il jouait ses premiers matchs hors-concours.

Le Lukko a joué les deux premiers mois de sa saison devant spectateurs. La plupart de ses matchs prévus en décembre ont été annulés quand de nouvelles restrictions sanitaires ont incité la Ligue à suspendre ses activités, mais depuis janvier, les opérations ont repris avec des matchs présentés à huis-clos. Les éclosions quotidiennes de cas de COVID-19 ont légèrement augmenté en Finlande depuis le début du mois de février, mais Audette a bon espoir que le calendrier puisse être conclu dans son intégralité, séries éliminatoires incluses.

Et si tout devait s’arrêter demain matin, le petit attaquant pourra néanmoins qualifier son expérience de succès. Après les matchs de jeudi, il occupait le premier rang du classement des compteurs de son équipe, et le sixième de toute la SM-Liiga, avec une production de huit buts et 30 points. Audette a rapidement su trouver ses repères sur les surfaces de jeu plus grandes et dans le style de jeu plus conservateur du pays.

« C’était un peu plus difficile sur le cardio en arrivant, il fallait patiner plus. Mais ça ne m’a pas pris trop longtemps à m’habituer et j’aime bien ça, dans le sens que c’est pas très souvent que t’es obligé de "domper" la rondelle et d’aller chercher. [L’idée], c’est plus de créer le jeu et si ce n’est pas là, tu tournes de bord, tu prends ta vitesse avec les quatre autres joueurs sur la glace et tu y retournes. C’est le fun de jouer ce style-là. »

Des options pour un retour

Audette était le seul membre nord-américain du Lukko avant d’être rejoint par Thomas Grégoire, un ancien coéquipier avec le Phoenix de Sherbrooke, il y a quelques semaines. Son statut lui un valu un rôle de choix dans l’effectif de l’entraîneur Pekka Virta, qui l’utilise près de 17 minutes par match en moyenne depuis le début de la saison.

Belle coïncidence, Audette compte parmi ses compagnons de trio les plus fréquents Sebastian Repo et Aleksi Saarela, deux joueurs qu’il avait connus l’année dernière avec les Thunderbirds de Springfield, le club-école des Panthers de la Floride.  

« Dès le début, [l’entraîneur] m’a fait comprendre qu’il voulait juste s’assurer que je travaille fort. Il a été content de mon effort et il m’a fait confiance. C’est le fun de se retrouver dans un rôle comme ça où le coach me fait confiance et je peux avoir beaucoup du temps de glace. »

Les succès offensifs d’Audette combinés à l’étanchéité exceptionnelle du collectif dont il fait partie font en sorte qu’il affiche un bilan défensif personnel de +16. La statistique serait banale si ce n’était de cette particularité : en huit saisons dans la LHJMQ et la Ligue américaine, Audette n’a jamais terminé un hiver avec un différentiel positif.

« Dans le junior, je n’ai pas eu de très bons "+/-", ça c’est sûr, acquiesce-t-il en riant. Mais ça va très bien de ce côté-là. J’ai fait pas mal de point sur l’avantage numérique, mais à 5-contre-5 on contribue pas mal aussi. C’est important et on en est fier. Puis défensivement, même à Springfield, j’ai travaillé pas mal là-dessus et ça allait bien. Ici, c’est une grande glace et on joue pas mal du homme à homme. J’ai juste besoin de suivre mon joueur et de patiner avec. »

À chaque extrémité de la patinoire, Audette a donc l’impression de se doter de bons arguments pour éventuellement retourner en Amérique du Nord dans des conditions favorables. À ce stade de sa carrière, la traversée de l’Atlantique n’était pas pour lui un signe de capitulation face à ses objectifs globaux. Il n’a pas perdu espoir de remplir un jour les attentes que le Canadien a déjà eues en lui.

« Quand je suis arrivé en Finlande, je voulais essayer de laisser une bonne marque, d’y être dominant pour pouvoir espérer monter dans d’autres ligues. On va voir ce qui va arriver cet été. C’est sûr que c’est encore tôt, il nous reste encore 25 matchs, mais moi j’ai comme objectif de revenir et d’avoir une chance de jouer dans la Ligue nationale un jour. C’est mon rêve depuis que je suis jeune et je ne vais pas abandonner ça à 24 ans, il me reste encore un peu de temps pour essayer. On va voir ce qui va arriver. Le mieux je fais ici, le plus d’options que je vais avoir et je vais juste continuer avec cette mentalité-là. »