BELLEVILLE, Ontario - Vitaly Abramov se souviendra longtemps du 22 février 2019. Ce jour-là, il prenait part à l’entraînement matinal des Monsters de Cleveland lorsqu’on lui a annoncé qu’il était échangé. Le choc. Puis, on lui a dit la destination : Ottawa. Le bonheur. Pour lui, c’était comme « un retour à la maison ».

 

Pendant trois ans, le Russe a terrassé les défenses de la LHJMQ dans l’uniforme des Olympiques de Gatineau, remportant même le championnat des marqueurs du circuit, en 2016-2017.

 

Ottawa, ce n’est pas Gatineau, mais c’est à un pont et à une langue près. « Je suis de retour au Canada, où j’ai passé de belles années », disait Abramov tout sourire, vendredi dernier, lorsqu’on l’a rencontré à Belleville, où évolue le club-école des Sénateurs.

 

« J’étais surpris d’être échangé, mais content quand j’ai su que c’était Ottawa. C’est proche de Gatineau et Belleville n’est qu’à 2 h 30 de route de ma famille de pension et des amis que je me suis fait avec les Olympiques. »

 

Abramov a été acquis de l’organisation des Blue Jackets dans la transaction monstre qui a envoyé Matt Duchene à Columbus. Le Russe est le jeune joueur clé obtenu par Ottawa, qui a aussi acquis l’ailier droit suédois Jonathan Davidsson, un choix de premier tour en 2019 et une autre sélection de première ronde, mais conditionnelle, en 2020.

 

Abramov n’est toutefois pas près de débarquer à Ottawa. Un rappel, même en cette fin de saison à oublier pour les Sens, serait surprenant.

 

Un plus grand rôle à Belleville

 

C’est que l’ailier de 5 pi 9 po et 171 lb ne domine pas dans la Ligue américaine comme il le faisait dans le junior. Avant d’arriver à Belleville, il revendiquait 22 points (12-10) en 52 matchs à Cleveland.

 

Au moins, à Belleville, on lui a donné un rôle plus offensif, sur le deuxième trio, à la gauche de Filip Chlapik et Jack Rodewald. Il est également de la deuxième vague en avantage numérique. Résultat : il a amassé trois points à ses huit premiers matchs avec sa nouvelle équipe.

 

« J’aime sa vitesse et son courage pour foncer au filet, analyse Troy Mann, qui dirige les Baby Sens. Malgré son petit gabarit, il aime se salir le nez dans la peinture bleue du gardien. Il est facile à diriger et j’aime sa personnalité. Chaque jour, il arrive à l’aréna avec le sourire. Ses trois années à Gatineau et sa demi-saison à Cleveland l’ont aidé à s’adapter au style de vie et de jeu nord-américain. Il a un beau potentiel, mais comme n’importe quel jeune joueur, il doit améliorer son jeu sans la rondelle. Mais offensivement, il est très créatif. »

 

Abramov se met à rire lorsqu’on lui demande s’il ressent une certaine pression après avoir été acquis contre Matt Duchene.

 

« Pas vraiment. Je veux seulement aider mon équipe à gagner. Je veux me présenter chaque jour à l’aréna et travailler fort. Je ne veux pas me mettre de la pression inutile », répond le jeune homme de 20 ans, qui a complété sa dernière saison dans la LHJMQ avec les Tigres de Victoriaville.

 

À l’hôtel

 

C’est donc la deuxième année consécutive que le Russe change d’adresse en cours de route. Pas de quoi le déstabiliser, donc, lui qui semble vraiment prendre la vie avec un grain de sel.

 

« Je suis à l’hôtel présentement. Ce n’est pas l’idéal, mais bon, il ne reste que quelques semaines à la saison régulière. Quand on a joué à Cleveland, il y a quelques jours (7-8 mars), j’en ai profité pour ramener mes effets personnels. Les gars riaient de moi dans l’autobus, car j’avais mon téléviseur sur mes genoux! »

 

Après des saisons de 93, 104 et 104 points dans la LHJMQ, ce choix de troisième tour des Blue Jackets en 2016 espère contribuer offensivement pour aider Belleville à se classer pour les séries de la LAH. Les Senators occupent présentement la dernière position qualificative, quatre points devant son ancien club, Cleveland, et Utica.

 

Les Senators accueilleront d’ailleurs Utica (qui n’a qu’une victoire depuis 10 matchs!) mercredi soir, à Belleville. Une victoire et les Sens prendraient une sérieuse option sur ce quatrième rang tant désiré.