LAVAL – Il y a plusieurs façons de s’immerger dans une piscine. Ceux qui craignent l’eau froide commencent par se tremper les orteils alors que d’autres sautent d’un coup. Les circonstances auront voulu que Samuel Montembeault plonge tête première dans l’aventure professionnelle.  

 

Après un parcours bien rempli avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, le gardien de 21 ans a fait le saut dans la Ligue américaine de hockey avec les Thunderbirds de Springfield. La plupart du temps, la prudence est de mise avec les gardiens qui gravissent cet échelon. Mais des blessures à Roberto Luongo et James Reimer l’ont projeté devant le filet pour 40 matchs.

 

Montembeault se situe même dans le top-10 de la Ligue américaine pour les minutes d’utilisation et il est le plus jeune gardien de ce groupe.

 

Devant protéger le filet d’une équipe qui sera écartée des éliminatoires, il a été sauvé par son talent à quelques occasions comme ses prestations de 47, 38 et 37 arrêts, mais il a aussi été rattrapé par ce contexte plus d’une fois.

 

Honnête, il rédige un bilan mitigé de son premier chapitre professionnel.

 

« C’était un peu à l’image de l’équipe. On a traversé des hauts et des bas. La chose qui nous manquait cette année, c’est de la constance. J’ai eu d’excellents matchs, mais aussi de moins bonnes sorties. Pour la prochaine saison, je vais vraiment mettre l’accent là-dessus. Mais, dans l’ensemble, ça s’est quand bien déroulé. C’est ma première année donc ça vient avec beaucoup d’apprentissage. J’ai eu la chance de jouer beaucoup de matchs, ça me donne pas mal de millage pour ma deuxième année », a raconté l’athlète de six pieds trois pouces et 192 livres.

 

Même si la saison n’est pas encore terminée, Montembeault a déjà une bonne idée de ce qui a causé des défaillances certains soirs.  

 

« C’est aussi une question de préparation avant les matchs. Je dois arriver prêt tout le temps, pour chaque match. Étant donné que je suis plus jeune, c’est parfois un peu plus difficile », a-t-il indiqué.

 

Montembeault a été encadré dans cette aventure par Leo Luongo, le frère de Roberto, qui dirige les gardiens de but pour une deuxième année avec le club-école des Panthers de la Floride. L’enseignant dresse un portrait similaire.  

 

Leo Luongo« Il a eu des hauts et des bas. Il a juste 20 ans. On regarde un gardien comme Jack Campbell qui a eu besoin de huit ans (pour atteindre la LNH) et c’était un 10e choix environ (11e pour être exact). Il apprend à devenir un professionnel. Il n’est pas arrivé à maturité de ce côté. Mais on a vu des extraits cette année, il est capable de jouer à un très haut niveau. C’est juste d’amener ce niveau de manière constante », a jugé Luongo.  

 

Entre le 13 décembre et le 21 janvier, alors que son partenaire Harri Sateri donnait un coup de main aux Panthers, Montembeault a vu de l’action, beaucoup d’action. Il s’est retrouvé devant la cage des siens pour 11 parties d’affilée et il a participé à 18 matchs sur 21.  

 

« Ça va m’aider, je saurai encore plus à quoi m’attendre. C’était vraiment bon pour mon développement », a maintenu Montembeault sur cette année occupée.

 

« En décembre, quand il a joué la plupart de ses matchs, il était dans le top-4 pour les minutes jouées. Il était phénoménal et on a connu l’un de nos meilleurs mois. L’effet s’est estompé par la suite et c’est là qu’il a connu des hauts et des bas », a ajouté Luongo qui croit qu’il sera gagnant de rehausser sa routine et sa préparation.

 

Déjà, le mandat d’accéder à Ligue américaine exige une évolution psychologique. Cette étape devient encore plus cruciale dans une saison ponctuée de petits accrocs.

 

« Psychologiquement, il y a clairement un saut à faire. Dans le junior, tu peux être à 75 % pendant un match et t’en sortir parce que tu es très talentueux. Mais, à ce niveau, les gars sont tellement bons. Quand tu n’es pas à 100 %, c’est là que ça peut dégringoler », a admis Luongo.

 

Montembeault travaille d’ailleurs à devenir plus fort mentalement afin que sa concentration soit optimale du début à la fin des matchs.

 

« Parfois, quand il n’a pas beaucoup d’action ou qu’il s’est fâché après un but, il cherche à faire un gros arrêt après. Il doit plus revenir à la base et garder les choses simples en pensant à chaque lancer au lieu de la victoire », a décrit l’entraîneur.

 

Parce que Luongo en est convaincu, son protégé possède tout l’arsenal pour assurer la relève de son frère quand son physique sera bel et bien devenu celui d’un homme.

 

« Côté outils, il a tout ce qu’il faut pour s’établir dans la LNH », a lancé Luongo qui a rappelé que les statistiques démontrent que les gardiens ont majoritairement besoin de 200 matchs professionnels afin d’être fins prêts.

 

Joël Bouchard a été dur pour l'aider

 

La première année professionnelle de Montembeault est devenue encore plus spéciale quand il a été rappelé par les Panthers. Alors que Roberto Luongo était déjà sur la touche, Reimer s’est blessé à son tour.

 

C’est normal, il n’a pas pu s’empêcher de sourire sur le coup. Sans souhaiter de malheur à personne, il savait que le rappel se produirait.

 

« C’est vraiment le fun. Tout est allé très vite. Ça permet de voir que le rythme est plus rapide. On m’avait dit que j’aurais peut-être un départ, mais Harri a été très bon pendant que j’étais là-bas donc ils ont voulu continuer avec lui », a exprimé Montembeault dont le masque arbore le personnage de Bart Simpson en lien avec la ville de Springfield où il évolue. Samuel Montembeault

 

« Je crois que ce fut une bonne expérience et une bonne leçon pour lui. Il a vu que le tempo est bien plus haut même dans les entraînements donc il doit être encore en meilleure forme physique », a soulevé Luongo, l’entraîneur.

 

Vendredi soir, pendant que les Thunderbirds affronteront le Rocket pour la première fois à Laval, l’Armada jouera au même moment, quelques kilomètres plus loin, contre les Wildcats de Moncton.

 

« C’est vrai que c’est un peu bizarre. Mais notre saison finit dans deux semaines et on ne fera pas les séries malheureusement donc c’est sûr que je vais aller les voir jouer et j’irai parler aux gars dans le vestiaire après », a confié le gardien qui n’est jamais bien loin de son application LHJMQ sur son cellulaire.

 

Ce parcours avec l’Armada l’aura justement lancé dans la bonne direction. Montembeault ne cache pas que l’entraîneur Joël Bouchard a été dur avec lui.

 

« Il s’est rendu dans la LNH, il sait ce que ça prend. Il m’a surtout aidé hors de la patinoire », a conclu Montembeault qui voyait le tout positivement.