MONTRÉAL – Charles Hudon ne s’attendait guère à ce que Marc Bergevin prononce son nom dans son bilan annuel en le classant dans le haut de la pyramide des espoirs offensifs à surveiller au sein de l’organisation. Un peu comme la cerise sur le sundae, cette mention est venue compléter une saison garnie de surprises positives pour l’attaquant.

La marche semblait pourtant imposante pour l’ancien des Saguenéens de Chicoutimi et du Drakkar de Baie-Comeau qui a procédé à ses premiers pas dans la Ligue américaine de hockey. Même s’il n’apprécie pas que les médias accordent autant d’importance au gabarit des joueurs, Hudon devait faire le saut dans une « ligue d’hommes » en plus de devoir apprivoiser sa nouvelle position de centre.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a relevé ces deux défis avec brio en s’étonnant lui-même au passage.

« Je viens de finir une année très surprenante, je ne pensais vraiment pas que je m’adapterais aussi rapidement. Mais, comme je le dis souvent, les neuf matchs que je suis venu jouer il y a deux ans avec les Bulldogs m’ont beaucoup aidé. En plus, je retrouvais les mêmes entraîneurs et la plupart des joueurs. Je suis content de ma saison », a confié Hudon au RDS.ca en accordant une grande part du mérite à ses coéquipiers.

Quant à sa transition vers le centre, elle s’est opérée de façon naturelle grâce à ses atouts évidents.

« Ça m’a beaucoup aidé de pouvoir bien repérer le jeu autant à gauche qu’à droite. Au centre, c’est ce que ça prend, de la vitesse dans l’exécution. Le changement a été plus facile que je le croyais et ça m’a aidé dans mon développement », a admis celui qui a entamé ce nouveau rôle en juillet 2014 au camp de développement du Tricolore.

En quittant cette autre aventure positive dans l’entourage du Canadien, Hudon s’est assuré de retenir et d’appliquer un message pourtant si simple des dirigeants montréalais.

« Marc Bergevin et Michel Therrien avaient insisté sur une seule chose et c’était de bouger mes pieds à chacune de mes présences sur la patinoire », a noté Hudon qui peut s’illustrer avec sa fluidité sur la glace. Charles Hudon

L’approche de Bergevin et Therrien a fait ses preuves avec des athlètes du gabarit de Hudon. En se déplaçant à bon escient, une panoplie de petits joueurs parviennent à se démarquer dans la Ligue nationale. L’exemple le plus actuel se nomme Tyler Johnson et le Lightning de Tampa Bay s’en régale présentement.

« On en a aussi un dans notre cour en Brendan Gallagher, un joueur qui se défonce toujours à plus que 100% malgré son petit physique. Les médias insistent beaucoup là-dessus, mais c’est la façon dont on joue qui importe », a mentionné Hudon.

« Johnson n’est pas le plus grand, mais tout le monde le respecte quand il arrive sur la patinoire. Les médias reviennent souvent sur ce sujet et je crois que c’est quelque chose qui devrait être repensé », a-t-il enchaîné en plaidant pour sa cause à propos de cette mentalité qui évolue peu à peu.

Hudon essaie d’ailleurs de mettre toutes les chances de son côté en accentuant sa charpente au fil du temps afin de combler l’écart qu’il avait remarqué instantanément à sa première expérience dans la LAH.

Hudon veut donner raison à Bergevin

Ce cheminement impressionnant à sa saison recrue dans la Ligue américaine s’est traduit par une récolte de 19 buts et 38 aides (57 points) en 75 rencontres. Il s’est ainsi classé au deuxième rang du circuit pour les joueurs de son statut ce qui a mené aux compliments du grand patron de l’organisation montréalaise.

Évidemment, Hudon rêve de concrétiser les souhaits de Bergevin qui espère que lui, Sven Andrighetto, Nikita Scherbak ou Daniel Carr deviennent des piliers offensifs pour le CH.

« Je me considère très chanceux que mon nom ait été mentionné, mais ça vient juste me dire que je dois continuer de travailler très fort. Mon but ultime demeure de m’établir dans la LNH donc je vais travailler très fort cet été dans ce sens », a répondu le hockeyeur qui fêtera son 21e anniversaire le 23 juin.

En plus de ce vote de confiance public, Hudon a obtenu une évaluation qui devrait alléger toutes ses souffrances à venir cet été à l’entraînement.

« C’était très positif comme bilan, mais je ne veux pas m’asseoir là-dessus », a confirmé Hudon au sujet de sa rencontre avec le DG du CH à laquelle participait également son entraîneur Sylvain Lefebvre.

« Il était très content de m’avoir déplacé au centre surtout que ce changement a aussi aidé l’équipe. C’est bien que je puisse avoir ces deux cartes dans mon jeu et il a souligné la maturité que j’ai acquise comme joueur », a dévoilé Hudon qui avait de bons mots pour le gardien Mike Condon.

En faisant la somme de ces éléments, Hudon ne peut pas faire autrement que croire en ses chances de se tailler un poste avec le Canadien en 2015-16.

« C’est mon but depuis trois ans et je me rends plus loin année après année. Cette fois, je veux aller jusqu’au bout. Je suis confiant que ça fonctionne et que je puisse montrer ce que je peux faire. »

Hudon vit donc cette période ensoleillée avec un grand soulagement. C’est encore plus vrai quand il repense à ses problèmes de santé (dos) qui étaient venus le brimer.

« C’est du passé. Je n’ai pas été blessé souvent et cette année encore moins alors que je n’ai pas raté un match », a noté le choix de cinquième ronde du Canadien en 2012 qui a surtout évolué avec T.J. Hensick, Andrighetto et Carr cette saison.

Si jamais il devait poursuivre son développement dans l’uniforme des Bulldogs, Hudon devrait se passer des précieux conseils de Stéphan Lebeau qui ne sera pas de retour comme entraîneur adjoint en raison de divergences avec Lefebvre. Aux dires de Hudon, ce fossé n’était pas perceptible par les joueurs.

« On a été surpris quand on a appris la nouvelle, tous les joueurs l’aimaient. Depuis que je suis arrivé, il m’a beaucoup aidé et c’est lui qui suivait mon développement de près. On ne s’en attendait vraiment pas et on se pose encore parfois des questions », a témoigné Hudon qui ne veut pas s’immiscer dans les décisions de l’organisation.

Hudon a bien beau avoir adoré sa campagne d’initiation dans la Ligue américaine sous les ordres de Lefebvre et Lebeau malgré l'exclusion des séries, il serait heureux de ne pas avoir à déménager à Terre-Neuve même s’il n’a rien contre la ville de St. John’s, le nouveau domicile des Bulldogs.