Ce serait un euphémisme de dire que les Bulldogs de Hamilton ont vécu une saison difficile eux qui ont terminé au dernier rang de la Ligue américaine de hockey pour la première fois de leur histoire. Mais le bilan ne s’écrit pas seulement à l’encre rouge considérant l’ascension à la LNH de quelques joueurs.

Si Michel Therrien a attiré l’attention aux quatre coins de l’Amérique grâce au revirement de situation effectué avec le Canadien, Sylvain Lefebvre a été confronté à une dose d’adversité nettement plus imposante à ses premiers pas derrière le banc des Bulldogs.

Lefebvre a expérimenté de plein fouet la réalité ingrate des entraîneurs de la Ligue américaine qui développent les talents à leur disposition pour les voir grimper au niveau supérieur. Déjà limités au niveau du talent car ils traversent une période de transition, les Bulldogs ont notamment perdu Brendan Gallagher ainsi que Blake Geoffrion (blessure) et Aaron Palushaj (réclamé au ballottage).

Ce contexte lié aux blessures subies au sein de sa troupe a forcé Lefebvre à utiliser l’imposant total de 51 joueurs! Une situation pouvant causer des maux de tête à n’importe quel homme de hockey.

«C’est une saison qui a été bourrée d’expériences de toutes sortes ce qui deviendra enrichissant à long terme», a soutenu Lefebvre qui trouvait des éléments positifs dans un entretien avec le RDS.ca.

En plus de la reconstruction de son équipe, des rappels effectués par le Tricolore et les blessures, l’entraîneur des Bulldogs n’a pas oublié le début de calendrier qui s’est avéré fort exigeant, conséquence du lock-out qui perdurait dans le circuit Bettman.

Nathan Beaulieu«Dès le début, le niveau de jeu était très élevé dans notre ligue et ça s’apparentait pratiquement aux éliminatoires. C’est devenu une expérience en accéléré pour nos jeunes, mais le saut était grand à faire, dont pour ceux qui en étaient à leur première année, sauf que l’expérience acquise par les jeunes est incalculable», a-t-il évoqué. 

À l’extérieur de la patinoire, les hommes de Lefebvre ont également été confrontés à des épisodes douloureux comme le départ de Geoffrion – un leader de l’équipe - à la suite de sa fracture du crâne.

«On a traversé cela du mieux qu’on pouvait. Bien sûr, ce n’est vraiment pas plaisant de voir un de tes joueurs ou un coéquipier subir une blessure aussi sévère. Les joueurs ont pu se servir de son histoire comme inspiration en plus de l’encourager dans cette épreuve. Les joueurs étaient contents de le revoir et c’était réciproque», a confié celui qui est épaulé par Donald Dufresne. 

Les déboires des Bulldogs au classement ne représentent pas un aspect significatif du bilan des Bulldogs puisque le développement demeure la principale raison d’exister. À ce sujet, Lefebvre peut se réjouir du boulot accompli avec certains de ses protégés comme Nathan Beaulieu et Jarred Tinordi. Jarred Tinordi

«Nathan a énormément appris et progressé cette saison. Il doit encore apprendre plusieurs choses comme tous les jeunes, mais le fait d’avoir joué avec le CH lui a permis de réaliser encore plus ce qu’il devait améliorer et changer. Il n’est pas fou, il sait ce qu’il peut réussir sur la glace et il comprend où il doit travailler», a détaillé Lefebvre.

«C’est assez semblable pour Jarred qui a connu une saison constante. Il est demeuré un peu trop gêné dans son jeu quand il a enfilé l’uniforme du Canadien parce qu’il doit s’impliquer pour s’imposer. Il a une bonne tête et il est très mature dans son parcours», a indiqué l’entraîneur sur le robuste défenseur.

Leblanc doit appuyer sur le bouton reset

Dans l’autre colonne du bilan, celle plutôt négative, l’attaquant Louis Leblanc et le défenseur Frédéric St-Denis n’ont pu se faire justice cette saison.

«Ce fut une saison difficile pour lui», a admis d’emblée Lefebvre à propos de Leblanc. «Son départ n’a pas été évident avec sa blessure et il s’est mis beaucoup de pression sur les épaules à son retour. Ce n’est pas facile à gérer quand tu vis des hauts et des bas, mais il a fait de son mieux.»

Une saison après avoir disputé 42 rencontres avec le Bleu-blanc-rouge, Leblanc a dû avaler le fait de patienter avec les Bulldogs alors que certains rappels étaient effectués. Dans une période éprouvante, le réflexe doit être de se fier à ses entraîneurs et ces derniers ont apprécié son ouverture d’esprit.

«Il a travaillé fort et il a écouté le plan que nous avions à lui proposer. Tout au long de la saison, il a montré de belles choses même si certains matchs ont été plus pénibles comme pour plusieurs joueurs», a précisé Lefebvre en émettant un souhait en ce qui le concerne.Louis Leblanc

«Cette année, il doit apprendre de l’adversité vécue et sortir fort et gagnant de cela. Il doit se retrousser les manches et profiter de la période estivale pour se rétablir physiquement et mentalement. En quelque sort, il doit peser sur le bouton reset et repartir à neuf», a-t-il mentionné.

Leblanc peut au moins se réjouir d’avoir été rappelé par le Canadien en vue des séries contrairement à St-Denis ce qui pourrait l’inciter à croire que ça signifie la fin avec cette organisation.

«Je ne pense pas que ça veut nécessairement dire cela. La constance a été moins présente dans son cas surtout après une blessure. On sait qu’il peut être fiable en plus d’être un athlète mature et expérimenté», a fait remarquer l’ancien défenseur qui a patiné pendant 945 matchs dans la LNH.

Au même titre que ses joueurs, Lefebvre doit se soumettre à une évaluation à la conclusion de sa première campagne comme meneur des Bulldogs et sa description semble calquée sur le rendement de sa troupe.

«Ce fut vraiment une année d’expérience et d’apprentissage pour moi aussi! Tout comme mes joueurs, je vais sortir gagnant d’avoir vécu tant d’adversité. Mais quand je me demande pourquoi je dirige à ce niveau, j’obtiens mes récompenses en voyant les Gallagher, (Gabriel) Dumont, Beaulieu, (Michael) Blunden, (Greg) Pateryn et Tinordi qui jouent dans la LNH et certains vivent leurs premiers matchs», a-t-il avoué.

En dépit des ennuis sur la glace, les assistances ont grimpé d’environ 500 spectateurs par match au Copps Coliseum. D’ailleurs, plus de 6500 amateurs ont assisté au dernier pour envoyer le message qu’ils avaient hâte à un meilleur spectacle la saison prochaine.

Malgré le développement accompli par Lefebvre et les bonnes intentions de l’équipe, le portrait pourrait demeurer ardu surtout si les Beaulieu, Tinordi et Dumont héritent d’un poste à temps plein à Montréal.

«Il n’y en aura pas de facile, c’est certain. De toute façon, même quand un joueur amorce la saison avec nous, ça ne veut pas dire qu’il restera toute l’année. C’est pour ça que je dis qu’il faut toujours s’ajuster dans la Ligue américaine et c’est à nous de trouver les joueurs qui cadrent bien avec notre groupe», a convenu Lefebvre sans vouloir s’immiscer dans le travail de ses collègues du Canadien.