SYRACUSE, New York - À 28 ans, Gabriel Dumont commence à être tourmenté entre son rêve et sa réalité. Son rêve de jouer dans la Ligue nationale est toujours bien présent. Mais sa réalité stipule qu’à son âge, il commence petit à petit à être « étiqueté » Ligue américaine. Si tel est le cas, le capitaine du Crunch de Syracuse pourrait néanmoins garder la tête bien haute.

Lointain choix de cinquième tour du Canadien il y a 10 ans, Dumont totalise jusqu’ici 87 matchs d’expérience dans la LNH. Dans la LAH, il a franchi le cap des 450 rencontres. De quoi pouvoir se bomber le torse, car après tout, bien peu de sélections aussi tardives peuvent se vanter d’avoir connu une aussi belle carrière professionnelle en Amérique du Nord.

Mais, fier comme il est, le natif de Dégelis entend tout faire pour s’accrocher à son rêve et repousser sa réalité d’encore un an ou deux.

« C’est sûr que je n’abandonnerai pas. Je n’ai jamais rien abandonné dans ma vie alors je ne commencerai pas à le faire à 28 ans, souligne le centre qui a joué 30 matchs avec Ottawa et Tampa Bay, l’an dernier. Le Lightning connaît une année exceptionnelle. Il a quelque chose comme 10 victoires de plus que n’importe quelle équipe dans la Ligue nationale! On est rendu à la fin février et on n’a pas eu encore d’attaquant rappelé [NDLR: Cory Conacher a été rappelé un match]. Alors, pour l’instant, la LNH semble être loin pour moi. Mais d’un autre côté, je me dis que le Lightning n’aura sans doute pas le choix de faire confiance à des petits salariés avec tous les gros contrats qui s’en viennent à Tampa. Il faut donc que je demeure positif et que je travaille fort ici. De bonnes choses vont m’arriver... »

Dumont a quitté l’organisation du Canadien — avec qui il a joué 18 matchs dans la LNH — au terme de la saison 2015-2016, qu’il a passée entièrement dans la Ligue américaine, avec les IceCaps de St. John’s.

Une année qu’il a vécue difficilement, car en plus de ne pas avoir foulé une glace de la LNH, il a passé beaucoup de temps loin de son petit Matéo, né en janvier 2015. C’est que les IceCaps, étant donné leur situation géographique, passaient généralement deux semaines à la maison, puis deux semaines sur la route. Pas facile pour la vie de famille.

Mais Dumont et son épouse sont passés à travers et ont accueilli, en avril 2017, bébé Lucas. Dumont avoue que le temps passe très vite depuis qu’il change des couches aussi souvent que de bâton de hockey! « Ça fait déjà dix ans que j’ai gagné la coupe du Président avec les Voltigeurs de Drummondville. Ça semble tellement plus frais que ça dans ma mémoire. Le temps passe et c’est bien correct comme ça », dit le deuxième plus « vieux » attaquant du Crunch, après Cory Conacher.

Gagner, mais développer

Les deux vétérans doivent multiplier les efforts pour attirer l’attention des dirigeants du Lightning en vue d’un rappel, tout en montrant l’exemple à suivre aux meilleurs espoirs en attaque que sont Carter Verhaeghe, Taylor Raddysh, Boris Katchouk, Mitch Stephens, Alexander Volkov et Alex Barré-Boulet.

« Le but, chez le Crunch et le Lightning, c’est de gagner tout en développant les jeunes, explique celui qui gagne 200 000 $ dans la LAH. Regarde le Lightning : 90 % des gars sont passés par la Ligue américaine. Des plus vieux comme Tyler Johnson, Alex Killorn et Ondrej Palat aux recrues comme Anthony Cirelli et Mathieu Joseph. Ça montre à quel point le Lightning est bon pour développer. Et ce n’est pas fini. Ici, on bataille pour le premier rang de notre division, mais on a 10 recrues dans la formation! »

Peut-être d’ailleurs que l’une de ces recrues devra être sacrifiée si le Lightning souhaite s’améliorer d’ici la date limite des transactions, lundi prochain.

Mais Dumont préfère ne pas penser à ça, tout comme il préfère ne pas penser à son prochain contrat, lui qui aura droit à l’autonomie complète le 1er juillet.

Pour l’instant, son unique préoccupation est d’aider le Crunch à se classer pour les séries et, pourquoi pas, à remporter le titre dans la division Nord, celle où évolue également le Rocket de Laval. Syracuse est à trois points de Rochester, mais a deux matchs de plus à jouer. Utica et Toronto sont à deux points du Crunch, mais ont disputé trois rencontres de plus.

 Bref, la fin de saison du Crunch s’annonce chargée et excitante. Pariez sur capitaine Dumont pour jouer chaque match comme s’il était déjà en séries. Il ne connaît pas d’autre façon de faire.