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RÉSULTATS

Lukas Reichel, le visage d'une nouvelle philosophie chez les Blackhawks

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LAVAL – Dans la deuxième moitié des années 2010, les Blackhawks de Chicago ont traité leurs plus beaux espoirs avec la délicatesse et la patience d'un enfant de 7 ans devant ses cadeaux de Noël. On déballait à la hâte, on essayait pendant un bref instant puis on passait au suivant.

Entre 2014 et 2019, Nick Schmaltz, Alex DeBrincat, Henri Jokiharju, Adam Boqvist et Kirby Dach ont tous été invités à se trouver un appartement dans la Ville des Vents avant d'avoir eu le temps d'apprendre à se faire cuire un œuf dans les mineures. À eux cinq, ils ont joué un total de 60 matchs dans la Ligue américaine avant de s'établir dans la Ligue nationale.

Cette approche a produit des résultats mitigés. Tous les membres du quintette ont réussi à s'établir dans la LNH, c'est vrai, mais seul DeBrincat s'est développé comme un joueur vedette à Chicago. Comme les autres, il a éventuellement été échangé et évolue aujourd'hui dans un autre marché.

Le départ de Stan Bowman et l'arrivée de Kyle Davidson dans son siège de directeur général en octobre 2021 semble avoir marqué une cassure avec ce type de gestion. On dit « semble » parce que l'échantillonnage est encore mince, mais c'est ce qu'on peut conclure en voyant la façon dont est traité Lukas Reichel, le premier cobaye à avoir pénétré le laboratoire des nouveaux décideurs.

Reichel a été repêché en première ronde, 17e au total, à l'été 2020. L'automne venu, il a commencé sa deuxième saison avec les Polar Bears de Berlin, dans le premier championnat professionnel en Allemagne. Les Blackhawks l'ont fait venir en Amérique du Nord l'année suivante, mais ont continué à le manipuler avec précaution.

Si Reichel a goûté à la LNH à 19 ans, il a passé la majeure partie de la saison avec les IceHogs de Rockford dans la Ligue américaine. Il y a dominé, amassant 57 points en 56 parties.

Cette saison, celui qui a été repêché immédiatement après Kaiden Guhle avait certainement ce qu'il fallait pour se tailler un poste dans l'équipe en décomposition – pardon, en reconstruction – que sont les Blackhawks. Mais les dirigeants n'ont pas fait entorse à leurs principes. Leur pépite a jusqu'ici joué 42 autres matchs dans la LAH, pour un total de 98. Les 41 points à sa fiche lui ont valu une invitation aux festivités du Match des étoiles à Laval, où il était le deuxième plus jeune participant après le gardien du Wild de l'Iowa Jesper Wallstedt.

Pendant ce temps, les Hawks jugent plus constructif d'offrir un maillot aux Jason Dickinson, Sam Lafferty et autre Andreas Athanasiou.

« Ils ont un plan et ils veulent y rester fidèles, a divulgué Reichel lorsque RDS est allé à sa rencontre dans le vestiaire des représentants de l'Association Ouest dimanche après-midi à la Place Bell. Ils veulent garder leurs jeunes joueurs à Rockford et les y développer. On a plus de temps de glace de qualité là-bas. Il y a quelques gars dans notre équipe qui pourraient jouer dans la LNH dès maintenant, mais il faut rester patients, travailler sur nos faiblesses et espérer que l'appel viendra bientôt. »

« Je suis compétitif, comme n'importe qui, et c'est sûr que j'aimerais être là. Mais des fois ça prend du temps. »

L'attente est d'autant plus déchirante pour Reichel que ses deux vieux complices de l'équipe nationale allemande ont déjà atteint l'échelon supérieur. Tim Stützle, de loin le meilleur joueur issu de leur cuvée, brille depuis déjà trois ans avec les Sénateurs d'Ottawa. John Jason Peterka, qui avait été repêché au tout début de la deuxième ronde par les Sabres de Buffalo, dispute sa première saison dans la LNH après avoir complété un stage d'un an avec les Americans de Rochester.

« Quand je vois mes buddies connaître du succès dans la LNH, c'est dur parce que je sais que je suis au même niveau qu'eux. En même temps, je dois me rappeler quand chaque équipe est dans une situation qui lui est propre. Leurs équipes sont avancées dans leur reconstruction alors que la nôtre ne fait que commencer. Les contextes sont différents et comme je le disais, je dois rester patient. »

Toews et Kane comme Maxim Lapierre

S'il n'obtient pas la promotion attendue au retour du Match des étoiles ou après la date limite des transactions, Reichel amorcera assurément la saison 2023-2024 à Chicago. Reste à voir dans quel état les Blackhawks se trouveront à ce moment.

En plus de DeBrincat, les Hawks ont laissé partir Dylan Strome, Brandon Hagel, Kirby Dach et Dominik Kubalik depuis la saison dernière. Le ménage pourrait se poursuivre dans les prochaines semaines. Les rumeurs entourant l'intérêt généré par Patrick Kane et Jonathan Toews, en tout cas, ne s'apaisent pas.

Égoïstement, Reichel souhaite le statu quo pour les deux légendes. Lorsqu'il était adolescent à Berlin, le jeune surdoué a profité de l'encadrement d'un vétéran comme Maxim Lapierre pour prendre ses aises et s'émanciper. Il en parle encore avec beaucoup de reconnaissance. Ainsi, il sait que la présence de Kane et Toews la saison prochaine ne pourrait qu'aider les jeunes comme lui qui sont identifiés comme l'avenir de l'équipe. Inversement, leur absence pourrait ralentir le processus dans lequel est engagé la franchise.   

« C'est sûr que j'aimerais qu'ils restent. On pourrait parler longtemps de tout ce qu'ils ont accompli dans la LNH, n'importe quel jeune voudrait grandir aux côtés de gars comme eux. Mais ce n'est pas moi le DG! »

À en croire les bruits de coulisses, Reichel devrait commencer tout de suite à gérer ses attentes. Peut-être serait-il plus sain pour lui de mettre ses espoirs sur un autre dossier. Un certain Connor Bedard comme ailier l'an prochain, ça se prendrait bien, non?