Les entraîneurs-chefs au hockey, c’est connu, ont des longues heures de travail. Ils arrivent tôt le matin à l‘aréna pour préparer les entraînements, les matches, discuter avec leurs joueurs, élaborer des stratégies avec leurs adjoints, jaser avec leur directeur général, donner des conférences de presse aux médias. Bref, ils en ont plein le pompon du matin au soir et c’est sans compter les nuits blanches qu’ils accumulent lorsque leur équipe connaît des moments difficiles. Pendant la saison de hockey, ils ne passent donc pas beaucoup de temps à la maison, en famille. La pandémie de la COVID-19 a changé cela depuis deux mois.

« Il y a du positif, mais aussi un peu de négatif », me dit en riant Pascal Vincent, l’entraîneur-chef du Moose du Manitoba de la Ligue américaine de hockey. « Je prépare les repas, je fais le ménage et je passe beaucoup de temps avec ma fille qui fait l’école à la maison, donc je l’aide avec ses devoirs et ses leçons. Laisse-moi te dire une chose, les professeurs ont tout mon respect. C’est fou le travail qu’ils réussissent à accomplir pendant cette pandémie » ajoute Vincent qui aura encore beaucoup de temps à consacrer à sa famille en raison de l’annulation de la saison dans la LAH.  

L’entraîneur québécois est concerné par ce qui se passe dans les hôpitaux, sa conjointe travaillant du côté administratif d’un hôpital et sa belle-sœur ouvrant en CHSLD au Québec.

« D’abord nous sommes chanceux au Manitoba car il n’y a presque pas de cas » dit-il. Il y a quand même des inquiétudes dans sa famille qui demeure au Québec où la situation est beaucoup plus alarmante « Ils sont très disciplinés et font très attention pour ne pas contaminer les gens autour d’eux » précise Pascal tout en ajoutant que ses parents, âgés de 83 ans, respectent le confinement et se portent très bien.

Une mentalité différente chez les Jets

L’ancien entraîneur des Screaming Eagles du Cap Breton et du Junior de Montréal termine sa quatrième saison à la barre du Moose. Il se plaît beaucoup dans l’organisation des Jets, lui qui a été adjoint à Claude Noel et à Paul Maurice pendant 4 saisons. Veut-il revenir dans la LNH comme entraîneur-chef? Bien sûr, mais pas à n’importe quel prix.

« C’est ma neuvième saison dans l’organisation des Jets et je j’y suis très heureux, je suis très bien traité. J’ai plusieurs responsabilités avec le Moose et j’aime ça. Lorsque j’ai été nommé à la barre de l’équipe, notre DG, Kevin Cheveldayoff m’a dit que je devais changer ma mentalité, de tempérer mes émotions, d’oublier le fait de gagner à tout prix. Mon rôle premier consistait dorénavant à développer des joueurs pour les Jets. Tant mieux si nous participons aux séries et si on gagne la Coupe Calder, mais l’objectif premier est de développer des joueurs qui vont non seulement jouer, mais rester avec les Jets. Le but de toute l’organisation, c’est de gagner la Coupe Stanley. Tout le monde pousse dans cette direction » explique Vincent avait comme objectif de développer un joueur par année pour les Jets, il en a finalement rendu sept en quatre ans à l’équipe de la LNH.  

Un retour dans la LNH, mais pas avec les Jets!

Il travaille donc très fort et profite de toute l’expérience qu’il peut aller chercher pour devenir le meilleur entraîneur-chef possible pour accéder à la LNH. Mais ça ne se fera fort probablement pas avec les Jets qui se sont entendus sur une prolongation de contrat avec Paul Maurice en février dernier.

« Non ça ne sera pas avec les Jets. Je suis heureux pour Paul et je veux qu’il demeure avec les Jets.  Paul n’est pas un homme public alors c’est difficile le comprendre à quel point ce gars-là est brillant et bon dans une chambre de hockey. Il m’impressionne. Comment il se prépare, comment il étudie la game. C’est un coach extraordinaire. Ce que j’ai appris de lui, je ne peux pas mettre un prix là-dessus » ajoute-t-il souhaitant à Paul Maurice de demeurer à la barre de l’équipe pour encore longtemps.

Il considère que son rôle d’adjoint à Noel et Maurice l’a fait grandir comme homme de hockey.

« J’ai travaillé cinq ans avec deux coaches différents, des hommes aux approches et visions différentes, ça m’a tellement aidé! Accepter un poste d’adjoint a été la meilleure décision de ma vie. Ça ma éduqué sur un paquet d’aspects dont tu n’as pas nécessairement le temps de faire normalement quand tu es entraîneur-chef. Exemple l’avantage numérique. J’ai eu l’occasion de pousser la machine et d’étudier minutieusement ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. De travailler avec des joueurs talentueux, d’échanger avec eux autres, c’est vraiment intéressant. De voir aussi les jeunes évoluer, dans le temps c’était les Evander Kane, Dustin Byfuglien, Blake Wheeler, Mark Scheifele, de les voir grandir, ça été spécial et très éducatif » de relater Vincent.

Il ne ferme donc pas la porte à un retour comme adjoint dans la LNH, mais ce n’est pas sa priorité. Ce qu’il veut, c’est diriger une équipe. Il n’est donc pas pressé, mais il se dit prêt à répondre à l’appel si une équipe se montrait intéressée par ses services.  L’entraîneur québécois qui a maintenant 20 ans d’expérience derrière un banc d’une équipe de hockey aura sans aucun doute sa chance, lui dont le nom circulait à Montréal au cours de la dernière saison.

« Des rumeurs, je prends toujours ça avec un grain de sel. Des candidats qu’on retrouve sur des listes de rumeurs, mais qui ne reçoivent jamais d’appel, ça arrive souvent. La journée où mon téléphone sonnera pour une offre officielle, je vais y penser sérieusement. C’est flatteur d’être considéré par les médias, mais ce ne sont pas eux qui prennent les décisions », dit-il sagement en guise de conclusion…avec un sourire dans la voix. Touché monsieur Vincent!