WINNIPEG – Depuis le 1er décembre, Ryan White refuse pratiquement toute demande d’entrevue puisqu’il est incommodé par une commotion cérébrale. Mais lorsqu’il a su qu’un média montréalais voulait lui parler à l’occasion de la visite du Rocket de Laval à Winnipeg, il a tout de suite accepté. Pas de doute, Montréal demeure spéciale pour l’ancien joueur d’énergie du Canadien.

« Hey man, how are you? ». En l’espace de cinq mots, White donne le ton à l’entrevue. Il est content de donner de ses nouvelles et, aussi, d’en prendre de l’équipe qui l’a repêché au troisième tour, en 2006.

Car si White est un moulin à paroles sur la glace – chose que ses coéquipiers adorent, mais que ses adversaires détestent –, il jase tout autant à l’extérieur de la patinoire. Peut-être même plus.

« Quand il est arrivé ici, il a fait le tour du vestiaire pour jaser à chacun des joueurs. Je n’avais jamais vu ça », raconte en riant Éric Dubois, l’entraîneur adjoint du Moose du Manitoba, avec qui White a conclu un contrat valide uniquement pour la Ligue américaine, en début de saison.

À 30 ans, c’est là que White en est rendu : à vivre une saison à la fois, sachant très bien que son avenir passe davantage par la LAH – ou une autre ligue – que par la Ligue nationale, où il a joué 313 matchs avec le Canadien, les Flyers, les Coyotes et le Wild.

Car, oui, White s’est promené « pas mal » depuis son dernier match avec le Canadien, au printemps 2014. Depuis, en trois saisons, il a joué pour six équipes professionnelles différentes. L’an dernier, pour la première fois depuis son année recrue dans la Ligue américaine en 2008-2009, il n’a pas du tout joué dans la LNH, partageant son temps entre San Diego et Iowa.

White ne s’attendait pas à pareil scénario après avoir établi un record personnel de 11 buts avec les Flyers de Philadelphie, en 2015-2016.

Un retour à la maison

Mais malgré sa nouvelle réalité, l’ancien numéro 53 du CH s’accroche à son rêve.

« Je ne jouerais plus si mon but n’était pas de retourner dans la LNH, avoue-t-il à RDS.ca. Tout joueur de hockey professionnel veut jouer dans la Ligue nationale. Dans la Ligue américaine, mon rôle est spécial. Car en même temps de tout faire pour retourner "en haut", je dois aider les jeunes à réaliser leur rêve. Je dois être un bon professionnel et leur montrer la voie à suivre. »

Au moins, avec le Moose, White se sent un peu comme dans la LNH, puisque la troupe de Pascal Vincent joue dans le même amphithéâtre que les Jets, la Bell MTS Place, en plus de partager leur complexe d’entraînement. La motivation est donc pas mal plus facile à aller chercher que s’il jouait dans un vétuste aréna ou dans une petite ville perdue, comme c’est le cas pour d’autres équipes de la LAH.

« Seulement d’être dans l’entourage d’une équipe de la LNH, c’est le fun, dit l’ailier droit de 6 pieds et 201 livres. Il y a beaucoup d’effervescence autour des Jets et du Moose. Ici, les gens aiment le hockey. Un soir, ils vont aux Jets et le lendemain, ils vont au Moose. Pour un gars comme moi, qui s’accroche et qui tente de remonter dans la grande ligue, c’est motivant. L’organisation du Moose en est une de première classe, digne de la LNH. »

Sa prochaine réponse laisse toutefois entrevoir qu’il est quand même serein face à son sort. Et que ce retour au Manitoba, lui qui est natif de Brandon – une ville située à deux heures de route de Winnipeg – pourrait être une belle façon de boucler la boucle.

« Je suis chanceux, j’ai pu gagner ma vie en jouant au hockey aux quatre coins de l’Amérique. J’ai visité des villes que je n’aurais sans doute jamais visitées n’eut été du hockey. Mais aujourd’hui, à 30 ans et avec mon premier fils qui est né il y a quelques mois, c’est le fun d’être près de la maison. »

Le CH tatoué sur le coeur

Évidemment, impossible de parler à White sans lui parler du Canadien, avec qui il a effectué ses débuts dans la LNH en 2009-2010 et avec lequel il a joué 141 matchs.

Dès qu’il a entendu le mot « Canadien », il s’est mis à sourire. Comme s’il avait hâte qu’on lui en parle.

« Jouer à Montréal, c’est spécial, souligne-t-il. Il n’y a rien de comparable à l’atmosphère dans le Centre Bell! Et il faut l’avoir vécu pour réellement comprendre. Je suis fier d’avoir joué à Montréal et d’être un Canadien pour toujours. »

Puis, quand on lui demande ses plus beaux souvenirs reliés à son passage chez le Tricolore, ses yeux s’illuminent. Il ne sait pas par où commencer.

« Chaque match de séries à Montréal, c’est spécial. La ville vit au rythme des séries. En 2014, quand on s’est rendu en finale de l’Est, je n’ai pas joué beaucoup, mais j’ai quand même adoré l’expérience. Et l’année d’avant, j’ai eu la chance de marquer un but contre Ottawa, au Centre Bell. Ça demeure l’un des plus beaux moments de ma carrière. Gagner un match à Montréal devant 21 000 personnes en délire, c’est incroyable!

« C’était spécial de grandir dans l’organisation en même temps que des bons joueurs comme Price, Pacioretty et Desharnais, ajoute-t-il. Ta première organisation, tu ne l’oublies jamais. Lors de mes premiers camps, j’étais jeune, j’essayais seulement de faire l’équipe dans un marché où la pression et l’attention médiatique sont uniques. Être repêché par le Canadien, c’est être lancé dans la gueule du loup à un jeune âge. Tu apprends les pour et les contre d’un joueur de la LNH assez vite! J’ai adoré mon temps à Montréal et j’en serai éternellement reconnaissant. »

Si jamais White ne foule plus jamais une glace du circuit Bettman, il va pouvoir à jamais se vanter d’avoir joué plus de matchs dans le show que 39 joueurs l’ayant devancé au repêchage de 2006, lui qui a été la 66e sélection au total. Il aura confondu les sceptiques.