BRIDGEPORT, Connecticut - À 34 ans, Steve Bernier continue de remplir les filets adverses à un rythme soutenu. Sauf que ces filets sont ceux de la Ligue américaine, et non de la Ligue nationale. Ne comptez toutefois pas sur le Québécois pour se plaindre. S’il a toujours le compas dans l’oeil, il a également encore la passion au coeur.

 

Après la victoire de 2-1 des Sound Tigers de Bridgeport sur le Rocket de Laval, mercredi, Bernier revendique 40 points en 60 matchs. Il domine le club-école des Islanders de New York avec 23 buts, ce qui l’aide à occuper le deuxième rang de la division Atlantique, derrière les Checkers de Charlotte, « les petits frères » des Hurricanes de la Caroline.

 

Des statistiques plus que respectables pour ce vétéran qui a disputé 637 matchs dans la Ligue nationale avec les Sharks, les Sabres, les Canucks, les Panthers, les Devils et les Islanders.

 

« Ce serait dur de dire que je ne suis pas satisfait de ma saison, surtout rendu à mon âge, avoue le 16e choix au total du très relevé repêchage de 2003. Écoute, je joue avec ou contre des gars qui sont parfois nés en 2000! J’aime encore ce que je fais, on a une très bonne équipe et j’ai encore du plaisir à venir à l’aréna chaque jour. J’ai encore la passion et j’ai la chance d’être payé pour jouer au hockey. Ce n’est pas la Ligue nationale, mais c’est du très bon calibre, la Ligue américaine. »

 

Bernier ne se berce pas d’illusions : à 34 ans, il sait que ses chances de retourner dans le circuit Bettman sont minces. Et il vit le tout avec sérénité. « Je continue de  travailler fort, à vouloir m’améliorer et à aider les jeunes joueurs autour de moi, souligne celui dont le dernier match dans la LNH remonte au 29 décembre 2017. J’ai assez d’expérience pour savoir que tout peut arriver au hockey. Une blessure, un échange, un joueur qui ne fait pas le travail... et je pourrais retourner dans la LNH. Mais bon, je suis pleinement concentré sur Bridgeport et ce qui arrivera arrivera. »

 

Il veut demeurer à Bridgeport

 

Celui qui a connu une brillante carrière junior avec les Wildcats de Moncton deviendra joueur autonome sans compensation le 1er juillet prochain. Son entente de deux ans avec les Islanders de New York viendra alors à échéance, elle qui lui a rapporté 275 000$ cette année, à Bridgeport.

 

Dans sa tête, il n’y a pas de doute: il veut demeurer dans l’organisation des Islanders. Son épouse, Anne-Sophie, et leurs deux fils, Henri-Louis (six ans) et Elliott James (quatre ans), sont heureux à Milford, une petite ville située à environ 15 minutes de l’aréna des Sound Tigers. « On vit sur le bord de l’eau. On se sent comme au Maine », image Bernier, qui revient à Québec durant la période estivale.

 

« Je ne sais pas si je suis dans les plans des Islanders, ajoute l’ailier droit de 6 pieds 3 pouces et 222 livres. Lou (Lamoriello) ne négocie jamais durant la saison. Alors, pour l’instant, je suis dans l’inconnu total. Je me concentre à aider Bridgeport à se rendre loin en séries. »

 

Entouré de jeunes

 

Plus vieux joueur des Tigers, Bernier est entouré dans le vestiaire de certains joueurs nés en 1998, 1999 ou même 2000. C’est justement le cas d’Oliver Wahlstrom, le 11e choix au total de l’encan 2018, qui vient tout juste de quitter Boston College pour débuter sa carrière professionnelle.

 

Avec le recul, que dirait le Bernier de 34 ans au jeune Bernier qui a fait ses débuts dans la Ligue nationale, à 20 ans? « Je lui dirais de devenir un joueur plus complet. Dans le junior, je ne dirais pas que c’est facile, mais le jeu est plus ouvert, plus offensif. J’aurais dû, plus rapidement, travailler plus fort sur mon jeu défensif et sans la rondelle. Ça m’aurait énormément aidé dans mon cheminent dans la Ligue nationale. C’est exactement ce que je dis aux jeunes qui arrivent ici. Ils sont capables de marquer et de tirer fort au filet. Maintenant, ils doivent améliorer leurs faiblesses pour grimper dans la LNH et y rester. »

 

Steve Bernier aurait en effet aimé « y rester » encore plus longtemps. Mais à l’approche de son 900e match chez les professionnels, il peut marcher la tête bien haute.