LAVAL – On dirait que le destin voulait que Pascal Vincent et Éric Dubois soient réunis derrière un banc de hockey tellement leur parcours présente des points en commun et l’association porte ses fruits avec le club-école des Jets de Winnipeg.

 

Les deux hommes ont d’abord été coéquipiers avec le mythique Titan de Laval au début des années 1990. Par la suite, Dubois a cumulé plus d’expérience avec des équipes intrigantes comme les Knighthawks de New Haven, les Knights d’Atlanta, les Riverkings de  Newcastle et les Wild Wings de Schwenningen. Pour Vincent, ça s’est surtout limité aux Cherokees de Knoxville dans cette catégorie.

 

Les similitudes ont repris le dessus par la suite alors que Vincent et Dubois ont chacun conclu leur carrière de joueur avec les Royaux de Sorel. À quelques années d’intervalle, ils ont été embauchés comme entraîneur dans la LHJMQ.

 

Depuis quatre ans, Vincent a déterminé que Dubois représentait l’adjoint dont il avait besoin avec le Moose du Manitoba, une organisation avec laquelle Dubois avait participé à la première mouture comme joueur.

 

Le Moose du ManitobaPar une belle coïncidence, c’est à Laval, où ils ont protégé la forteresse du Titan, qu’ils ont abordé la chimie qui règne entre eux.

 

« Quand je l’ai engagé, j’ai reçu au-dessus de 40 candidatures incluant des anciens entraîneurs-chefs de la Ligue américaine et des adjoints de la LNH. On a réduit la liste avec mon directeur général. J’ai mis de côté notre histoire personnelle parce que c’était une décision de business à prendre. Ça n’avait rien à voir avec l’amitié, il était celui qui cochait toutes les cases », a précisé Vincent.

 

« Je pense que pour lui, l’important est de savoir qu’il a la loyauté de ses adjoints, il peut leur faire confiance sans penser à quoi que ce soit. J’ai toujours dit que j’étais ici pour l’aider et pour aider les Jets, point final. Je n’ai pas d’aspiration à devenir entraîneur-chef au niveau professionnel », a fait remarquer Dubois.

 

Même si le nom de Vincent refait parfois surface pour diriger une équipe de la LNH, les partenaires jouissent d’une stabilité plaisante avec le Moose.

 

« C’est drôle, c’est quand les enfants ne sont plus à la maison que je finis par avoir une stabilité, a rétorqué Dubois en riant qui a même retrouvé à Winnipeg un ami de son premier passage au Manitoba.

 

Stabilité n’est surtout pas un synonyme de facilité. Les ressources du Moose ont fortement été éprouvées cette saison. On en finit par se dire que Joël Bouchard doit parfois se consoler en se comparant au club de son ami.

 

Ironiquement, c’est en faisant bien leur travail que Vincent et Dubois ont perdu des atouts. Quelques espoirs ont gradué avec les Jets et ils doivent travailler à former la relève sans oublier que les blessures ont compliqué leur vie et forcé le développement accéléré de quelques patineurs.

 

Une méthode adéquate pour ne pas « échapper de jeunes » ?

 

Les Jets ne sont pas la seule organisation de la LNH à agir de cette manière, mais il se classe sans doute parmi les équipes qui poussent l’idée le plus loin. On parle ici d’une homogénéité entre les échelons de la Ligue américaine et de la LNH.

 

Ça se décante via les systèmes de jeu, les plans de match, la structure des entraînements, le vocabulaire hockey utilisé auprès des joueurs.

 

« Le jeune qui monte avec les Jets, tout ce qu’il a à faire, c’est de changer de bord dans l’aréna ! On pense qu’en faisant ça, c’est bénéfique au niveau de la confiance », a raconté Vincent en enchaînant avec une révélation intéressante.

 

« Je dirais même qu’à l’occasion avec notre équipe, je ne suis pas certain que j’utiliserais ces systèmes. Mais ce n’est pas par rapport à mon bien et aux besoins de l’équipe aujourd’hui. On le fait en fonction des besoins de l’organisation à long terme », a admis le pilote de 48 ans en précisant que le système des Jets est assez unique en son genre.  

 

Pascal VincentCette recette pourrait permettre, quand elle bien maîtrisée d’éviter un scénario redouté par les équipes de la LNH qui investissent une tonne de ressources sur le recrutement.

 

« J’imagine que d’autres équipes ont échappé des jeunes dans le passé parce qu’ils ont laissé une mauvaise première impression en montant. La deuxième n’a pas été meilleure, mais le jeune a tellement de choses à assimiler quand il fait le saut. On voulait éliminer tout ça pour que ceux qui sont rappelés n’aient rien à assimiler outre la rapidité du jeu évidemment. On veut qu’ils arrivent en haut en pleine confiance pour qu’ils puissent produire », a témoigné Vincent sans identifier aucun espoir « échappé ».

 

Comme il l’a précisé, les hockeyeurs qui parviennent à modifier leur style aussi bien qu’un Guy Carbonneau au niveau supérieur, ça ne court pas les rues. Les Jets préfèrent ainsi miser sur la qualité principale qui a mené à leur sélection.

 

Vincent et Dubois vus par White et Oligny

 

Professionnel depuis l’automne 2008, Ryan White a eu son lot d’entraîneurs en passant par Guy Boucher, Jacques Martin, Randy Cunneyworth, Michel Therrien, Craig Berube, Dave Hakstol, Dave Tippett, Bruce Boudreau, Dallas Eakins et encore plus. Il ne s’est pas fait prier pour trouver louanger Vincent et Dubois.

 

« C’est un entraîneur très passionné, très attentif aux détails dans la façon dont il veut voir son équipe jouer. La chose qui ressort le plus à mes yeux, c’est sa façon de traiter les autres. Parfois, le hockey passe en deuxième pour lui tellement il se soucie des joueurs. Si je pense à ma situation personnelle, j’ai eu des hauts et des bas ainsi que des blessures et il a toujours été là pour moi » a vanté White.

 

« J’apprécie beaucoup le fait qu’il soit capable d’accepter qu’on ne doit pas toujours accomplir quelque chose de la même manière que c’est enseigné. Il est en mesure de s’ajuster pour ça. Je ne suis pas le meilleur pour patiner à reculons, mais il me laisse modifier mon approche pour arriver au même résultat. C’est très apprécié pour les joueurs au lieu d’un entraîneur très noir ou blanc », a noté White en parlant cette fois-ci de Dubois qui balance le côté plus tacticien de Vincent.

 

Oligny a été attiré à Winnipeg en grande partie grâce à Dubois qui avait été son adjoint pendant une saison avec l’Océanic de Rimouski.

 

« Je l’aime beaucoup, c’est sûr. Si j’étais un entraîneur, je serais un peu comme lui. Il est patient, mais il est aussi capable de te le dire si tu ne te réveilles pas, il a ses limites. C’est correct de faire des erreurs, mais il n’aime pas que les gars soient paresseux ou qu’ils fassent la baboune », a commenté le défenseur qui apprécie le tout.

 

« Pour Pascal, il s’ajuste très bien à ses joueurs. Ce n’est pas tout le monde qui est pareil dans un groupe et il est capable de composer avec tous les styles de personne. C’est l’une de ses grandes forces. Il est capable de ramener chaque gars dans la bonne direction pour cette raison et il cherche toujours des solutions intelligentes », a vanté Oligny.

 

Il ne reste qu’à voir si cette complémentarité opérera un jour dans la LNH. En attendant, les deux entraîneurs québécois s’assurent de s’aider à progresser mutuellement.

 

« On discute, on échange. Quand je ne suis pas d’accord, il sait que je n’ai aucune arrière-pensée. C’est important pour un entraîneur-chef d’avoir des adjoints qui peuvent te remettre en question. On ne trouve pas nécessairement la solution sans le faire. Il sait que ses adjoints seront loyaux peu importe ce qui se passe et on a du fun ensemble », a conclu Dubois.