Georges Laraque est accusé de fraude. L’ancien homme-fort qui a évolué 13 ans dans la LNH, dont deux dans l’uniforme du Canadien de Montréal, aurait floué un ancien associé à la tête d’une compagnie distribuant des patinoires synthétiques et un client de trois sommes d’argent totalisant 122 000 $.

Saisie du dossier d’enquête depuis près d’un an déjà, la direction des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a autorisé les accusations mercredi. Accusé par voie de sommation, Georges Laraque, qui n’a jamais été placé en état d’arrestation dans toute cette histoire, comparaîtra au palais de justice de Longueuil le 19 novembre prochain.

Joint par le RDS.ca en début de soirée hier, Laraque a reconnu le dépôt des accusations. Il a aussi reconnu les faits allégués tout en assurant qu’il présentera une défensive agressive pour les faire tomber.

« Je n’ai rien à cacher dans cette affaire. C’est pour cette raison que je te parle ce soir comme je t’ai parlé le jour de la perquisition policière à mon domicile. Cette histoire n’est rien de plus qu’un différend qui a mal tourné entre associés. Je suis au courant des prétentions de l’associé à la base de ces accusations qui s’appelle Marc Filion. Mais un autre de mes associés, David Ettedguy, de même que le comptable et l’avocat embauchés par notre compagnie viendront nier en bloc toutes ses prétentions dès le début des procédures », a lancé Laraque lors de la conversation.

Bien qu’il ait accepté de commenter le dépôt des accusations retenues contre lui, George Laraque qui est représenté dans ce dossier par Me Pierre Poupart, a refusé de rencontrer les enquêteurs de la Police de Longueuil qui ont monté le dossier au cours des 10 à 12 derniers mois.

« Pourquoi je les aurais rencontrés. Je n’ai rien à me reprocher. Vous le verrez tous lors du procès », a répliqué Laraque quand je lui ai demandé d’expliquer son refus de répondre aux questions des enquêteurs.

Faits allégués

George Laraque est soupçonné d’avoir fraudé Marc Filion, l’un des deux associés avec qui il a fondé, en 2009, la compagnie Super Glide Canada qui distribuait des patinoires synthétiques construites en Floride, d’une somme de 50 000 $.

Selon des informations dignes de foi obtenues dans le cadre de l’enquête, Laraque aurait détourné cette somme des coffres de la compagnie pour la remettre à des membres de sa famille. L’enquête policière aurait déterminé que les deux personnes à qui l’ancien joueur prétendait avoir remis les 50 000 $ n’ont jamais vu cet argent.

Les deux autres accusations sont reliées à la vente, en 2010, de deux patinoires à un homme d’affaires d’Ottawa. Ayant négocié directement avec l’accusé, la victime a expliqué aux enquêteurs avoir acheté une première patinoire pour une somme de 57 000 $. Il en a acquis une deuxième que l’accusé lui aurait vendue pour la somme de 15 000 $ pourvu que la transaction soit effectuée en argent comptant. Un reçu signé de la main de Laraque confirmerait d’ailleurs cette deuxième transaction.

Croyant être propriétaires de deux patinoires qu’il avait payées, l’homme d’affaires de la capitale fédérale a réalisé qu’il s’était fait flouer lorsque le partenaire de Laraque - Marc Filion - l’a contacté en 2011 pour reprendre possession des deux surfaces synthétiques. Selon les prétentions des victimes, Laraque aurait vendu les patinoires à l’homme d’affaires alors qu’il avait prétendu à son partenaire les avoir laissées en consignes, en guise d’outil promotionnel.

Tissu de mensonges

« Tout ça est faux et je vais le prouver. Cet argent était à moi », a plusieurs fois répété Laraque lors de sa conversation avec le RDS.ca.

« Je suis accusé parce que ce n’est pas à la couronne, mais à un juge de déterminer de ma culpabilité ou de mon innocence. L’enquête a permis aux policiers d’apprendre certains faits qui sont très mal interprétés. Je comprends qu’ils m’accusent, car ils n’ont qu’une version des faits. Une fois ma version et celles de mes témoins entendues, les accusations tomberont rapidement. Je te l’assure. En fait, ils réaliseront tous qu’ils n’auraient jamais dû les déposer. J’espère que la police déposera ensuite de vraies accusations de fraude contre Marc Filion que je poursuivrai également au civil pour atteinte à ma réputation. Si j’étais coupable de quelque chose, je me cacherais ce soir. Mais je veux parler au plus grand nombre de journalistes possible, car je veux que les gens sachent que c’est de la foutaise ces accusations. »

Campagne électorale

Hockeyeur à la retraite, George Laraque assure garder ses visées en politiques. Malgré les accusations, il a toujours l’intention d’être candidat pour le parti Vert lorsque le gouvernement fédéral annoncera la tenue d’une élection partielle dans la circonscription montréalaise de Bourassa laissée vacante depuis la démission de Denis Coderre aujourd’hui candidat à la mairie de Montréal.

« Quand les gens vont voir les titres, ils seront surpris. C’est clair. Mais lorsqu’ils connaîtront les faits, la vérité, ils comprendront que je ne suis coupable de rien et ne m’en tiendront pas rigueur. J’en suis convaincu », a plaidé Laraque.

Ce n’est pas la première fois que Laraque et son partenaire Marc Filion se croisent sur la scène judiciaire.

Prétendant que son associé avait pigé 30 000 $ dans le compte de leur compagnie pour rembourser une dette personnelle auprès du concepteur des patinoires artificielles, la compagnie Global Synthetic Ice qui a pignon sur rue en Floride, Laraque a déposé une plainte de fraude à la Police de Montréal contre Filion. Ce dernier a alors contre-attaqué avec une contre-poursuite de plus de 100 000 $.

Les deux hommes se sont aussi attaqués à coups de poursuites civiles qui n’ont encore jamais été débattues dans une cour de justice. « Ça viendra, je te l’assure. Je vais régler ce premier dossier et après je vais m’assurer d’obtenir justice sur les autres fronts », a conclu George Laraque.