TORONTO - Pendant combien de temps la Ligue nationale va-t-elle tolérer que l'image d'un aussi beau sport soit mutilée par des écervelés comme Tie Domi?

Mais en réalité, n'est-elle pas justement la grande responsable des événements qui se sont produits à la fin du match entre les Devils du New Jersey et les Maple Leafs de Toronto, jeudi soir. N'est-elle pas la grande responsable de la situation en demandant à ses arbitres, comme je l'ai déjà mentionné, de ne pas être les responsables du verdict final.

En pronant la tolérance, la Ligue nationale se condamne elle-même. Elle protège ainsi le hockey d'accrochage, elle protège les spécialistes des coups vicieux, elle expose ses meilleurs effectifs à des blessures graves. Elle donne le feu vert à Tie Domi et à tous les athlètes ce genre.

Elle doit payer maintenant le prix pour sa tolérance.

Les Devils du New Jersey, champions en titre, risquent d'être éliminés parce qu'un Tie Domi de ce monde s'est attaqué à l'un des meilleurs défenseurs de la Ligue nationale. Un geste gratuit, un geste prémédité accompagné d'une violence qu'on doit punir avec une sévérité extrême dans les circonstances. A partir de faits passés, notamment le geste de Dale Hunter à l'endroit de Pierre Turgeon, un geste qui avait coûté 21 matchs à l'ex-Nordique.

Alors pourquoi le reste des séries éliminatoires ou les huit premiers matchs du calendrier dans le cas de Domi? Parce que Niedermayer a pu regagner le vestiaire de son équipe sur ses deux jambes?

Gary Bettman doit passer aux actes et exiger un virage de 360 degrés. Il doit réagir à la philosophie adoptée par ses hommes de confiance. Il doit protéger l'image de sa ligue, c'est la raison pour laquelle on lui verse un salaire de plus de $1.5 million par année.

Il lui faut ramener tout le monde à l'ordre. Joueurs et arbitres… Entraineurs et directeurs généraux…

Ce qu'il faut aussi retenir de l'incident de jeudi soir à Toronto, c'est la réaction des deux arbitres, Paul Devorski et Don Koharski, deux victimes du système implanté par la ligue pendant le tournoi printanier. Pas plus intelligents que leurs propres dirigeants, Devorski et Koharski n'ont réagi en aucun moment au geste dangereux de Domi.

Disons que Devorski a eu une réaction. Celle de l'inertie. Il a tout vu de l'attaque sauvage de Domi, sans jamais stopper le jeu et ensuite décréter que le joueur des Leafs avait délibérement tenté de blesser son rival. Il n'a rien fait si ce n'est que de se planter près de Scott Niedermayer, de le regarder inconscient sur la patinoire tout en surveillant, l'auteur de l'attaque, Domi lui-même, filer vers la zone des Devils en échappée. Il s'est passé près de 10 secondes avant qu'on décide que Niedermayer était peut-être gravement blessé.

C'est ça aussi le prix de la tolérance.

Pour camoufler leur manque de jugement, les autorités de la Ligue nationale n'ont jamais voulu admettre que, cherchant à sauver la face, ce sont les gens juchés tout au haut de la galerie de la presse, qui ont avisé les deux arbitres qu'il fallait peut-être faire quelque chose.

On a dit que Kevin Collins était celui qui avait imposé la pénalité ou encore avait avisé les deux arbitres.

Pourtant, si vous regardez attentivement la reprise des événements, Devorski est tout près du point d'infraction. Pourquoi n'a-t-il pas levé le bras? Pourquoi n'a-t-il pas imposé une pénalité de match au joueur des Leafs? Comme acte sauvage, c'était l'évidence même.

Cette fois-çi, les deux officiels ont dépassé la logique. Ils ont manqué carrément à leur devoir, ils ont en somme ignoré les bases fondamentales du livre des règlements. Une grave erreur.

Mais n'est-ce pas là les conséquences d'une philosophie inacceptable pour une ligue de prestige. Pourquoi, pendant les séries éliminatoires, modifie-t-on le livre des règlements? Pourquoi le règlement de l'accrochage n'est pas interprété de la même façon que pendant le calendrier? Pourquoi, faut-il fermer les yeux sur une foule d'infractions sous prétexte qu'il faut laisser les joueurs s'exprimer? Vous savez quoi, le livre des règlements devrait être interprété avec encore plus de rigueur pendant les séries éliminatoires tout simplement parce que la compétition est plus féroce, plus hostile.

Quand deux équipes doivent s'affronter pendant quatre, cinq, six ou sept matchs sur une période de deux semaines, ne croyez-vous pas que les esprits s'échauffent, que le degré de violence va atteindre des sommets qu'on ne voit pas pendant le calendrier régulier?

Tie Domi vient de servir un autre coup dans les flancs à la Ligue nationale. Après l'agression de Marty McSorley, après les attaques sournoises de Owen Nolan et de Brad May, on croyait que les têtes dirigeantes avaient compris.

On pensait que l'Association des joueurs avait ramené ses membres à l'ordre.

Mais non.

Le dossier Quinn

J'ai hâte de voir comment Wayne Gretzky et son groupe vont réagir à la suite du geste posé par Pat Quinn à l'endroit de Stan Behal, photographe du Toronto Sun. Alors qu'il se dirigeait vers les bureaux de la LNH à Toronto, en compagnie de Tie Domi, Quinn a porté sa main au cou du photographe qui prenait des clichés de Domi.

«Je ne savais même pas que le joueur des Leafs était accompagnie de Quinn et de Ken Dryden jusqu'au moment où j'ai senti une main me serrer le cou.»

Si je parle de Gretzky et de son groupe, c'est parce que Quinn sera l'entraineur de l'équipe olympique du Canada. Va-t-on mentionner qu'il s'agit d'un simple incident, qu'il ne faut pas en faire tout un plat. Que Quinn doit composer avec beaucoup de pression actuellement.

Sans doute.

Mais, ce n'est justement pas un cas isolé. C'est la réaction d'un entraineur qui ne parvient pas à contrôler ses émotions. Est-ce ce genre de pilote qu'a besoin l'équipe canadienne?