Le hockey mineur a énormément changé depuis mon époque. Pas que je sois si vieux, mais on travaille maintenant de plus en plus en fonction de l’élite, ce qui change les façons de faire. L’une des conséquences de ce choix réside dans le fait que nos jeunes jouent maintenant au hockey 12 mois par année. Il n’y a pas de pause, ce qui est, je crois, une erreur. Il faut leur laisser la chance non seulement de se changer les idées, mais aussi de pratiquer d’autres sports, comme le soccer ou le baseball, pour qu’ils puissent développer d’autres habiletés et d’autres réseaux d’amis. De toute façon, je pense qu’acquérir de nouvelles expériences les aidera au hockey.

Je m’égare, car ce n’est pas ce que je veux dire quand je parle de briser nos jeunes. La recherche de la performance et des meilleurs éléments fait désormais en sorte qu’il y a souvent deux camps de sélection pour former les équipes de l’an prochain. La première se fait actuellement dans plusieurs ligues et l’autre se tiendra en fin d’été. Or, ce sont des étapes cruciales pour plusieurs de ces jeunes joueurs qui rêvent de la Ligue nationale.

Il y a cependant un " hic ". Ce ne sont pas tous les joueurs qui sont retenus. Certains d’entre eux ne seront pas choisis par l’entraîneur. Il y a une foule de façons d’annoncer la nouvelle. Dans un cas, on peut afficher la liste de ceux qui sont retenus ou, au contraire, celle de ceux qui sont évincés; d’autres diront aux joueurs que si on vous rappelle, c’est que vous faites l’équipe ou, à l’inverse, si on vous téléphone, c’est que vous êtes exclus. Bref, il y a peut-être autant de méthodes que d’équipes. Mais dans tous les cas, il y a des jeunes qui attendent et espèrent; qui stressent et qui ont peur.

Quand la décision tombe enfin, elle est finale et souvent sans explication. S’il est refusé, le jeune comprend simplement qu’il n’est pas assez bon. L’impact peut être dévastateur.

Il faut expliquer

Pour tous ceux qui doivent passer par là, il est essentiel que les responsables mettent tout en œuvre pour ne pas briser leur estime d’eux même. La confiance, peut-être encore plus pour un adolescent, est une chose extrêmement fragile qu’il faut protéger. Et, cette responsabilité revient d’abord à l’entraîneur de l’équipe. C’est lui le patron.

Si le jeune interprète la décision comme un rejet pur et simple, il sera brisé. J’ai vu tant de cas où ces adolescents ont été anéantis moralement, perdant toute confiance en eux. J’en ai même vu tourner complètement le dos au hockey parce qu’ils ont vu le bannissement comme une expulsion, un échec et même une disgrâce.

En fait, les instructeurs doivent prendre du temps avec le jeune retranché, quelques minutes suffisent. Il faut que l’entraîneur explique sa décision en insistant sur les forces du jeune d’abord, puis en précisant les habiletés qu’il lui faut améliorer pour être retenu la prochaine fois. Le hockeyeur doit sortir de la réunion en étant motivé pour travailler sur ses forces et sur ses faiblesses.

Alors, il conservera l’espoir et l’amour du jeu. Les remarques doivent être orientées pour faire une différence claire entre « être » et « faire ». Il n’y a aucune lacune dans ce que le jeune est, il a des faiblesses dans ce qu’il fait. Ainsi, on n’ébrèche pas la personnalité ou la confiance de ces jeunes hommes ou de ces jeunes femmes.

Plus encore, l’entraîneur doit s’assurer que ceux qui sont retenus ne délaisseront pas ni ne se moqueront de ceux qui sont exclus. Les jeunes peuvent parfois être méchants, mais il leur faut comprendre qu’ils doivent garder les pieds sur terre; que ce qui arrive aux autres ne les diminue pas. C’est également à l’entraîneur de leur apprendre ces grandes leçons de la vie.

Les enjeux sont trop importants pour l’avenir de tous ces jeunes. Sachant d’ailleurs qu’un pourcentage minime de tous les joueurs accèderont à la ligue nationale, il est donc plus que probable que la majorité soit, un jour ou l’autre, exclue d’une équipe. Il est donc primordial de bien faire les choses pour que tout le monde conserve sa dignité et le goût de jouer à ce sport magnifique.