En temps normal nous serions à la veille d’entreprendre les séries éliminatoires au hockey junior canadien. Ce soir ou demain, 24 affrontements de première ronde (4 de 7) se mettraient en marche à la grandeur du pays et les nombreux recruteurs professionnels afflueraient un peu partout afin de voir comment certains espoirs se débrouillent dans le hockey des « séries ». 

Pour certains espoirs, évoluant dans des équipes plus faibles avec de bonnes chances de se faire éliminer rapidement, c’eut été la dernière chance de démontrer leur savoir-faire, de laisser une dernière impression. Mais la réalité étant ce qu’elle est, il n’y a plus de match!

En discussion avec un recruteur d’une équipe de l’association de l’Ouest qui préfère garder l’anonymat (son patron lui a dit de ne pas accorder d’entrevues),  tout ce qui reste c’est de regarder des matchs sur l’ordinateur et de s’attarder à des détails qui auraient pu échapper en saison régulière.  « On visionne aussi des séquences de joueurs en Europe que nous n’avons pas pu voir en raison de l’éloignement. Cela nous permet de nous faire une idée et surtout de comparer. »

Il faut dire qu’aujourd’hui, chaque équipe de la LNH est équipée de logiciels ultra performants qui permet aux recruteurs et aux directeurs généraux d’aller visionner des séquences biens précises. En tapant sur quelques touches d’un ordinateur, un recruteur peut voir, en 15-20 minutes, toutes les présences sur la glace d’un espoir à l’autre bout du monde, sans nécessairement devoir visionner le match au complet.

Chez les Predators de Nashville, Jean-Philippe Glaude, qui couvre le territoire de la LHJMQ et de la OHL, travaille avec le logiciel XOS ThunderCloud. Avec l’entremise d’un confrère basé à Nashville, il visionne beaucoup de séquences en confinement à domicile.  

« On va avoir des appels conférences aux deux jours au cours des prochaines semaines et on va passer chacun des territoires pour être certain que notre liste sera à point. »

Le recruteur, qui a recommandé Samuel Girard aux Prédators en 2016, est d’avis que le hockey des séries éliminatoires est non-négligeable quand vient le temps de concevoir la liste finale. 

« En mai 2016 mes collègues de Nashville avaient assisté à un match à Shawinigan en finale de la LHJMQ et Sam avait été dominant. Quand un joueur connaît de bonnes séries éliminatoires, il est plus facile à vendre aux patrons. Cette année, personne ne pourra compter sur cette dernière évaluation ».

C’est un peu la même chose pour le Championnat mondial des moins de 18 ans qui devait avoir lieu à Plymouth, le mois prochain. Il s’agit d’un tournoi « baromètre » chaque année ou certains espoirs en profitent pour grimper dans les classements. On l’a vu avec Jesperi Kotkaniemi, il y a deux ans.

« En ce moment, on va établir nos listes et elles seront probablement finales, car nous n’aurons pas d’autres moyens d’évaluer les joueurs. La bonne nouvelle est que nous avons quand même emmagasiné beaucoup d’informations sur chaque joueur depuis presque deux années complètes », conclut Glaude.  

Pour un autre recruteur d’une équipe de l’Est qui préfère lui-aussi ne pas être identifié : « Je ne crois pas que la séance de 2020 sera plus difficile en raison de l’annulation des séries de fin de saison et du Mondial U18. Toutefois, si on fait des erreurs, on mettra cela sur la faute de la COVID-19 et du fait qu’on aura pas vu assez de matchs », conclut-il en badinant...