La mise sous contrat par les Remparts de Québec du défenseur néo-brunswickois Evan Nause a relancé le sempiternel débat qui revient à chaque printemps à l’approche des séances de sélections de la LHJMQ. 

Rappelons les faits. Nause, un brillant espoir pour la séance de sélection de la LNH en 2021, avait été choisi au 6e rang de la 1re ronde l’an passé par les Foreurs de Val-d’Or.

Bien que ces derniers eurent tenté de l’attirer en Abitibi, Nause, qui avait d’autres options, a décidé d’aller jouer avec le Stampede de Sioux Falls dans l’USHL l’an passé, une équipe qui avait pris la chance de le réclamer en 7e ronde de la séance de sélection de ce circuit basé dans le mid-ouest américain.           

La réglementation de la LHJMQ permet deux choses à l’équipe qui a choisi un joueur en première ronde et qui refuse de se présenter. Soit on échange ses droits à une autre équipe (Baie Comeau l’a déjà fait avec Nathan Mackinnon en 2011) ou bien on libère le joueur qui redevient admissible et on reprend un choix équivalent en première ronde l’année suivante. Les Foreurs ont choisi la seconde option ce qui leur a permis, au 6e rang cette année, de réclamer le gardien de but Vincent Filion. Somme toute, les Foreurs n’ont rien perdu. 

Redevenu disponible depuis la mi-avril, Nause devait normalement retourner à Sioux Falls pour une 2e saison après laquelle il aurait choisi une université pour la saison 2021-2022.

Les Remparts entrent dans la danse

Il y a un mois, Patrick Roy et l’état-major des Remparts ont contacté la famille Nause pour tenter de leur « vendre » la ville de Québec et l’organisation des Remparts. La famille, malgré une bonne conversation, a d’abord décliné poliment disant vouloir demeurer avec le plan « A ».  Mais, le 3 juin dernier, deux jours avant la séance de sélection de la LHJMQ, le clan Nause a recontacté les Remparts pour leur dire que finalement, avec tout ce qui se passe dans le monde présentement, particulièrement avec les tensions aux États-Unis, il reconsidérerait peut-être le plan initial. 

Entretemps, le directeur général des Remparts avait pris la peine de visionner des matchs du jeune défenseur dans l’USHL l’an passé et, pour lui, il ne faisait plus aucun doute que Nause pourrait évoluer sur ses deux premières paires de défenseur en octobre prochain. Autre facteur non-négligeable, l’adjoint de Roy, Martin Laperrière, a dirigé le défenseur lors du Défi Mondial des moins de 17 ans en novembre dernier.

Les Remparts ont donc fait ce que les Foreurs avaient fait l’an dernier, c’est-à-dire réclamer Nause au 5e rang de la séance de sélection de vendredi dernier et voilà que le jeune homme jouera à Québec l’an prochain.

Des amateurs déçus

Les partisans des équipes de la LHJMQ (sauf ceux des Remparts) n’ont pas tardé à faire connaître leur mécontentement au cours des dernières heures sur les différents médias sociaux criant à l’injustice et exigeant, comme c’est le cas depuis toujours, une réglementation plus sévère de la LHJMQ pour éviter de telles situations.

La vérité, c’est que c’est difficile de légiférer. D’une part, la LHJMQ ne veut pas se priver de la présence des meilleurs joueurs de son territoire dans le circuit. D’autre part, comment protéger les équipes de plus petits marchés souvent incapables d’attirer les meilleurs espoirs? Si quelqu’un à une solution qu’il se manifeste, car cela fait 30 ans que l’on cherche.

Au moins, la LHJMQ a établi un système de compensation qui n’existait pas il y a une dizaine d’années. Il reste que bien des amateurs de villes comme Val-d’Or, Baie-Comeau ou Victoriaville se sentent floués par ces joueurs qu’on qualifie « d’enfant-roi » qui choisissent leur destination comme des joueurs autonomes.

Il faut comprendre que certains jeunes joueurs et leurs familles ont plus d’options que d’autres, donc la possibilité de « choisir » entre la LHJMQ et la NCAA est bien réelle. 

L’espoir de 4e ronde qui ne reçoit pas d’offres des universités américaines va se rapporter à l’équipe qui l’a réclamé dans 95% des cas. Mais les meilleurs, qui se font courtiser à gauche et à droite, ont tendance à attendre de voir qui va les repêcher avant de faire un choix définitif. Cette mentalité irrite beaucoup de partisans...

Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : géographie, langues, environnement scolaire. Pour certaines familles à l’esprit plus « ouvert », peu importe l’endroit il n’y aura pas de problèmes. Pour d’autres familles, souvent anglophones des Maritimes, l’idée de voir le fils de 16 ans s’expatrier à Val-d’Or, dans un marché francophone, à 20 heures de route de la maison peut faire peur. Qui sommes-nous pour juger? Nous ferions quoi à leur place? Chacun à sa petite idée là-dessus.

C’est le temps des vacances. Un peu plus hâtive que d’habitude car il n’y a pas de séances de sélection LNH à la fin juin. Quelque chose me dit qu’on va revenir au boulot plus tôt aussi. 

Bon début d’été et surtout restez en santé!