Gilles Courteau est à la tête de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) depuis trois décennies. Il a vécu des moments forts et de grandes déceptions. Il a été louangé et beaucoup critiqué, ce qui est inévitable dans un rôle comme le sien.

Mais il y a de ces évènements qui le rendent fier d’être là. Comme la semaine dernière, par exemple, quand Patrick Roy a été confirmé dans sa double fonction de directeur général et entraîneur des Remparts de Québec. La nouvelle a attiré tous les réflecteurs du hockey junior canadien sur son circuit. Elle a fait saliver les commissaires des deux autres ligues canadiennes qui donneraient cher pour qu’une personnalité aussi forte, recordman de la Ligue nationale de surcroît, s’implique de la même façon dans leur milieu.

Voilà un ex-athlète, plusieurs fois millionnaire, qui s’offre comme mission de participer au développement de jeunes hockeyeurs tout en parcourant en autocar des milliers de kilomètres sur les routes du Québec et des Maritimes, parfois en pleine nuit, pendant que les nombreuses vedettes qu’il a côtoyées durant sa carrière se la coulent douce dans une retraite dorée.

Les répercussions provoquées par son arrivée sont majeures pour la LHJMQ. Le mot est faible quand Courteau en analyse tous les aspects positifs.

« Patrick  a mentionné en point de presse qu’il s’était fait un cadeau en reprenant sa place derrière le banc des Remparts ; je dirais qu’il nous en a fait tout un », précise-t-il. Il avait eu un impact majeur quand il avait dirigé les Remparts à la première occasion. Il avait attiré les foules dans toutes les villes de la ligue; il s’était montré généreux avec les gens. S’il leur avait consacré beaucoup de temps en signant des autographes, c’est parce qu’il était conscient de l’impact qu’il exerçait sur son sport. La ligue ne lui avait pas demandé de se comporter de cette façon. Il s’agissait d’une initiative personnelle. »

On ne croyait jamais le revoir quand il est retourné au Colorado pour y entreprendre une carrière d’entraîneur dans la Ligue nationale. L’expérience a été plus courte qu’il l’avait lui-même anticipée, si bien qu’après deux ans d’une attente au cours de laquelle le téléphone n’a pas sonné, la piqûre pour son ancien métier a été la plus forte. À Québec, Roy est retombé dans ses vieilles chaussettes dans un environnement qu’il connaît parfaitement et dans une ville qui l’a vu naître et qui l’admire.

Y a-t-il une différence entre sa première expérience avec les Remparts et celle qu’il s’apprête à vivre? Un monde de différence, selon Courteau.

« À la première occasion, on avait vu arriver avec nous le meilleur gardien du monde qui avait comme unique expérience derrière le banc un bref séjour dans une ligue bantam AA. Aujourd’hui, on se retrouve avec un gagnant du trophée Jack-Adams. À ma connaissance, jamais personne n’est allé diriger une équipe junior après avoir gagné le Jack-Adams », mentionne-t-il avec une certaine fierté.

Son retour va permettre aux Remparts de remplir des milliers de bancs inoccupés. Il va générer un intérêt nouveau dans la majorité des villes de la ligue, comme cela s’était produit à la première occasion. Dans le temps, les Tigres de Victoriaville avaient même demandé à la ligue d’être relocalisés dans la division occupée par les Remparts afin de pouvoir jouer plus souvent contre Québec, ce qui leur avait été accordé.

Et le Canadien en rajoute

Pendant que Gilles Courteau était hospitalisé pour subir une intervention chirurgicale à un genou, les bonnes nouvelles n’en finissaient plus de lui parvenir. Après le retour providentiel de Roy, le Canadien est allé puiser le prochain adjoint de Claude Julien à Drummondville, tout en faisant l’acquisition de deux espoirs québécois, le capitaine de l’Armada de Blainville-Boisbriand, Alexandre Alain, et Morgan Adams-Moisan qui vient de terminer sa quatrième saison junior, dont trois avec l’Armada et la quatrième avec Drummondville.

Il y a quelques années, le commissaire s’était plaint d’un certain manque d’intérêt du Canadien pour le circuit qu’il dirige. La saison de misère que l’organisation vient de traverser a probablement incité ses dirigeants à diversifier leurs sources d’intérêt. Soudainement, le Canadien a semblé voir ce qui se fait de bien dans sa propre cour.

Curieusement, si le circuit Courteau gagne un entraîneur de prestige en Patrick Roy, il perd du même coup son meilleur coach en Dominique Ducharme. Compte tenu de la feuille de route remarquable de Ducharme (trois participations au championnat mondial junior et une coupe Memorial), ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne capte l’attention de la Ligue nationale.

« Le Canadien vient de faire des gestes très positifs, dit Courteau. Ce qui est impressionnant, c’est que l’organisation n’a pas agi dans un objectif de marketing. On n’est pas allé chercher Ducharme pour remplacer Sylvain Lefebvre dans la Ligue américaine. Le Canadien a été vertement critiqué quand le Lightning de Tampa Bay a embauché Alex Barré-Boulet. Toutefois, ses dirigeants n’ont pas paniqué. Non seulement Dominique Ducharme devient-il toute une acquisition, mais Alexandre Alain représente aussi une signature intéressante. Selon moi, il deviendra un bon joueur à un niveau supérieur. Le Canadien n’a pas agi dans l’unique but de plaire à son public. Même si l’équipe a été beaucoup critiquée, elle reste solide dans ses réflexions. Il faut lui accorder du crédit quand elle prend de bonnes décisions. L’acquisition de Ducharme et celles des jeunes Alain et Adams-Moisan représentent de bons coups. »

Mardi soir, sous le regard attentif de Marc Bergevin, Alexandre Alain s’est offert une soirée de trois buts et deux passes, dans un match crucial de l’Armada qui passe ainsi à la ronde suivante.

La LHJMQ s’attend à perdre un autre de ses hommes de hockey de grande valeur prochainement puisque Joël Bouchard, qui dirige avec énormément de brio la barque de l’Armada, joindra probablement les rangs du Canadien à son tour. Un poste l’attend au sein de l’organisation. Ne reste plus qu’à lui greffer un titre.

« Joël possède tous les éléments pour se distinguer au niveau professionnel, clame Courteau. Il jouit d’un talent spécial pour reconnaître le talent, pour développer des joueurs et pour soutirer le meilleur de chacun d’eux. Je pense qu’il n’y a pas un autre gars au monde qui connaît mieux les joueurs d’âge junior. »

Dans l’avenir, toujours selon Courteau, un autre entraîneur talentueux devrait obtenir sa chance, lui aussi. Le prochain à attirer les regards des observateurs du hockey professionnel est Gilles Bouchard, directeur général et entraîneur des Huskies de Rouyn-Noranda.

Il a été impliqué avec Hockey Canada dans le programme des moins de 17 ans. Son équipe a gagné la coupe du Président avant de perdre le match final de la coupe Memorial en prolongation en 2016, une saison éclatante qui lui avait valu d’être proclamé l’entraîneur junior par excellence au Canada. L’intérêt manifesté actuellement pour Dominique Ducharme et Joël Bouchard est sûrement de nature à faire souffler vent d’espoir et d’optimiste parmi leurs collègues du Québec.