Je ne pensais jamais que célébrer mes 30 ans à la couverture de la LHJMQ à RDS se ferait en confinement sans avoir le plaisir de couvrir un match sur place dans un des amphithéâtres du circuit. C’est pourtant la triste réalité qui a changé nos vies depuis trois semaines.

Outre un petit reportage produit en novembre 1989 alors que j’étais encore étudiant en communication au Cégep de Jonquière, mes véritables débuts à RDS ont eu lieu lors de mon stage de fin d’études en avril et mai 1990. Je demeure un privilégié de pouvoir dire aujourd’hui que j’ai fait mon stage au Réseau des Sports et que j’y suis toujours 30 ans plus tard.

Arrivé dans la salle des nouvelles du boulevard René-Levesque le 28 mars, ce n’est que quelques jours plus tard que ma vie a changé et je m’en souviens comme si c’était hier.

Le matin du 5 avril 1990, un jeudi, je suis en mode observation près de celui qui se devait de me « coacher », Daniel Aucoin, qui était rédacteur depuis l’ouverture de la station en septembre 89.  Soudain le patron de l’époque, Yvon Vadnais, surgit dans la salle et, en regardant le tableau des affectations au mur, note qu’il y a à couvrir le match numéro 6 de la série quart de finale de la LHJMQ entre les Draveurs de Trois-Rivières et le Laser de Saint-Hyacinthe le soir même.

Se retournant vers un autre reporter assis dans la salle à ce moment, Martin Côté, que j’avais connu lors de mes études au Saguenay il lui dit : « Raoul – c’était son surnom –, c’est toi qui vas à Saint-Hyacinthe ce soir! ».

Le confrère, qui couvrait à peu près tout ce qu’il y avait à faire dans la jeune salle de RDS à ce moment-là (Canadiens, LHJMQ, Expos, etc…), répond à Monsieur Vadnais qu’il vient de travailler 13 jours en ligne et qu’il serait dû pour une soirée de congé, ne serait-ce que pour faire sa lessive!

Ma vie a changé à ce moment

Yvon sourit à la réplique de Martin et je m’adonne à être dans son champ de vision au même moment.  « Leroux – Tu connais ça le hockey junior!  C’est toi qui vas couvrir ce match-là ce soir pour Sports 30. » Je n’en revenais pas! – À ma 6e journée de stage, j’obtenais ma première affectation.

Oui je suivais la LHJMQ depuis quelques années surtout grâce aux Saguenéens et à mon passage à Jonquière entre 1987 et 1990, mais là c’était un peu irréel. Je ne sais pas ce qui se serait produit si Raoul avait pu couvrir ce match, mais il n’en demeure pas moins que je comptais bien saisir l’occasion de faire mes preuves.

Un duel Dubé-Flynn

Donc en début de soirée, on quitte Montréal, mon caméraman (Raymond Routhier) et moi, pour le Stade L.-P.-Gaucher de Saint-Hyacinthe. Ce soir-là, le Laser, qui en est à sa première saison dans la LHJMQ à la suite du transfert du Canadien Junior de Verdun, a la chance de causer une surprise menant 3-2 dans la série 4 de 7 face aux Draveurs de Trois-Rivières. 

L’équipe maskoutaine, dirigée par l’entraîneur-chef recrue Norman Flynn, a pris le 7e rang du classement général en 1989-1990 et a la chance de sortir les Draveurs, 2e au classement.  Ah oui, les Draveurs sont dirigés par un autre jeune entraîneur-chef : Dany Dubé.

Assez ironique de constater que les deux premiers entraîneurs de la LHJMQ avec qui j’ai réalisé des entrevues dans ma carrière à RDS sont aujourd’hui deux collègues de travail, surtout Norman, avec qui je fais la paire à la description du Championnat mondial junior depuis 1999.

Les Draveurs ont gagné

Devant une foule survoltée, dans le petit amphithéâtre de Saint-Hyacinthe, les Draveurs de Trois-Rivières ont résisté à l’élimination ce soir-là en l’emportant 6-2 face au jeune Laser et son gardien recrue Martin Brodeur grâce à une explosion de cinq buts en 3e période.

À cette époque, où les moyens techniques étaient très limités, un messager venait nous rejoindre vers la fin de la 2e période à l’aréna vers 21 h 30 et repartait avec les cassettes d’enregistrement à la station pour que nous ayons des images partielles à mettre en ondes pour le bulletin Sports 30 de 23 h.

Pour notre part nous sommes restés jusqu’à la fin du match (vers 22 h 45) pour faire des entrevues et ces extraits n’étaient disponibles qu’à notre retour soit pour la dernière édition de Sports 30 à 2 h dans la nuit.  C’était comme ça dans le temps.

Aujourd’hui les alimentations rentrent en direct à la station via internet, mais, il y a 30 ans, nous étions bien loin de tout cela.

Affectation LHJMQ

Pour la petite histoire, le lendemain soir, le Laser a finalement complété la surprise en rebondissant avec un gain de 5-2 à Trois-Rivières dans le match numéro 7.  Moi, ce lendemain, j’avais plutôt été mandaté au match numéro 7 entre les Saguenéens de Chicoutimi et les Tigres au Colisée des Bois-Francs à Victoriaville.

Toujours comme stagiaire du Cégep de Jonquière, j’ai été par la suite affecté aux séries demi-finales et à la grande finale de la Coupe du Président qui, cette année-là, a été gagnée par le Titan de Laval face aux Tigres.

La saison suivante (1990-91), j’ai couvert près de 25 matchs de la LHJMQ surtout à Laval, Longueuil et Saint-Jean-sur-Richelieu (à cette époque, nous demeurions près géographiquement de la station) ce qui m’a permis de développer une certaine expertise avec les équipes de la LHJMQ et cela se poursuit depuis maintenant 30 ans.

Quand je fais le décompte aujourd’hui c’est plus de 1750 matchs couverts simplement dans la LHJMQ en saison régulière et en séries éliminatoires. Si j’ajoute les nombreux Championnats du monde junior, tournois de la Coupe Memorial et matchs de la Ligue Midget AAA ou de la Ligue américaine, on peut facilement parler de 2700 matchs sans craindre de se tromper.

Aujourd’hui, avec les équipes plus éloignées, c’est plus difficile de voir 100-110 matchs sur place comme c’était le cas au milieu des années 90, mais, heureusement, la technologie nous aide et fait en sorte de simplifier notre travail. 

Juste pour faire réaliser comment la LHJMQ a changé : à mes débuts à RDS, en 1990, la ville de Chicoutimi était la plus éloignée de RDS de toutes les équipes du circuit avec ses 465 kilomètres.  Aujourd’hui il y a 10 destinations plus lointaines de Montréal que Chicoutimi dans la LHJMQ – c’est le jour et la nuit.

Je suis un privilégié et croyez-moi je m’en rends bien compte.  Plusieurs amateurs de hockey voudraient être à ma place, car je réalise mon rêve de ti-cul et je pratique le plus beau métier du monde depuis maintenant 30 ans.

Merci à Monsieur Yvon Vadnais, le patron de l’époque, de m’avoir donné ma première chance. Merci à Charles Perreault, le patron actuel, de toujours croire en ce que je fais.  Merci à Martin « Raoul » Côté d’avoir eu une brassée de lavage à faire en ce soir du 5 avril 1990!