DRUMMONDVILLE – À moins d’être assez vieux pour vous souvenir des Voisins de Laval des années 1980, vous n’avez probablement jamais vu, ailleurs que dans les jeux vidéo, une lancée comme celle que traverse actuellement Joseph Veleno.

De grâce, du calme : il ne s’agit pas ici de comparer Veleno à Mario Lemieux, mais simplement d’illustrer le caractère spectaculaire de ce qu’il accomplit depuis deux semaines. À ses six derniers matchs, le joueur de centre des Voltigeurs de Drummondville a récolté huit buts et 14 mentions d’aide pour un total de 22 points.

Vingt-deux points en six matchs. Vous avez bien lu.

Veleno, qui revendique maintenant 45 points en 25 parties depuis le début de la saison, n’aurait pu choisir un meilleur moment pour s’inviter dans la course au meilleur marqueur de la LHJMQ. Lorsque la liste des joueurs invités au camp de sélection final d’Équipe Canada en vue du prochain championnat du monde junior a été publiée, lundi, son nom s’y retrouvait en compagnie de sept autres joueurs du circuit Courteau.

Si les dirigeants de Hockey Canada hésitaient à donner leur approbation à la candidature de Veleno, il ne fait aucun doute que ses récents exploits ont dû faciliter leur décision. Il serait toutefois réducteur de résumer le potentiel du jeune Montréalais à ces quelques parties, aussi fructueuses fussent-elles.

« Joe s’est tellement amélioré depuis l’année passée, je pense qu’il est beaucoup plus responsable défensivement, témoigne son coéquipier Maxime Comtois, qui a suivi à distance le début de saison de son équipe junior pendant qu’il vivait son baptême de la Ligue nationale. Je pense que c’est ce qui a fait pencher la balance cette année pour Hockey Canada. C’est un gars qui joue bien sur 200 pieds présentement. Il récolte des points, mais il joue vraiment bien défensivement. »

« C’est incroyable la coche qu’il a prise durant l’été, a aussi remarqué le défenseur Nicolas Beaudin. L’année passée, je te dirais que c’était peut-être plus offensivement qu’il nous avait aidés. Il était bon défensivement, mais pas autant que cette année. Il est vraiment rendu dominant dans notre zone. »

Lorsqu’on le met au parfum des propos de ses amis, Veleno baisse brièvement les yeux et esquisse un sourire timide, mais il s’empresse d’approuver leur évaluation.

« C’est quelque chose que j’ai vraiment voulu améliorer cet été. Je savais que pour jouer au prochain niveau, j’allais devoir être meilleur dans ma propre zone. Je sais que je vais probablement avoir un rôle défensif avec Équipe Canada, je pense que c’est ce qu’ils voudront voir de moi. C’est toujours bon de pouvoir produire de l’attaque, mais il faut aussi être capable de bien jouer défensivement et je suis vraiment content de la façon dont je progresse là-dessus. »

« On est tous des joueurs offensifs dans nos équipes, mais quand on va arriver là-bas, il y a certains gars qui vont avoir des rôles différents, expose Comtois, qui a lui-même réussi cet ajustement l’année dernière. S’il a un rôle défensif, il va falloir qu’il l’accepte et qu’il fasse son travail. Il a la bonne attitude présentement et il comprend ça. »

Un peu de papier sablé

Pour être clair, Veleno n’était pas reconnu comme un joueur à problème dans son propre territoire quand il est arrivé à Drummondville en provenance des Sea Dogs de St. John la saison dernière. On lui reconnaissait une volonté certaine et une belle assiduité dans le support de ses défenseurs. Mais pour être reconnue comme un produit fini, son œuvre nécessitait un petit coup de papier sablé.

« Ce n’était pas vraiment une faiblesse, mais il y avait des petits détails que je pouvais améliorer. Je pouvais être plus intense des fois dans ma propre zone, finir les jeux plus vite », reconnaît-il.

Durant la saison morte, Veleno a visionné des bandes vidéo afin d’améliorer son positionnement en zone défensive, mais il dit avoir surtout développé une différente mentalité basée sur l’importance d’être plus agressif sans la rondelle. Les pourvoyeurs de cet important message : Shawn Horcoff et Daniel Cleary, deux anciens joueurs qui ne faisaient pas dans la dentelle et qui sont aujourd’hui en charge du développement des espoirs des Red Wings de Detroit.

« Ce sont les deux gars qui me parlent durant la saison et qui viennent voir mes matchs. Ils ont joué longtemps dans la Ligue nationale et c’était des gars agressifs. Ils veulent que j’adopte cette qualité-là », dit celui qui a été un choix de première ronde des Wings en juin dernier.

Cette nouvelle approche transparaît dans une autre impressionnante statistique qui aura sûrement accroché l’œil des recruteurs de Hockey Canada : la saison est vieille d’à peine deux mois et Veleno a déjà marqué cinq buts en désavantage numérique. Au total, les Voltigeurs ont marqué 16 buts à court d’un homme!

« Cette année, les gars qui jouent sur le PK veulent scorer des buts. C’est incroyable de voir ça, s’émerveille le marchand de vitesse. On a beaucoup de chances en plus, on rate des échappées et des 2-contre-1. Nos systèmes sont bons et les entraîneurs prennent vraiment cette facette du jeu au sérieux. Ça force les autres équipes à réfléchir. Elles doivent y penser deux fois avant de jouer soft contre nous. »

C’est avec cette mentalité, bien plus qu’avec ses statistiques, que Joseph Veleno risque de gagner sa place au sein d’Équipe Canada junior.