SHERBROOKE – En regardant jouer Raphaël Lavoie, on ne peut que plaindre sa sœur. La pauvre, c’était elle qui devait affronter ses puissants lancers quand il était plus jeune.

 

« Au début, elle aimait ça.  Après, elle a compris que ce n’était pas trop amusant », a rigolé Lavoie qui est âgé d’environ deux ans de plus que sa sœur.

 

Il faut comprendre que le tir de Lavoie est son arme de prédilection, un lancer qui laisse entrevoir de très beaux jours dans la LNH. Craig Button, le réputé confrère de TSN, le classe d’ailleurs au neuvième rang sur la dernière publication de sa liste en prévision du repêchage de cet été.

 

Voilà le bon côté de l’équation. De l’autre, il y a les attentes. Lavoie semble avoir aussi peur de celles-ci que de foncer au filet, ce qu’il fait avec un grand plaisir.

 

« C’est sûr qu’il y a de la pression, mais ça fait partie de la game. Oui, il y en a un peu plus, mais il faut composer avec », a-t-il réagi.

 

Contrairement à Samuel Poulin dont le père, Patrick, a joué 634 matchs dans la LNH, le paternel de Lavoie n’a jamais joué « donné un coup de patin de sa vie ». Ça ne veut pas dire que le cheminement de son père n’est pas précieux.

 

« Mon père est un homme politique (il est le maire de Chambly), il a souvent été impliqué dans des situations à haute pression comme durant les élections. Je voyais comment il gérait ça et ça m’a aidé », a noté Lavoie qui essaie de peaufiner son jeu sans la rondelle sous l’encadrement d’Éric Veilleux, le nouvel entraîneur à Halifax.  

 

« Ce sont des domaines différents, mais c’est beaucoup comment agir comme personne. Il m’a toujours dit, il faut que tu sois un homme, il faut que tu respectes ta parole, que tu sois un gentleman. Je peux agir comme ça même si je ne fais pas de politique », a-t-il ajouté.

 

Pour cette année cruciale dans son développement, son père a décidé de partager son temps entre Halifax et Chambly. Raphaël et son frère demeurent donc dans un appartement près de l’université avec leur père.   

 

Pelletier ne recherche pas tant l’attention

 

Le phénomène est déjà commencé alors qu’Alexis Lafrenière attire énormément les regards même s’il ne sera repêché qu’en juin 2020. On peut déjà déduire que les autres espoirs québécois de la même cuvée que Lafrenière ne seront pas les plus sollicités. Jakob Pelletier

 

Cette année, l’ampleur ne se compare pas, mais ce sont surtout Lavoie et Poulin qui reviennent dans la plupart des discussions. Pendant ce temps, Jakob Pelletier se débrouille passablement bien sans susciter autant d’intérêt et il ne se lamente pas, loin de là.

 

« Je ne sens pas vraiment ça, je suis content pour eux s’ils attirent les réflecteurs. Je ne crois pas que je passe sous le radar. Je ne m’en fais pas tant pour ça, je n’aime pas tant le spotlight justement. Ça peut être un plus. Que tu aies le spotlight ou non, je ne crois pas que ça change grand-chose pour les dépisteurs », a exposé Pelletier qui carbure à la pression.

 

Dans son cas, le dernier tiers de la première ronde ou le début de la deuxième ronde sont les scénarios les plus plausibles. À moins que l’aspect de la taille devienne un frein.  

 

« Le hockey a quand même beaucoup changé dans les dernières. Même dans la LHJMQ, on me disait que je serais petit. Jack Hughes (cinq pieds dix pouces et 157 livres) n’est pas tant plus gros ou plus grand. Ça peut me désavantager, mais je dois continuer à patiner et être intense et des portes vont s’ouvrir », a conclu Pelletier, un patineur de cinq pieds neuf pouces et demi et 163 livres qui nomme Sidney Crosby et surtout Martin St-Louis au chapitre des inspirations.

 

Des auditions pour ÉCJ

 

Après le camp estival orchestré par Hockey Canada, la campagne électorale se poursuit pour les candidats les plus intéressants de la LHJMQ avec les deux rencontres en sol québécois de la Série Canada-Russie.

  

Alexis LafrenièreLe premier volet québécois de cette série s’est tenu, mardi soir, à Sherbrooke alors que le deuxième se déroulera, jeudi soir, à Drummondville. Parmi tous les prétendants, il y a un nom qui intrigue la plupart des amateurs de hockey. Oui, c’est bien d’Alexis Lafrenière dont on parle, le joyau de l’Océanic de Rimouski qui sera admissible uniquement au repêchage 2020 de la LNH.

 

« C’est moins fréquent d’être choisi à 17 ans, mais ça arrive. On va choisir les 22 joueurs qui peuvent nous permettre de remporter l’or. Ce sera une composition d’équipe et pas le regroupement des plus talentueux. S’il fait partie de ça, l’âge ne sera pas un facteur », a assuré Marc-André Dumont, entraîneur adjoint d’ÉCJ et entraîneur-chef des Screaming Eagles du Cap-Breton.

 

Quelques observateurs ont sursauté cet été lorsque Lafrenière a participé au Championnat mondial U18 au lieu de se rendre au camp estival d’ÉCJ à Kamloops.

 

« C’était important pour nous qu’il soit à ce tournoi U18. On s’est fait poser des questions pour savoir pourquoi il n’était pas au camp à Kamloops. La première raison, c’est que ça se passait en même temps. Pour nous, c’était préférable qu’il joue un tournoi international avec son groupe d’âge, qu’il s’établisse tout de suite sur la plate-forme internationale. Cette expérience était plus valable que de participer à notre camp à Kamloops qui est quand même important », a expliqué Dumont en notant que deux joueurs, Maxime Comtois et Drake Batherson, avaient mérité leur place avec la cuvée précédente sans être épiés au camp estival.

  

Un grand défi pour Lavoie et encore plus pour Pelletier

 

De son côté, Lavoie (six pieds quatre pouces et 198 livres) a exposé ses aptitudes à ce camp estival, mais les dirigeants de Hockey Canada élaborent surtout leur formation avec des patineurs de 19 ans.

 

« Il a des atouts, il n’y a aucun doute. On a apprécié sa performance cet été à Kamloops au camp estival. Oui, il a 18 ans et ça se limite souvent à un ou deux joueurs dans la formation canadienne, mais l’âge n’est pas un facteur de sélection. Il doit jouer avec ses forces : il lance avec beaucoup d’autorité, il s’implique physiquement, il se rend au filet et il travaille fort », a décrit Marc-André Dumont, entraîneur adjoint d’ÉCJ.

 

« Présentement, Raphaël traverse un petit creux de vague, mais c’est bien normal pour un joueur de hockey surtout avec le calibre de la LHJMQ. En première période, il était peut-être un peu intimidé ou nerveux, mais on a vu qu’il était plus intense par la suite », a observé, mardi soir, un recruteur d’une équipe de l’Est dans la LNH.  Raphaël Lavoie

 

« Pour utiliser ses forces, la rondelle doit se rendre à lui. Étant donné que ça ne se produisait pas, j’aurais aimé le voir aller la chercher un peu plus, qu’il soit plus impliqué », a commenté l’un de ses confrères de l’Ouest.

 

Si Lafrenière et Lavoie devront plaider leur cas, le mandat s’annonce colossal pour Jakob Pelletier. Toutefois, on sent que le petit attaquant de cinq pieds neuf pouces et demi et 163 livres exerce un certain charme auprès de l’état-major de l’équipe canadienne.

 

D’abord et avant tout, on comprend que son pouvoir d’attraction est relié à sa personnalité. Il ne cesse d’être décrit comme un joueur de caractère.

 

« C’est l’un de mes points forts, c’est certain que je vais essayer de le faire ressortir dans les matchs. Je ne sais pas trop d’où ça vient. Certains s’écroulent sous la pression alors que je sors plus fort. Je pense que c’est une bonne chose », a déclaré sans arrogance celui qui a raté les deux premiers matchs de Wildcats de Moncton en raison d’une fracture à un poignet subie cet été.

 

Lafrenière, Lavoie et Pelletier espèrent inciter les dirigeants de Hockey Canada à « voter » pour eux. Pour la dernière édition, la LHJMQ n’avait été représentée que par Comtois et Batherson. Cette fois, la présence de deux adjoints du circuit Courteau (Dumont et Jim Hulton des Islanders de Charlottetown) ne devrait pas nuire.

 

« Tous les joueurs sont traités de la même façon, mais la différence est qu’on peut connaître les joueurs, leurs qualités et ce qu’ils peuvent procurer à notre équipe », a répondu Dumont qui souhaite maximiser le processus de sélection.