Chaque mardi, le RDS.ca vous offre Le Carnet LHJMQ, un assemblage des faits marquants du week-end précédent dans le circuit Courteau.

Le conte de fées de Thomas Couture

Thomas Couture hésite, bégaie un peu, se retient. À court d’euphémisme, le gardien des Wildcats de Moncton décide finalement d’appeler un chat un chat.

« Je vais prendre un mauvais mot, mais j’ai vraiment été poche. »

Le souvenir date d’il y a deux ans. Couture, un choix de quatrième ronde de l’Océanic de Rimouski l’été précédent, avait été rappelé des Chevaliers de Lévis pour combler la perte du vétéran Colten Ellis. On lui a donné trois matchs, ça n’a pas bien été. Une moyenne de buts alloués de 6,13, un taux d’efficacité de ,773. On l’a renvoyé d’où il venait sans jamais lui donner la chance d’ajouter à cet échantillon.

« Ils ont pris ces trois matchs-là et ils ont juste décidé qu’ils ne me donnaient plus vraiment de chances, j’imagine. Je ne suis pas vraiment au courant. Ils ne m’ont pas donné de raison et je ne leur en demande pas non plus. Je suis vraiment content où je suis et je n’échangerais pas ça pour nulle part ailleurs. »

Couture est en train d’écrire l’une des belles histoires de ce jeune début de saison dans la LHJMQ. Arrivé comme un cheveu sur la soupe au camp des Wildcats cet été, il a gagné un poste au détriment du favori local Nicholas Sheahan et s’est ensuite approprié le rôle de numéro 1 devant la cage de sa nouvelle équipe.

« Je leur ai un peu forcé la main, je crois. Je ne pense pas que c’était vraiment le plan de prendre une recrue de 19 ans », réalise-t-il humblement.

Thomas Couture solide devant les Sea Dogs

Depuis qu’il est venu en relève au jeune Vincent Filion, un espoir en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale, dans une spectaculaire remontée des Wildcats le 8 octobre, Couture a remporté ses trois départs suivants, faisant notamment la leçon au Titan d’Acadie-Bathurst et aux Sea Dogs de Saint John, deux puissances des Maritimes. Son enfilade de larcins dans sa performance de 42 arrêts samedi est particulièrement à couper le souffle.

À ses quatre derniers départs, il n’a jamais affiché un taux d’efficacité inférieur à ,914. Pour l’ensemble de la saison, sa cote s’élève à ,923.

Il s’agit d’un développement inespéré pour un gars qui a dû se résigner à passer la saison COVID dans des circuits mineurs du Manitoba et de l’Alberta, une « porte de secours » qui s’était entrouverte devant lui après son renvoi inattendu de Rimouski.

« En m’exilant dans l’Ouest, je me disais que le junior majeur, c’était fini. Je m’en allais pour une belle expérience en me disant que je demeurais admissible au réseau universitaire canadien. Si je suis honnête avec toi, je ne pensais pas rejouer dans la LHJMQ. Je pensais que j’avais joué mes trois games pis c’était fini. »

Couture sait qu’il n’y a aucune garantie pour la suite des choses. Son souhait n’est pas déraisonnable : peu importe comment les tâches seront partagées cette saison à Moncton, il veut se monter un dossier assez solide pour que l’équipe soit intéressée à le ramener comme joueur de 20 ans l’année prochaine.

« La position de gardien, ça se joue beaucoup entre les deux oreilles et en ce moment, je suis dans une bonne place. Je me sens à ma place. »

 

L’attente pour Zhigalov valait la peine

Stéphane Julien en connaît peu sur l’efficacité du service postal russe, mais il peut difficilement se tromper en affirmant que ce n’est pas Amazon, mettons...

L’ambassade du Canada à Moscou étant fermée au public en raison de la pandémie de COVID-19, le directeur général et entraîneur-chef du Phoenix de Sherbrooke a dû patienter longtemps, un peu trop à son goût, avant que son gardien Ivan Zhigalov n’obtienne enfin par des voies un peu plus traditionnelles le visa nécessaire à son déménagement au Palais des Sports Léopold-Drolet.

« Je n’étais pas inquiet, c’était plus une question de savoir combien de temps encore on allait devoir attendre avant qu’il s’en vienne. »

Sélectionné au 7e rang du repêchage européen de la Ligue canadienne de hockey (LCH) le 20 juin, le portier biélorusse a finalement posé le pied à Montréal le 8 octobre. Ses jambières et le reste de son équipement ont suivi deux jours plus tard, à la veille du départ de l’équipe pour Rimouski, première escale d’une semaine de trois matchs sur la route.

« J’étais quand même un p’tit peu stressé... Je l’avais vu [pratiquer] une seule fois et il avait l’air un p’tit peu chancelant. Il fallait aussi lui faire comprendre qu’en Amérique, les gardiens sortent un petit peu plus du filet qu’en Europe. Il fallait aussi lui enseigner un peu certains termes. Mais il a bien fait ça quand même. »

À son premier départ dans la LHJMQ, Zhigalov a repoussé 22 des 24 lancers de l’Océanic dans un gain de 3-2 des siens en prolongation. Le droitier de 6 pi 3 po et 171 livres règne depuis sans partage sur le demi-cercle bleuté de Sherbrooke. Il a amorcé chacune des quatre rencontres du Phoenix qui ont suivi, ajoutant trois autres victoires à sa fiche avant d’encaisser un premier revers dimanche dernier contre les Olympiques de Gatineau, premier club à vaincre la troupe de Julien en 7 matchs.

Si la contribution flamboyante du premier trio du Phoenix – Xavier Parent, Julien Anctil et Joshua Roy – a retenu l’attention aux quatre coins du circuit Courteau au fil de cette série victorieuse, celle de Zhigalov n’est pas à sous-estimer, signale Julien. En entrevue au journal La Tribune la semaine dernière, l’entraîneur-chef décrivait même le gardien comme « la pièce maîtresse » de son équipe.

« Si tu amènes un gardien européen, c’est parce que tu veux vraiment qu’il fasse la différence », a développé Julien en entrevue avec le RDS.ca, traçant un parallèle avec Samuel Hlavaj, un gardien slovaque qui a rendu de fiers services au Phoenix de 2019 à 2021.

« Ces gardiens-là trouvent toujours une façon de faire les arrêts clés dans les moments où tu perds beaucoup le rythme. Durant notre voyage à Rimouski, Baie-Comeau et Chicoutimi, on a vraiment eu des temps forts, mais on s’est aussi fait remonter dans certains matchs et il a freiné l’hémorragie. Je pense que c’est ça qui a fait la différence depuis son arrivée. »

Julien n’est pas le seul à croire au potentiel de Zhigalov. Invité au dernier camp d’entraînement du Canadien de Montréal, dont il a été privé dans l’attente de son visa, celui qui a défendu la cage de la Biélorussie au dernier Championnat du monde des moins de 18 ans figure sur la première liste de la Centrale de recrutement de la LNH en vue du prochain repêchage. Il est répertorié comme un choix de 4e, 5e ou 6e ronde.

« L’année prochaine, je pense qu’il va sûrement être dans le top-3 de notre ligue, anticipe Julien. Je pense vraiment que c’est un joueur qui va être dominant. »​

 

Richard flirte sans le savoir avec un record

L’entrevue dure depuis une dizaine de minutes quand Samuel Richard, un gardien de 20 ans qui use ses jambières au sein de l’une des plus jeunes formations de la LHJMQ, est invité à discourir sur son avenir à court terme avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Et ce qu’il explique, en gros, c’est que ça ne l’énerve pas vraiment.

« C’est quelque chose que j’ai appris avec le temps. Ce que je me dis, c’est que si je pense trop à ce qui peut s’en venir ou à ce qui s’est passé, ça ne va rien apporter de positif. Ça va juste me ralentir. Je me concentre sur le moment présent le plus possible. »

Cette sage conclusion voyage encore dans notre tête quelques minutes plus tard pendant qu’on fait rejouer l’entretien dans nos oreilles. Et soudainement, le bout qui nous avait surpris ne nous surprend plus tant que ça. 

Un peu de contexte. Richard a fait l’actualité en fin de semaine parce qu’il a flirté avec un record d’équipe. Avant d’aller se placer entre ses poteaux dimanche à Moncton, il avait blanchi l’adversaire pendant 126 minutes et 30 secondes. Et il a nourri cette séquence pendant un bon bout de temps contre les Wildcats. Jusqu’à la toute fin de la troisième période, en fait, quand une longue passe parfaite a traversé l’enclave et trouvé le bâton d’un adversaire qui avait battu une couverture pourtant hermétique.

Il jure que ce n’est qu’une fois rentré au vestiaire, après une partie que les Huskies ont finalement remportée en fusillade, qu’il a su qu’il avait cédé pour la première fois en 181 minutes et des poussières, à une vingtaine de minutes de la marque détenue par son prédécesseur Samuel Harvey.

« Je te dirais que je n’y ai pas pensé du tout. Pendant que j’étais dedans, je ne savais même pas que j’étais sur le bord d’approcher un record ou peu importe. Je pense aussi que le crédit revient à toute l’équipe. La manière dont on a joué m’a donné la vie facile, dans le sens qu’il fallait juste que je fasse les arrêts clés et mes coéquipiers faisaient le travail en avant. »

« Après le match de vendredi, j’ai su que je tombais huitième dans l’histoire de la Ligue, finit-il par admettre. Mais je n’avais pas regardé les minutes ou rien. Ce n’est pas quelque chose non plus que je trouvais intéressant à regarder pendant la fin de semaine vu notre horaire très chargé. Je ne voulais pas que ça me joue dans la tête. »

Ce que Richard a accompli au cours de la dernière semaine est doublement impressionnant quand on considère l’identité des équipes qu’il a muselées. Il a fait 36 arrêts dans une défaite en fusillade contre les Remparts, puis réduit au silence le puissant Titan à Bathurst. À ses trois derniers départs, sa moyenne de buts alloués est à 0,63.

« C’est sûr que je me sentais bien. Je voyais la rondelle, tout allait bien. Mais encore là, c’est des matchs où je n’ai pas reçu 40 lancers avec 25 chances de marquer, des affaires comme ça. Ça a donné confiance à l’équipe que je fasse les arrêts, mais eux aussi m’ont donné confiance en jouant comme ils l’ont fait. »

S’il continue à jouer de la sorte, Richard sera une option attrayante pour une équipe compétitive en quête d’expérience devant le filet lors de l’ouverture de la fenêtre des transactions du temps des Fêtes.

« En ce moment je suis avec les Huskies, en ce moment c’est aux Huskies que je veux donner une chance de gagner, répond-t-il quand on lui soumet cette possibilité. Si à Noël, il se passe quelque chose, ça changera, ça deviendra ce que ça a à devenir. Mais pour l’instant, j’y vais plus dans le moment présent et en ce moment, mon équipe c’est les Huskies. »

 

Tommy Cormier saisit vite sa chance

Appel manqué.​

Yanick Jean.

Au moment d’écouter le message que venait de lui laisser le directeur général et entraîneur-chef des Saguenéens de Chicoutimi dans sa boîte vocale, Tommy Cormier a émis deux hypothèses.

« Soit il me rappelle avec les Saguenéens, soit il m’échange. »

Le choix de 14e ronde des Sags en 2019 avait vu juste. Il était troqué aux Tigres de Victoriaville en retour d’une modeste sélection de 9e ronde en 2023. 

« Tout de suite après, Kevin [Cloutier, directeur général des Tigres] m’a appelé pour me confirmer que j’étais échangé et que j’allais jouer les trois matchs de la semaine. »

Les Tigres avait besoin d’attaque. Tout de suite. Maintenant. Les champions en titre de la LHJMQ n’avaient à ce moment inscrit que 9 buts en 7 rencontres, dont un seul en 20 jeux de puissance, et avaient besoin de renforts offensifs à la suite du départ de Brooklyn Kalmikov pour Moncton et de la suspension de Nicolas Daigle.

« Il nous manquait un gars habile avec la rondelle qui a un flair offensif », identifie l’entraîneur-chef des Tigres Carl Mallette.

Cormier, un joueur de centre de 18 ans avec 11 matchs d’expérience dans la LHJMQ, répondait à ces critères d’embauche. En trop chez les Saguenéens puis retranché par l’Océanic de Rimouski, à qui il avait été prêté le temps d’une semaine de camp d’entraînement en août dernier, le petit attaquant de 5 pi 7 po et 134 livres avait 8 buts et 11 passes à sa fiche en 11 matchs avec l’Everest Côte-du-Sud, un club Junior AAA, au moment où les Tigres l’ont appelé à la rescousse.

« Quand j’ai parlé à Kevin, il m’a dit qu’il allait me faire jouer, qu’il allait me mettre dans une position pour que j’amène de l’offensive (sic). »

Cormier marque son 1er but dans la LHJMQ

Au centre d’un deuxième trio complété par Olivier Coulombe et la recrue russe Egor Goriunov à son premier match contre les Cataractes de Shawinigan, Cormier n’a pas tardé à sauter sur l’occasion, inscrivant son premier but en carrière dans le circuit Courteau lors d’un avantage numérique.

« Je l’ai vu tout de suite dès son premier match. [...] Il est très à l’aise avec la rondelle et très créatif. C’est tout un compétiteur, on le voit tout de suite. Malgré son petit gabarit, il joue sur 200 pieds et n’a pas peur de gagner ces batailles », observe Mallette.

Lors des deux matchs qui ont suivi ce revers de 2-1, Cormier et Goriunov, dont la chimie était évidente aux yeux de Mallette, ont été promus sur le premier trio aux côtés du capitaine Conor Frenette. S’il a été blanchi vendredi dans une défaite de 2-1 contre les Olympiques de Gatineau, une septième de suite pour les Tigres, Cormier s’est de nouveau illustré dimanche avec un autre but avant de freiner la série de revers des siens en tirs de barrage dans un gain de 5-4 contre le Drakkar de Baie-Comeau.

« Je crois que j’ai ma place dans cette équipe-là et dans cette ligue », en conclut Cormier. Une opinion à première vue partagée par son entraîneur.

« Il veut que ça marche et il s’arrange pour que ça marche. »

 

Aux quatre coins de la « Q »

Après un passage difficile au cours duquel elle a alloué 22 buts en trois matchs, l’Armada a bouclé sa semaine avec une victoire émotive de 4-3 contre l’Océanic, la même équipe qui lui avait infligé une raclée de 10-2 une semaine plus tôt. Après 14 minutes de jeu en première période, l’Armada n’avait toujours pas de tirs au but et tirait de l’arrière 2-0... Le Drakkar n’est pas capable d’acheter une victoire. Après avoir comblé un déficit de 3-1 et amorcé la troisième période avec une avance de 4-3, la troupe de Jean-François Grégoire s’est inclinée 5-4 en fusillade et a subi une septième défaite de suite dimanche à Victoriaville... Rien n’arrête les Remparts, qui ont maintenant signé huit victoires de suite. À leur attaque dévastatrice (23 buts à leurs trois derniers matchs) s’ajoute une défense très hermétique qui n’alloue même pas deux buts par match (1,88). Le défenseur russe Vsevolod Komarov a disputé ses deux premiers matchs avec les Diables Rouges en fin de semaine, récoltant un but et une aide contre les Saguenéens... Les Islanders de Charlottetown ont marqué sept buts dans chacun de leurs trois derniers matchs. Le défenseur Lukas Cormier, un espoir des Golden Knights de Vegas, a amassé dix points, dont six buts, à ses quatre derniers matchs. Patrick Guay a réussi le doublé dans chacun de ses trois derniers matchs. Tout ça coïncide avec le retour au jeu de Xavier Simoneau, qui a récolté deux buts et trois aides en deux rencontres.

La série de matchs avec au moins un point de l’espoir du Canadien Riley Kidney s’est arrêtée à huit dans un revers de 3-0 contre les Huskies, vendredi. Il a rebondi dimanche avec un but et une passe dans un revers contre les Sea Dogs... À Saint John, Brady Burns a lui aussi vu son élan offensif s’arrêter après neuf matchs. La séquence active la plus longue appartient désormais au défenseur Jérémy Langlois, des Eagles du Cap-Breton, qui revendique dix points à ses neuf dernières sorties... William Dufour en est un autre qui est en feu. L’attaquant de 20 ans totalise 14 points, dont neuf buts, à ses huit derniers matchs. Le collègue Stéphane Leroux s’est entretenu avec lui lundi, ainsi qu’avec l’attaquant des Remparts Théo Rochette, sur les ondes du balado « Sur la glace ».

Blanchi à ses huit premiers matchs de la saison, le prometteur attaquant des Huskies Leighton Carruthers s’est éveillé cette semaine avec deux buts et une passe de même qu’un but décisif en fusillade... Xavier Bourgault, des Cataractes, a été blanchi pour la première fois en huit matchs dimanche. Il avait auparavant inscrit le but vainqueur dans trois matchs consécutifs de son équipe... Le gardien Jasmin Simon de l’Océanic a réussi un blanchissage à son premier match dans la LHJMQ. Sa performance de 24 arrêts a été la clé d’une victoire de 3-0 contre les Saguenéens.

Du renfort en défense chez les Cataractes : ignoré au ballottage dans la Ligue junior de l’Ontario, le défenseur tchèque de 20 ans Martin Has, choix de cinquième ronde des Capitals de Washington en 2019, s’amène en Mauricie. L’arrivée de l’Européen mène au départ de l’attaquant slovaque Marek Srmaty, qui peinait à percer la formation... Autre transfert en provenance de l’OHL : le Franco-Ontarien Yanic Crête quitte les 67s d’Ottawa et se joint aux Sea Dogs de Saint John.

Mario Durocher a dépassé Réal Paiement au troisième rang des entraîneurs ayant dirigé le plus de matchs en carrière dans la LHJMQ. Avec 1104 matchs d’expérience, le pilote du Titan d’Acadie-Bathurst n’est plus qu’à 17 de Guy Chouinard et à 67 du record détenu par Richard Martel.

 

La citation de la semaine

« Je m’en sacre qu’il ait 17 ans. On ne touche pas à un 16 ans dans la ligue. C’est une loi non écrite. »

Serge Beausoleil, entraîneur-chef de l'Océanic de Rimouski, au Journal Le Soir, après la défaite de 4-3 des siens dimanche contre l'Armada, dans laquelle sa recrue Maël Saint-Denis a jeté les gants devant Antoine Roy.

 

Le jeu de la semaine

Hébert sort ses mains du dimanche