Chaque mardi, le RDS.ca vous offre Le Carnet LHJMQ, un assemblage des faits marquants du week-end précédent dans le circuit Courteau.

Le pari de la patience à Saint John

À l’autre bout du fil, Trevor Georgie dit toutes les bonnes choses sur le ton que savent emprunter les bons leaders dans les périodes troubles.

« On s’attendait à ce que ça soit difficile », répétera à quelques reprises le directeur général des Sea Dogs de Saint John.

Nous sommes lundi matin, jour de l’Action de Grâce. Les Sea Dogs se préparent à boucler le long week-end en rendant visite aux Islanders de Charlottetown. En théorie, il s’agit d’un duel entre deux puissances de l’Association Est. En réalité, seulement l’une d’elles joue à la hauteur de ce statut.

Désignée équipe hôtesse du prochain tournoi de la coupe Memorial, les Sea Dogs sont la dernière équipe de la LHJMQ à avoir inscrit une victoire à leur fiche cette année. Quelques heures après l’appel au calme de leur DG, ils ont résisté à un barrage de 39 tirs pour vaincre les Islanders de Charlottetown par la marque de 3-1.

Pour la troupe du nouvel entraîneur Gordie Dwyer, il s’agit d’un éclairci bienvenu dans un début de saison orageux. Après quatre matchs, les problèmes des Sea Dogs étaient nombreux :

- le pire rendement défensif de la Ligue avec une moyenne de 4,5 buts accordés par partie;

- le pire jeu de puissance de la Ligue avec un taux de réussite de 13,3% (2-en-15);

- une attaque unidimensionnelle : les membres du premier trio – Brady Burns, Josh Lawrence et William Dufour – avaient récolté 15 points, le reste de l’équipe huit;

- des défenseurs en panne : Jérémie Poirier, Charlie DesRoches et William Villeneuve, tous dans le top-8 du classement des pointeurs de l’équipe l’an passé, avaient jusque-là été limités à deux petits points.

Tout n’a pas été réglé en un après-midi, mais les Sea Dogs ne sont pas dans une position pour faire la fine bouche. Dans les Maritimes, où l’on retrouve trois équipes qui pourraient légitimement aspirer à la coupe du Président, les points seront trop précieux pour qu’on s’attarde bien longtemps sur la façon dont ils ont été obtenus.

La difficulté du calendrier est justement l’une des raisons qu’évoque Trevor Georgie pour excuser le faux départ de sa formation. Les Dogs, note-t-il, affronteront quatre fois le puissant Titan d’Acadie-Bathurst et trois fois les Islanders dans leurs dix premiers matchs. Et au début novembre, un premier voyage dans la Belle Province les mènera notamment à Québec et Shawinigan.

« Ça aurait peut-être été plus facile de jouer contre des équipes en reconstruction, mais ça va être de l’expérience payante », espère le DG.

Les absences de l’attaquant de 19 ans Ryan Francis et du défenseur russe Yan Kuznetsov, qui sont toujours au camp du Heat de Stockton dans la Ligue américaine, compliquent aussi les choses, bien que Georgie réalise que le même problème affecte aussi les équipes rivales. En attendant, il concède qu’il « aimerait que d’autres joueurs contribuent, c’est évident ».  

À la ligne bleue, les Sea Dogs misent sur le retour de l’entraîneur des défenseurs Paul Boutilier pour aider à colmater des failles persistantes. Dans chacune des quatre dernières saisons, Saint John a présenté l’une des trois pires défenses du circuit Courteau.

« Ce n’est pas les points qu’on regarde. On veut que nos défenseurs soient impliqués dans l’attaque, mais pas à tout prix. On veut atteindre un équilibre, mais c’est un changement d’habitudes qui ne se fait pas du jour au lendemain. »

Pour l’instant, il dit aimer la réponse de ses joueurs aux nouveaux principes instaurés par Dwyer. Il voit une équipe plus hargneuse, plus robuste que par le passé. Le reste viendra avec un peu de patience, croit-il. Reste à voir si le reste de la division lui offrira ce luxe. (NL)

Tyler Peddle prend la ligue de vitesse

« OK. Wow! »

Philippe Boucher n’en revient pas. Et il n’est pas le seul à s’émerveiller dans l’aréna.

La rondelle a à peine eu le temps de glisser derrière le joueur de centre d’office dans le cercle de mise en jeu avant que sa recrue Tyler Peddle ne l’expédie en une fraction de seconde dans le filet. Les défenseurs adverses n’ont pas donné le moindre coup de patin en sa direction pour le contrer, voire même réagi. Encore moins le gardien.

« Même certains pros ne font pas ça », compare le directeur général des Voltigeurs lorsqu’invité à décrire un but signature de l’attaquant depuis son arrivée à Drummondville, le 17 août dernier.

Celui-ci est l’un des six marqués par Peddle en six matchs préparatoires. Depuis le début officiel de la campagne, le deuxième choix au total du plus récent repêchage de la LHJMQ en a ajouté six à son répertoire, dont au moins un à chacune de ses quatre premières rencontres en carrière. À 16 ans seulement, c’est lui le meilleur buteur du circuit après deux semaines d’activités.

 « Il veut marquer, il veut faire la différence. Il est très fort physiquement pour un jeune de 16 ans, c’est possiblement l’un des joueurs les plus forts dans notre équipe. Il est toujours bien placé et tout ce qu’il touche, c’est un tir dangereux. Présentement, frapper le goaler ce n’est pas une option pour lui », synthétise Boucher, ébahi devant le taux d’efficacité de 50% du lancer de la jeune sensation. « D’après moi, il a le même pourcentage lors des pratiques », estime-t-il.

Avec une dégaine des ligues majeures, un physique avantageux de 6 pi et 185 livres et un flair évident pour s’isoler dans l’espace libre ou synchroniser une charge opportune au filet, le Néo-Écossais prend jusqu’à maintenant de vitesse la compétition et même les projections de l’état-major des Voltigeurs.

« Qu’il marque des buts, je ne suis pas surpris, car il en a marqué une quantité impressionnante au niveau bantam (57 en 33 matchs en 2019-2020) et aussi à Shattuck St. Mary’s l’an dernier (31 en 47 matchs). On le voit aussi à tous les jours dans les pratiques, mais ce qu’il est en train de faire présentement, c’est quelque chose », réalise Boucher.

« On parle quand même d’un kid de 16 ans, rappelle quant à lui le recruteur-chef des Voltigeurs, Jean-Sébastien Perron. On savait ce qu’on achetait, dans le sens que c’est un marqueur de but naturel. Mais de là à penser qu’il allait être aussi productif que ça, aussi rapidement… »

« En ce moment, c’est clair qu’avec la vitesse à laquelle il décoche ses lancers, il est imprévisible et difficile à lire pour les gardiens », ajoute Perron qui, bien qu’hésitant à jouer le jeu des comparaisons, ose tracer un parallèle entre le tir de Peddle et celui de l’ancienne vedette de la LNH Dany Heatley. « L’autre chose, c’est vraiment sa façon de menacer le filet, que ce soit avec ou sans la rondelle. Quand vient le temps de rentrer à l’intérieur et de prendre les coups qui vont venir, il n’a aucun problème à faire ça. »

Avec encore un but contre les Tigres de Victoriaville vendredi prochain, Peddle égalerait le record d’équipe détenu par Marc Damphousse depuis 1982 pour le plus de matchs d’au moins un but en amorce d’une saison recrue (5). Qu’il y parvienne ou non, cela n’a pas d’importance. Drummondville pense avoir trouvé son franc-tireur du présent et du futur.

« Il ne finira pas avec 70 buts », s’empresse de tempérer Boucher, avant de laisser la porte entrouverte. Juste au cas. « Tant mieux pour lui si ça arrive. » (MF)

Tout sourit à Miguël Tourigny

Y aller ou pas? Suivre ou refouler ses instincts?

« Quand j’avais 16 ans, j’y allais. Je ne me posais pas de question. »

Trois ans plus tard, le défenseur de l’Armada de Blainville-Boisbriand Miguël Tourigny choisit ses moments pour s’aventurer profondément en zone ennemie, tester lui-même le gardien adverse, ou encore s’offrir en cible à un coéquipier dans l’enclave. Et pour l’instant, ça lui sourit.

À l’instar de l’an dernier, alors qu’il avait amorcé la campagne avec 7 buts et 3 passes à ses 6 premiers matchs, l’arrière de 19 ans connaît un départ canon. Ses 3 buts et 7 passes amassées en 5 rencontres le placent au sommet du classement des meilleurs pointeurs du circuit. Seul un autre défenseur, Noah Laaouan (Islanders) en 14e position, figure dans le top-15 des joueurs les plus productifs de la LHJMQ après deux semaines d’activités.

« À force de travailler [la prise de décision], de voir que ça marche, tu prends confiance. C’est sûr que quand je vois que l’opportunité est là, j’y vais, mais si elle n’est pas là, je vais prendre un autre chemin et choisir une autre option », raisonne-t-il tout en donnant le crédit à son entraîneur-chef Bruce Richardson pour le chemin parcouru.

Ce flair offensif lui a récemment valu un appel surprise d’Équipe Canada junior pour son camp estival et une invitation au camp des Ducks d’Anaheim, d’où il est revenu avec une confiance débordante à défaut d’un contrat.

« Beaucoup de personnes m’ont dit que ç’allait être vraiment dur de revenir parce que le jeu est plus lent et les gars beaucoup plus petits, mais j’essaie simplement de jouer comme je le faisais là-bas, de jouer comme si tout le monde était encore plus grand et plus vite. Je pense que c’est ce qui me permet d’avoir un bon début de saison. »

Face aux Huskies de Rouyn-Noranda jeudi, la dynamo de l’Armada a amorcé sa semaine avec un deuxième match de suite de 3 points, inscrivant 2 buts dans un gain de 6-2. Le lendemain, à l’occasion de la visite des Foreurs de Val-d’Or, le joueur de 5 pi 8 po et 172 livres s’est plutôt démarqué par son jeu physique, acceptant l’invitation de William Provost à jeter les gants après lui avoir servi deux doubles-échecs déjà repérés par les officiels. Avec un déficit de 2-1 à combler et un désavantage numérique à écouler, l’Armada se voyait alors privée de son meilleur défenseur pour les 12 dernières minutes de la rencontre.

« L’équipe n’allait pas super bien, il fallait quelque chose. Une grosse mise en échec, une bagarre ou un but », énumère Tourigny.

Il n’avait même pas retiré son chandail dans le vestiaire que 10 secondes après la reprise du match, son coéquipier Simon Pinard forçait la tenue d’une période de prolongation à laquelle il allait lui-même mettre un terme.

« On avait quand même trois victoires de suite, je ne voulais pas que ça s’arrête là », confie Tourigny, soulagé.

Dimanche, face aux Voltigeurs de Drummondville, le vétéran a aidé les siens à conserver sa fiche parfaite (5-0) en ajoutant trois autres points (1 but, 2 passes) à sa fiche dans une victoire de 6-3. (MF)

Un déblocage attendu à Gatineau

Peu d’équipes ont vu leur résilience être mise à l’épreuve autant que les Olympiques de Gatineau dans les premières semaines du calendrier. Résumons.

- Le 1er octobre, à Boisbriand, ils marquent le premier but du match en début de deuxième période, mais perdent leur avance avant la fin de l’engagement. Défaite de 2-1.

- Le 2 octobre, pour le premier match de l’histoire à leur nouveau domicile, ils prennent une avance de trois buts puis s’effondrent. Défaite de 4-3 en prolongation.

- Le 9 octobre, lors de la visite des Foreurs de Val-d’Or, ils se bâtissent une avance de deux buts, mais en accordent ensuite trois sans riposte. Défaite de 4-3 en fusillade.

Trois matchs, trois avances bousillées, trois revers par un écart d’un but. C’est dans ce contexte que les Piques ont accueilli les Huskies de Rouyn-Noranda dimanche. L’entraîneur-chef Louis Robitaille raconte la suite.

« Je te dirais que ce match-là, on a encore sorti extrêmement fort. Trois opportunités dans l’enclave. Rendu là, veux, veux pas, faut juste pas qu’on se décourage. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, right? »

La jeune formation de l’Outaouais aurait pu tomber à plat quand les Huskies ont marqué deux buts en l’espace de six minutes en première période. C’est plutôt le contraire qui s’est produit. La proie est devenue le prédateur et a explosé pour six buts. Le risque d’être victime d’une remontée diminue drastiquement dans ce temps-là. Victoire de 6-4.

« Elle fait du bien pour le moral celle-là, reconnaissait Robitaille lundi, parce que je pense qu’on méritait un bien meilleur sort lors de nos trois premiers matchs. La manière dont on jouait, ce qu’on générait, on était juste pas capable d’aller chercher le gros but qui mettait l’adversaire hors de portée. »

« Là, c’est le fun pour les joueurs aussi, le sentiment d’avoir su fermer les livres. On oublie ça et on regarde en avant. »

Dans les hauts comme dans les bas, Robitaille n’a pas le sentiment que ses joueurs se sont éloignés des principes qu’il continue de prôner à sa deuxième saison à la barre de l’équipe. « Ça démontre la qualité du leadership. On a juste continué de jouer à notre manière », observe-t-il fièrement.

Mais s’il y a un dénominateur commun qu’il extrait des trois défaites en rang qui ont plombé son équipe, un seul petit reproche qu’il se permet de faire à ses gars, c’est leur manque d’appétit, si on peut dire, autour des filets adverses.

« Le sentiment d’urgence de capitaliser sur nos occasions, dit-il dans ses propres mots. C’est quelque chose qui revenait souvent pour moi. Des chances de l’enclave, à un moment donné... À quel point tu veux vraiment marquer, t’sais? Cette fierté de marquer le gros but, il faut l’avoir. L’adversaire ne te le donnera pas. Souvent, c’est une question d’être plus hargneux. On a quand même produit, on a eu un bon pourcentage en avantage numérique, mais je trouve que par moments, on a fait dans la dentelle. Il faut se concentrer à faire les choses simples et aller chercher les buts dans les zones où ça fait mal. »

Un mot en terminant sur Tristan Luneau, qui débutait sa saison après avoir raté une bonne partie du camp d’entraînement et les deux premiers matchs au calendrier. Robitaille l’a trouvé « très bon », mais s’efforce de gérer les attentes envers le plus bel espoir québécois en vue du prochain repêchage de la LNH.

« Il a fait beaucoup, beaucoup de bonnes choses. Sa blessure est complètement derrière lui et là, c’est une question de retrouver son synchronisme. La forme physique est là, on parle maintenant de game shape. Souvent, ça veut dire bien identifier d’où vient la pression dans des situations d’échec-avant, bien gérer ses fins de présences, s’habituer à la présence de partisans dans les estrades...  C’est tout ça. Moi je dis qu’on se donne une période de cinq à dix matchs pour qu’il reprenne le rythme et qu’il se sente 100% à l’aise de ce côté-là. » (NL)

Aux quatre coins de la « Q »

- Les espoirs du Canadien connaissent un fort début de saison dans la LHJMQ. À Bathurst, Riley Kidney a marqué en prolongation lundi pour procurer au Titan une cinquième victoire en autant de matchs. Le joueur de centre de 18 ans s’est inscrit au pointage dans chacune de ces rencontres et totalise cinq buts et neuf points au cours de cette séquence... Blanchi à son premier match de la saison, Joshua Roy a compilé sept points à ses trois dernières sorties... Auteur de huit points en cinq matchs, Xavier Simoneau n’a pas terminé la rencontre de lundi entre les Islanders de Charlottetown et les Sea Dogs de Saint John. Le vétéran de 20 ans a quitté la rencontre en première période après avoir semblé être atteint à la tête par le tir d’un coéquipier.

- Trois représentants de la LHJMQ, anciens ou actuels, ont appris qu’ils débuteraient la saison dans la LNH lundi. Dawson Mercer a gagné son poste au New Jersey, Benoît-Olivier Groulx a convaincu la direction des Ducks d’Anaheim et Hendrix Lapierre a réussi à percer l’alignement des Capitals de Washington... Tout juste revenu du camp des Flyers de Philadelphie, Eliot Desnoyers a marqué à son premier match de la saison avec les Mooseheads de Halifax. Finalement libéré par l’organisation des Ducks d’Anaheim, le défenseur de l’Océanic de Rimouski Tyson Hinds a quant à lui participé au but décisif dans la victoire en prolongation des siens contre Victoriaville dimanche... Retranché par les Stars de Dallas, Mavrik Bourque renouera avec ses coéquipiers des Cataractes de Shawinigan cette semaine dans les Maritimes. Les défenseurs de 20 ans Louis Crevier (Chicago) et Vincent Sévigny (Ottawa) rejoindront pour leur part les Remparts de Québec et les Tigres de Victoriaville, respectivement. 

- Les Huskies de Rouyn-Noranda espèrent toujours le retour de l’attaquant Danila Klimovich, qui a laissé une solide impression au camp des Canucks de Vancouver.

- Les Cataractes de Shawinigan et le Phoenix de Sherbrooke se sont échangé huit buts dans la deuxième période du match remporté 7-5 par le Phoenix dimanche. C’est beaucoup, mais c’est encore loin du record de la ligue établi en 1971-72 par le National de Laval et les Alouettes de St-Jérôme. Les deux équipes avaient alors marqué 14 buts dans la deuxième période d’une victoire de 16-7 du National. (NL)

Citation de la semaine 

« L’an dernier, nous aurions peut-être perdu ce match 11-1 »

 

- Sylvain Favreau, entraîneur-chef des Mooseheads, au Halifax Chronicle Herald après la défaite de 4-1 de son équipe vendredi contre les puissants Islanders de Charlottetown.

Dans vos oreilles

Dans le deuxième épisode de la nouvelle saison du balado « Sur la glace », le collègue Stéphane Leroux a notamment réalisé des entrevues avec l’entraîneur-chef du Titan d’Acadie-Bathurst Mario Durocher et l’ancien gardien de la LHJMQ Antoine Tardif, nouveau maire de Victoriaville.

*Erratum : un segment précédent de cette chronique identifiait à tort le gardien des Saguenéens Sergei Litvinov comme un joueur comptant sur la limite de deux joueurs européens de l'équipe. Nos excuses pour la confusion.