Les prédictions de Stéphane Leroux

MONTRÉAL –  La dernière fois qu’Elliot Desnoyers a joué en séries, il était une recrue de 17 ans, il endossait un autre uniforme que celui des Mooseheads d’Halifax, et il venait de vivre l’un des moments marquants de sa jeune carrière.

Au printemps 2019, les Wildcats de Moncton ne devaient pas faire le poids au premier tour contre un Drakkar de Baie-Comeau qui venait de connaître la deuxième meilleure saison régulière de son histoire et qui rêvait d’être transporté au moins jusqu’au carré d’as par Ivan Chekhovich, Nathan Légaré et Gabriel Fortier, notamment.

« On les avait surpris en sept matchs », rappelle Desnoyers, auteur de 2 buts et 2 passes durant cette série qui a vu les Wildcats créer l’égalité à trois reprises avant d’avoir le dernier mot.

« Je me rappellerai tout le temps de la mentalité qu’on avait eue de ne jamais abandonner et de croire en nous. C’était quelque chose de très inspirant qui m’a donné de la confiance pour le reste de ma carrière. On dirait qu’à chaque game, je devenais un meilleur joueur. J’espère qu’on va pouvoir accomplir la même chose ici avec les Mooseheads. »

À l’instar des Wildcats de 2019, les Mooseheads font figurent de négligés à l’aube de leur affrontement de première ronde contre le Titan, qui s’amorcera ce soir à Bathurst dans un format 3 de 5. Des 23 joueurs réguliers que le club néo-écossais envoie sur la patinoire, seuls Desnoyers et le vétéran Zachary Beauregard ont au moins un match d’expérience en séries dans le circuit Courteau pour un grand total de 25. Bâti pour veiller tard depuis le jour 1 de la campagne, le Titan compte quant à lui exploiter un vécu de 145 rencontres.

« Au final, c’est l’équipe qui le veut le plus », relativise Desnoyers. « Oui, c’est sûr que l’expérience [peut être un facteur], mais ça reste du hockey junior. Ce ne sont pas des gars qui jouent dans la ligue depuis 14 ans et ce n’est pas comme si on n’avait jamais joué une game de playoffs. Pour moi, il n’y a pas d’avantage ou de désavantage, ça va être l’équipe qui va le vouloir le plus sur la glace. »

On ne peut reprocher au capitaine des Mooseheads d’insister. Dans le dernier mois du calendrier, la troupe de Sylvain Favreau a remporté 11 de ses 13 matchs et bouclé sa saison régulière avec une série de sept victoires consécutives.

« Ça fait juste nous donner la confiance qu’on est capables de gagner des games et qu’on peut battre n’importe qui. Dans cette série de sept victoires, il y en a eu une contre Bathurst (6-2 le 17 avril, NDLR) et on voulait lancer un message à toutes les équipes avant de commencer les playoffs. Je pense que les joueurs de Bathurst peuvent être confiants, mais je ne crois pas qu’ils pensent que ça va être facile de jouer contre les Mooseheads. »

« On sait que ça peut être une équipe vraiment dangereuse », confirme l’attaquant étoile du Titan, Hendrix Lapierre. « On ne se le cachera pas, c’est un très bon club de hockey de l’autre bord. »

Zach Biggar, Hendrix Lapierre, Félix Lafrance et Cole Huckins« La pression est sur nous »

Les Mooseheads et le Titan ont partagé une patinoire à neuf reprises cette saison et les représentants de la Baie-des-Chaleurs en sont ressortis vainqueurs en cinq occasions, signant entre autres deux gains sans appel de 8-1 et 11-2 à la mi-mars, et complétant leur calendrier avec huit points de plus que leurs rivaux du premier tour.

« La pression est plus sur nous, concède Lapierre. On a eu plus de points au classement, alors on est peut-être considérés comme les favoris, mais ça reste du hockey et ça se joue sur la glace. Il y a eu des surprises en séries l’année passée : notamment Rimouski qui a sorti Shawinigan. Personne ne s’y attendait. [...] On n’aborde vraiment pas ça en étant ultra confiants. On sait ce qu’on a à faire. »

D’abord, le Titan devra démontrer qu’il n’a pas été ébranlé par la raclée de 10-2 infligée dimanche par les Islanders de Charlottetown, son pire revers de la saison et un sixième à ses huit derniers matchs de la campagne.

« C’est sûr qu’on ne voulait pas finir l’année comme ça », regrette Lapierre. « Souvent, t’essaies d’aller chercher quelques victoires pour arriver en confiance dans les séries. Malheureusement, ça n’a pas été notre cas lors du dernier match, mais on tourne la page. »

Le Titan a tout intérêt, car les Mooseheads sont prêts à charger. À commencer par les membres de leur vigoureuse et jeune attaque.

Jordan Dumais – a-t-il encore besoin de présentation? – vient de terminer sa saison de 17 ans au troisième rang des pointeurs avec une récolte de 109 points (39 buts et 70 passes), se faisant bien souvent complice des 42 buts inscrits par Desnoyers. Mathieu Cataford, qui s’est joint à ceux-ci sur le premier trio en fin de saison pour pallier l’absence des vétérans Zachary L’Heureux et Cameron Whynot, a connu la meilleure année pour un joueur de 16 ans chez les Mooseheads depuis Nathan MacKinnon en 2011-2012 grâce à ses 46 points (17 buts, 29 passes). Chez les recrues, son rendement offensif le place au troisième rang derrière Jakub Brabenec (Islanders) et David Spacek (Phoenix), deux joueurs de 18 ans.

« Ils ont de gros noms. Je n’ai pas nécessairement besoin de les mentionner. C’est une équipe avec beaucoup de punch offensif », résume Lapierre.

Avec Riley Kidney, Bennett MacArthur, Miguël Tourigny, Félix Lafrance, Ben Allison, Thomas Belgarde et Lapierre, le Titan a toutefois tout ce qu’il faut pour répliquer coup pour coup, voire même plus. La formation bâtie sur mesure par le directeur général Sylvain Couturier pour soulever la coupe du Président a aussi de quoi résister aux assauts des Mooseheads avec Jan Bednar entre les deux poteaux.

« Je pense que leur goaler, c’est vraiment leur meilleur atout. Va falloir le déranger et être dans sa face durant toute la série », promet Desnoyers.

« On n’a pas le goût de se dire au revoir tout de suite, on veut juste se battre jusqu’à la fin. »