Patrick Roy n'a pas terminé sa réflexion. Mais on sent que le directeur général et entraîneur-chef des Remparts de Québec est encore ébranlé par l'élimination de son club en demi-finale de la Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Le bilan des Remparts a ressemblé davantage à un bilan de Roy, même si le propriétaire, Jacques Tanguay, avait prévenu les médias dès le départ que la réflexion du membre du Temple de la renommée du hockey n'était pas terminée.

Sans surprise, la majeure partie de la période de questions a été passée sur l'avenir de ce dernier et non sur la brillante saison des Remparts, meilleure équipe du circuit Courteau en 2021-2022 avec 51 victoires et 104 points.

Roy a a encore bien du mal à accepter l'élimination de l'équipe qu'il a bâtie « pour aller jusqu'au bout » dans le cinquième et décisif match contre les Cataractes de Shawinigan, la semaine dernière.

« Lorsqu'arrive un moment comme le dernier match, où tu ressens un sentiment d'injustice comme moi, ça devient un moment où tu dois prendre du recul, a-t-il indiqué en conférence de presse. Les gens qui me connaissent devaient s'attendre à ce que j'explose après le match. Peut-être que c'est de la maturité ou de bons conseils. Mais il n'en demeure pas moins que je ne suis pas habitué à garder les choses en dedans de moi. Est-ce que les choses par rapport à l'arbitrage, la COVID-19, vont changer l'année prochaine? Probablement pas. »

« Je ne me souviens pas d'avoir été aussi émotif après une défaite, a poursuivi Roy. Je pense qu'en vieillissant, on accepte peut-être moins l'incompétence, l'injustice. On gère moins bien ça. On réalise ce qu'on veut plus, mais aussi ce qu'on ne veut pas. Même si j'allais dans les détails de l'arbitrage, que je disais qu'avec trois minutes à faire, un de nos joueurs reçoit un coup de hache et qu'au lieu de se retrouver en avantage numérique, on accorde un but en fin de période qui réduit l'écart à 3-2 au lieu de peut-être rentrer au vestiaire à 4-1 et que je suis tanné de voir la ligue gérer au lieu d'arbitrer, ça va changer quoi? »

Une semaine plus tard, Roy avoue encore voir le fil du match en fermant les yeux, ajoutant du même souffle qu'il a « hâte de ne plus le voir ». Il a même parlé d'émotions qu'il n'avait pas vécues au moment d'annoncer sa retraite du hockey professionnel.

Passion

Tanguay a vanté le travail accompli par Roy depuis son retour dans le giron des Remparts, notamment souligné par le titre de directeur général de l'année cette saison. Selon Tanguay, le titre d'entraîneur-chef aurait aussi pu lui revenir. L'équipe assemblée par Roy devrait de nouveau aspirer aux grands honneurs la saison prochaine, un fait qui pèse dans la réflexion de l'ex-no 33.

Une chose est certaine, les différentes ouvertures pour un poste d'entraîneur-chef dans la Ligue nationale ne font pas partie de cette réflexion. Roy ne s'attend d'ailleurs pas à recevoir quelque offre que ce soit.

Il décrochera complètement au cours de la prochaine semaine, qu'il passera en vacances. L'ex-gardien du Canadien de Montréal et de l'Avalanche du Colorado devrait reprendre le collier ensuite pour le repêchage de la LHJMQ et des joueurs européens. Le travail pour ces deux repêchages est suffisamment avancé pour qu'il s'accorde ces quelques jours loin du hockey.

« Diriger, c'est une passion, a souligné Roy. Tu arrives ici à 6h30 le matin; tu repars à quatre heures, quatre heures et demie. Tu embarques dans l'autobus. Tu fais 25 000 km d'autobus. Je suis rendu à 56 ans et je suis dans l'autobus au Cap-Breton pendant que mes chums sont en train de jouer au golf en Floride. Je me demande : ''Cr***! Qu'est-ce que je fais "icitte"?'' On le fait par passion, par amour. »

« Les deux dernières années ont été extrêmement difficiles à gérer au niveau de la COVID-19. Nous avions encore sept ou huit joueurs qui étaient malades avec la grippe ou l'influenza. C'était une gestion constante. C'était lourd, pour les entraîneurs comme pour les joueurs. La COVID-19 a eu beaucoup d'incidence sur beaucoup de personnes. Nous nous considérons chanceux d'avoir pu compléter 30 matchs la saison dernière et d'avoir pu jouer une saison condensée de 68 matchs avec des séries 3-de-5 au lieu de 4-de-7. Mais tout ça fait en sorte qu'à un moment donné, tu as le goût de dire: ''Time out! ''. »

Toutes les options sont néanmoins ouvertes pour Roy: il pourrait demeurer directeur général des Remparts, quitter l'organisation complètement, voire le hockey tout simplement.

« Il faut que je le fasse par passion, sinon je n'aide pas l'équipe », a-t-il répété.

Roy croit cependant que s'il devait quitter l'organisation, il demeurerait impliqué dans le hockey, « à la radio ou la télévision ».

« J'ai hâte que le match disparaisse de ma tête »
« La déception est grande » - Patrick Roy