MONTRÉAL – Soulever la coupe Memorial, ça coûte cher.

Moins d’un an après avoir vu leur capitaine Michaël Bournival lever le trophée à bout de bras en mai 2012, les Cataractes de Shawinigan rataient les séries. Douze mois plus tard, ils y accédaient de peine et de misère en arrachant le dernier billet disponible.

Mais l’an dernier, tout a changé.

Menée par un jeune noyau bourré de talent et de promesses, la troupe de Martin Bernard a en effet effectué un bond de 11 places au classement général et conclu l’année au cinquième échelon. Si bien qu’à l’aube de la prochaine saison, les Cats peuvent se permettre de rêver à nouveau.

« On arrive à un point où la fenêtre d’opportunité s’ouvre à nous, convient Bernard. Est-ce que ce sera cette année? Je ne sais pas. Une chose est sûre, il faut d’abord être un peu chanceux et éviter les blessures, tout en jouant selon notre identité et en faisant fi de toutes les abstractions qu’il peut y avoir autour de nous. »

Élevés au rang d’équipe à battre aux côtés du Phoenix de Sherbrooke et des Foreurs de Val-d’Or, notamment, les Cataractes s’assument et sont prêts à vivre avec ce statut dès jeudi soir, alors qu'ils lanceront la saison du circuit Courteau en rendant visite à l'Océanic de Rimouski.

« La réalité, c’est que la pression que l’on vit cette année n’est pas différente de celle des précédentes saisons : on veut gagner. À mon arrivée (en 2013-2014), on a amorcé l’année avec 11 défaites en ligne. Est-ce qu’il y en avait de la pression? Oui, parce qu’on voulait revenir et faire les séries.  »

« Il faut croire en nous, et c’est le cas, que ce soit le personnel d’entraîneurs ou nous les joueurs », assure le capitaine Anthony Beauvillier.

« On a les atouts pour se rendre loin, mais ça va dépendre de nous, du travail et de notre désir de gagner, renchérit le petit attaquant. On essaie de ne pas trop se mettre de pression avec ça, mais ça reste notre but que de se rendre le plus loin possible. »

Beauvillier, choix de première ronde des Islanders de New York au dernier repêchage (28e au total), sera cette année encore le moteur de ces prétendants en devenir. En attaque, il sera épaulé par les Dennis Yan, Brandon Gignac, Gabriel D’Aoust et compagnie. L’expérience des quatre joueurs de 20 ans de l’organisation – Gabriel Slight, Alex Pawelczyk, Zacahry Taylor et Alexandre Coulombe – sera aussi précieuse, tout comme celle de Samuel Girard, le jeune et flamboyant général de la défense shawiniganaise.

« Notre éthique de travail, c’est l’une de nos marques de commerce. Les gars ne lâchent jamais, ils ont été élevés de cette façon. Je pense qu’on va être électrisant à voir jouer. On est capable de générer beaucoup d’attaque, autant par nos attaquants que nos défenseurs. La relance se fait bien et on joue rapidement. Ça risque d’être du hockey spectaculaire », anticipe Bernard.

Reste à voir si ce punch offensif saura compenser pour l’inexpérience de l’équipe devant le filet.

Ménage à trois

L’ère Marvin Cüpper maintenant terminée, les Cataractes doivent se tourner vers leur jeune relève pour assurer une transition en douceur au poste de gardien. Et histoire de se donner le temps nécessaire pour identifier un digne successeur au portier allemand, qui amorce sa carrière professionnelle avec les Ours de Berlin, Bernard jonglera en début de campagne avec un trio de gardiens formé d’Antoine Samuel, Frédéric Foulem et Mikhail Denisov.

De ceux-ci, seul Samuel dispose d’une certaine expérience dans le circuit Courteau, lui qui a pris part à 11 rencontres avec les Cats la saison dernière. Foulem, qui évoluait l’an passé au sein du réputé programme de Shattuck St. Mary’s, fait quant à lui le pari qu’il peut s’établir dans la LHJMQ après avoir renoncé à une bourse d’études de l’Université Harvard. Gardien de l’année dans la USPHL, Denisov a pour sa part quitté sa Russie natale il y a deux ans pour s’établir aux États-Unis et faire son chemin jusqu’à la LCH.

« Antoine Samuel a une longueur d’avance. Il était derrière Marvin l’an passé et on a remarqué dès son arrivée au camp qu’il gardait les buts avec assurance. Il affichait une certaine prestance devant le filet. C’est sûr qu’au départ, on lui donne la pôle », annonce Bernard, qui dit ne pas nourrir d’inquiétudes à l’idée de lancer la saison sans un partant établi dans la LHJMQ.

« On espère que ce ne sera pas un problème. On espère qu’Antoine va faire le travail et que les deux jeunes vont se développer comme on l’aimerait. C’est la raison pour laquelle on n’a pas fait de transaction, on est confortable et on veut se donner jusqu’à Noël pour voir comment ces gars-là vont performer (sic). »

D’ici là, Bernard a bon espoir que ces jeunes gardiens pourront jouir du support offensif pour bâtir leur confiance respective.  

« Ces dernières années, Marvin nous sauvait certains soirs et nous donnait l’opportunité d’aller chercher des matchs qu’on n’aurait pas nécessairement gagnés. On vit maintenant la situation inverse. Le soir où notre gardien accordera un but douteux ou qu’il livrera une moins bonne performance, ce sera à nous d’aller chercher le but qui fait différence. »

Un but décisif, c’est justement ce qui a manqué aux Cataractes le printemps dernier. Poussés jusqu’en prolongation lors du match no 7 de leur série de premier tour face aux Mooseheads d’Halifax, les Cats ont en effet été devancés par un expert en la matière : Nikolaj Ehlers.

La troupe de Bernard n’a plus à craindre le spectaculaire attaquant danois, lui qui risque de sévir chez les professionnels dès cette année. N’empêche, plus que jamais, les Cataractes s’estiment désormais fins prêts à faire face à une telle menace.

« On affrontait une équipe avec énormément d’expérience en séries, rappelle Bernard.  On a vu que gagner des matchs en saison régulière et en gagner en séries, ce sont deux choses différentes. Depuis leur retour, je sens les gars affamés, ils veulent poursuivre sur la surprise qu’on a causée l’an passé au classement, mais surtout jouer avec constance jusqu’en séries. »

« On a appris à gagner et à perdre l’an passé, confirme Beauvillier. On est vraiment plus conscients de ce qui qu’il y a devant nous. »