SHERBROOKE – Alexander Romanov était pratiquement un inconnu lorsque le Canadien a osé le repêcher en deuxième ronde cet été. Ce statut ne colle plus du tout à la peau du défenseur de 18 ans qui a connu un match très intéressant dans la première confrontation avec la LHJMQ dans le cadre de la Série Canada-Russie.

 

Celui qui joue maintenant dans la KHL cette saison a démontré bien des signes encourageants, sans être très flamboyant, contre un regroupement de l’élite du circuit québécois. Ce périple au Canada lui a notamment permis de discuter avec des dirigeants du Canadien. C’est une bonne nouvelle puisque les contacts ne sont pas évidents avec les espoirs qui évoluent dans la KHL.

 

Ce qui était peut-être encore plus intrigant, c’est que Romanov n’était pas satisfait de sa prestation. Mais avant d'aborder ses commentaires, allons-y d'abord avec un portrait de son jeu, lui qui a bien paru dans un gain de 5 à 1 des Russes. 

 

Deux recruteurs se prononcent à son sujet

 

Allons-y d’abord avec un échantillon des qualités remarquées, par l’auteur de ces lignes, chez Romanov.

 

-Le Russe se démarque avant tout par ses qualités de passeur. Il parvient la plupart du temps à bien repérer un coéquipier et il complète sa remise avec aisance.

 

-Il s’est d’abord assuré de bien s’adapter défensivement, mais il a intégré plus d’attaque dans son jeu au fil de la partie. On pense notamment à une montée jusqu’au filet adverse en troisième période.

 

-Romanov a été employé à la pointe sur la première vague du jeu de puissance russe.

 

-Son coup de patins est bien prometteur même s’il n’est pas un marchand de vitesse.

 

-Grâce à quelques coups d’épaule, il est parvenu à soutirer le disque à quelques adversaires.

 

-Il démontre une belle initiative avec la rondelle, il se comporte comme un meneur de jeu en s’empressant de récupérer des rondelles disponibles pour lui ou un partenaire.

 

Puisque cette partie était disputée devant une panoplie de recruteurs de la LNH, on en a  profité pour sonder deux recruteurs au sujet de Romanov qui a été l’un des joueurs à bien paraître dans son camp.

 

« De ce que j’ai vu jusqu’à présent, il est très solide physiquement, il a un bon gabarit et il se déplace très bien sur la patinoire. Il démontre de belles choses, ça peut devenir un bon choix pour le Canadien », a jugé un dépisteur d’une équipe de l’Est de la LNH.  

 

« Je l’ai vu, lundi, à Oshawa, et c’est un bon défenseur. Je trouve qu’il est très intelligent. Lundi, ça s’est passé un peu trop vite pour lui, mais je crois que c’était plus une question d’adaptation (à la petite patinoire) et il s’est déjà mieux ajusté. »

 

« Il s’est impliqué autant offensivement que défensivement et il ne se débarrasse pas de la rondelle, il cherche toujours à compléter un jeu. Il démontre de bons signes », a décrit un recruteur d’une équipe de l’Ouest.

 

Quelques formations, dont le Canadien et les Jets, étaient représentées par plus d’un employé et on a également aperçu Steve Yzerman dans l’assistance. 

 

Romanov n'était pas satisfait de son match

 

Voici maintenant un petit tour d’horizon de ses déclarations - via un interprète - après cette première partie contre la LHJMQ. 

 

« C’était un bon match pour notre équipe, notre motivation était élevée, mais on était un peu fatigués en raison du court délai de quelques heures entre les deux parties », a admis Romanov.

 

Au point de vue personnel, il ne considère pas que sa soirée a été si convaincante.  

 

« Je trouve que je n’ai rien démontré de spécial, que c’était un match normal. J’ai fait ce que l’entraîneur a demandé et je n’ai pas commis d’erreurs », a évalué le sympathique joueur au visage enfantin.

 

De l’avis de certaines personnes consultées, il s’est mieux tiré d’affaires à Sherbrooke qu’à Oshawa, mais il ne partageait pas cet avis.  

 

« Non, je ne crois pas. Je pense que j’ai mieux joué lundi, on avait eu trois jours de repos entre les deux rencontres », a mentionné le Russe.

 

Le déplacement à  travers le pays se déroule très rapidement, mais l’arrivée au Québec avait un cachet particulier puisqu’il a joué devant plusieurs fidèles du Canadien. A-t-il senti cet intérêt?

 

« À Sarnia, il y a un partisan qui scandait mon nom pendant le match et après le match. Il me supportait personnellement », a raconté Romanov avec un grand sourire d’amusement.

 

Évidemment, l’enjeu de cette série demeure de convaincre les dirigeants de son pays qu’on mérite une place en vue du Championnat mondial junior. À ce propos, l’entraîneur russe, Valery Bragin, préfère nettement miser sur des athlètes de 19 ans.  

 

« Cette série n’est pas encore terminée, mais j’essaie de prouver que je mérite une place », a-t-il réagi.

 

Son autre manière de le faire passe par son jeu dans la KHL à titre de recrue. Jusqu’à présent, il est utilisé près de 10 minutes (9 :51) en moyenne par rencontre. Il a participé à 21 parties sans récolter de point. Son utilisation a grimpé récemment dépassant 14 minutes à deux occasions.  

 

« Le niveau est exigeant dans la KHL parce que les adversaires sont plus expérimentés et ils ont plus d’habiletés. Ici, la patinoire est plus petite ce qui explique que le jeu est plus rapide. Il y a aussi de bons joueurs, dans cette série Canada-Russie, et certains ont de l’expérience dans la LNH », a mentionné Romanov qui a été conseillé par Nikita Nesterov et Mikhail Grigorenko, deux de ses coéquipiers avec le CSKA Moscou qui sont passés par la LNH.

 

La partie la plus amusante de sa rencontre avec les médias est survenue vers la fin quand un confrère lui a demandé ce que son entraîneur avait à lui dire quand ils ont discuté ensemble après la deuxième période.

 

Romanov n’a pas hésité à répondre, mais le traducteur a préféré traduire ses propos du disant que c’était mieux de ne pas révéler la teneur des discussions entre les entraîneurs et les joueurs. La réaction de Romanov voulait tout dire, ce n’était clairement pas ce qu’il venait de mentionner.

 

Mais les deux hommes ont préféré en rire.